Il y a des chansons qui brûlent doucement, d’autres qui submergent dès la première note. ENCORE d’El Mehdi fait les deux. C’est une traversée intérieure, un hymne à nos contradictions, chanté dans un français limpide mais chargé de vertiges. Après avoir secoué les classements MENA avec EL KASS HLOU, l’artiste amorce ici un virage intime et universel, comme un miroir tendu à celles et ceux qui tombent mille fois, et se relèvent encore. La production élégante, les arrangements finement tissés, tout concourt à faire de ce morceau un terrain fragile où la vérité affleure.

Qui est El Mehdi ? Nomade aux racines profondes, né au Maroc, passé par la France et installé au Canada, El Mehdi incarne cette génération sans frontières, à la croisée des cultures et des sons. Son art pop magnétique puise autant dans les rythmes chaabi que dans les textures électro, les élans classiques ou les impulsions Amazigh. Chantant en darija, en français et en anglais, il défie les étiquettes comme il déjoue les attentes. C’est une voix qui ne cherche pas à plaire, mais à faire vibrer ce qui, en nous, n’a pas encore été nommé. Une signature libre, inclusive, brûlante.

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Une confession moderne portée par la voix d’un prince sans royaume

El Mehdi – ENCORE déploie une symbolique profondément humaine, presque mystique, où l’être vacille entre grandeur rêvée et lucidité brutale. La répétition, à la fois rythmique et existentielle, devient ici un motif central : elle illustre l’échec comme un cycle, une spirale douce-amère où les illusions se dissipent sans disparaître. À travers un langage mêlant grandeur déchue et lutte intime, El Mehdi esquisse un autoportrait nu, sans fard, de l’homme faillible, en guerre contre lui-même, conscient de ses limites mais encore accroché à l’idée de dominer ce qu’il ne maîtrise plus.

Ce qui rend cette chanson particulièrement touchante, c’est sa manière d’aborder les émotions comme des entités mouvantes, indomptées, que l’on prétend contrôler sans jamais y parvenir pleinement. ENCORE n’offre pas de rédemption simple : elle parle d’une prise de conscience en tension, celle où l’on accepte enfin de ne pas être un roc inaltérable, mais un être traversé par des tempêtes qu’il a souvent lui-même provoquées. El Mehdi parvient à transformer cette lucidité en art : il ne condamne pas l’erreur, il l’habite, la chante, et nous invite à faire de même — non pour s’en libérer, mais pour apprendre à vivre avec.

Avec ENCORE, El Mehdi livre un titre coup de poing qui épouse autant qu’il secoue. À la fois chant de rupture intérieure et aveu sans filtre, ce morceau en français s’impose comme un moment de bascule pour l’artiste. Derrière sa production ciselée et ses cordes en clair-obscur, il y a un souffle – celui d’un homme qui n’a plus peur d’exposer ses failles, ses cycles d’échecs, sa vérité humaine, encore et encore. Et cette manière de dire l’indicible, sans jamais tomber dans le trop ou le facile, résonne comme un miroir tendu à chacun de nous.