Il y a des voix qui suspendent le temps. Simona-Valentina en fait partie. Originaire d’un petit village de Transylvanie et installée à Londres, l’artiste dévoile enfin Mirrors & Feathers, un premier album aussi envoûtant qu’introspectif. On y retrouve douze titres méticuleusement réenregistrés et masterisés, offrant une plongée baroque-pop-folk à la croisée des années 70 et 90. C’est sublime : la voix, l’univers, la production… tout résonne avec une intensité rare, entre bruissements d’ailes et éclats de miroir. Chaque chanson semble s’extraire d’un rêve lucide, à la fois tendre, douloureux et libérateur. Après avoir chanté enfant, la tête plongée dans un tambour de machine à laver, Simona-Valentina prouve que l’on peut transformer le tumulte en poésie.
Mirrors & Feathers, c’est un voyage au cœur de l’âme de l’artiste. Un premier album intense, bouleversant, délicat et profondément humain. Sa voix nous happe, ses arrangements nous émeuvent, son écriture nous touche. Chaque morceau est un éclat de vie, une confession mise en musique, un fragment d’elle-même. Ce disque n’est pas seulement une collection de chansons : c’est une catharsis.
🎧 Disponible depuis le 6 juin 2025, l’album s’apprête à prendre son envol avec une release party à venir. À suivre si vous aimez les artistes entiers, sincères et habités.
L’album en quelques mots, nos coups de cœur
L’album s’ouvre en douceur sur Love Is Written in The Tears, une ballade émotive où l’artiste dévoile avec délicatesse ses souvenirs d’enfance et la douleur de voir s’éloigner ceux qu’elle aime. Portée par une voix sincère et enveloppante, cette chanson intime évoque le passage du temps, la fragilité des liens familiaux, et ce désir poignant de figer les instants précieux avant qu’ils ne deviennent souvenirs.
Cette chanson nous a séduits, car elle illustre parfaitement l’univers de l’artiste à mi-chemin entre la pop et les influences rock, folk et classique. La Folk n’est jamais très loin et c’est avec justesse qu’elle s’immisce dans Out Of Sea, une œuvre qui rappelle la mer et les chants marins, mais aussi l’Irlande. On sent comme la force d’une ancienne âme émaner des 12 chansons de l’album, dont Whispers pose les valises de l’artiste dans un spleen agréable et rassurant.
Whispers une escapade dans un univers mystique
On a aimé dans cette chanson la puissance émotionnelle et symbolique. Elle nous entraîne dans un monde bouleversé, où l’amour et la souffrance se confondent dans une valse incandescente entre chair, esprit et fin des temps. Les paroles dépeignent un univers en ruine, traversé par des images de ciel en feu, d’os brisés, et de sorts murmurés comme autant de prières désespérées. Chaque mot semble vibrer d’une quête de sens : que vaut le désir dans un monde en miettes ? Où se cache l’issue, sinon dans l’autre ? Le refrain — « rock my soul » — sonne comme un appel viscéral, une invocation à l’extase ou à la délivrance au cœur du chaos, entre fuite du réel et soif d’absolu.
Émotionnellement, la chanson oscille entre détresse brûlante et élans de supplication, sculptant un paysage intérieur fait de mélancolie, de confusion existentielle, et d’un désir féroce de rédemption. Mais au-delà de sa douleur, elle ouvre une brèche mystique. Le lexique évoque les rituels et l’ésotérisme, dessinant une atmosphère quasi-chamanique, suspendue entre visions célestes et tempêtes intimes. La réalité y est mouvante, floutée par les émotions, comme une transe poétique dansante au bord de l’effondrement, où l’on chante pour conjurer l’impossible. Ce travail sur les émotions et la vie dans une autre possibilité à la pensée cartésienne est visible dans l’ensemble des chansons de manière plus ou moins marquée.

Snowflakes Fall offre un imaginaire fort et poétique, ici l’amour et les souvenirs sont décrits à travers la délicatesse des flocons, messagers du passé. Chaque chute de neige évoque une étreinte, un rire, un Noël partagé. Les flocons couvrent doucement l’arme du chagrin, comme pour apaiser la perte. Derrière les chants et les décorations, subsiste la douleur d’un adieu. La neige danse une dernière fois, fragile et belle, gardienne éphémère d’instants figés dans la mémoire.
Dans ses différentes chansons, l’artiste évoque l’amour comme une présence immanente, qui traverse les corps et les souvenirs, et ne s’efface jamais. Il hante à jamais ceux qui l’ont connu, se glisse dans les murmures, dans les éléments de la nature. L’amour bouleverse profondément et ne laisse personne indemne, même après l’absence. Même les papillons peuvent devenir un symbole universel de transformation. Il incarne dans Butterfly le passage de la douleur à l’envol, de la peur à la liberté. Chaque passage évoque la fragilité des débuts (« smiles and bitter cries ») avant l’éclat de la métamorphose (« let color shine »). Apprendre à voler devient une métaphore de l’émancipation : affronter l’inconnu, oser l’amour, bâtir ses rêves « stone by stone ». Comme le papillon, l’âme grandit dans l’épreuve, et s’élève — enfin libre — vers la lumière. Un peu comme pour boucler de manière forte et logique, l’album se clôture sur Time to Fly.
Time to Fly, l’envol comme cri intérieur
Avec Time to Fly se conclut un album sur un souffle à la fois écorché et lumineux. C’est un morceau-révélation, un vertige final où le doute côtoie la détermination. Les paroles s’ouvrent sur une phrase simple et forte : « Mother used to say: Time to Fly » — un conseil transmis comme une bénédiction. Cette chanson parle du passage du temps, de la manière dont les plaies se referment peu à peu, et de la force intérieure qu’on découvre au fil des jours. Le temps devient un allié discret qui nous offre des ailes : pour explorer, apprendre, aimer de nouveau, ou pardonner.
La voix y flotte, presque spectralement, sur des arrangements tantôt éthérés, tantôt Rock. L’ensemble offre un monde comme suspendu dans un moment de bascule. Chaque strophe semble griffonner un fragment d’âme, hésitant entre la chute et le renouveau. Le refrain ne délivre pas, il implose. Time to Fly, c’est le cœur qui explose à force de contenir. Une forme de libération douce et lucide : on ne fuit pas, on s’allège. Il n’y a plus de combat, juste un envol, comme un souffle d’adieu adressé à soi-même. L’ultime page d’un journal intérieur.
Avec Mirrors & Feathers, Simona-Valentina signe un album d’une cohérence rare, porté par une écriture organique et une voix habitée. Chaque titre est une porte entrouverte sur ses blessures, ses visions et ses métamorphoses. On en ressort bousculé, touché, changé. Ce disque n’est pas simplement un projet musical : c’est une offrande. Un miroir tendu à ceux qui ont chuté, aimé, espéré, et qui cherchent encore comment recoudre les plumes brisées. Un souffle d’humanité pure dans un monde trop bruyant.
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