Avec sa reprise de Somebody Else, Estella Dawn ne se contente pas d’interpréter : elle reconstruit. Le morceau culte de The 1975 devient, entre ses mains, un cri silencieux, une mue lente et électrisante. Chaque note semble provenir d’un cœur en reconstruction, chaque silence pèse plus lourd qu’un cri. En mêlant spleen moderne et urgence contenue, Estella transforme une mélodie de perte en un acte de reconquête. Ce n’est plus une chanson de rupture, c’est une carte du deuil amoureux, retracée au scalpel et repeinte avec ses propres couleurs, sombres et lumineuses à la fois.
Née en Nouvelle-Zélande, désormais installée à San Diego, Estella Dawn incarne l’artiste totale : chanteuse, autrice, compositrice et productrice. Avec plus de 8 millions de streams cette année, elle séduit une audience mondiale grâce à des titres aussi intimes que percutants. Naviguant entre pop, soul, rock alternatif et touches hip-hop, elle a su imposer sa patte, aussi libre que viscérale. Présente sur les playlists New Pop Picks, Young & Free et The Drip, Estella trace un chemin singulier : celui d’une pop sans filtre, taillée pour durer.
Une relecture audacieuse de The 1975, entre détachement et reconquête
Estella Dawn signe ici bien plus qu’une simple reprise. Elle transforme Somebody Else en un espace d’introspection intime, traversé de réminiscences et d’orgueil blessé. Sa voix, à la fois douce et profondément consciente, donne à la chanson un relief nouveau : celui d’une douleur qui ne crie pas, mais qui creuse. L’émotion ne vient pas d’un cri de colère, elle naît du silence entre les phrases, du vide laissé par l’autre. On y sent une forme de dignité qui lutte contre le manque, un cœur qui prétend s’en remettre tout en imaginant l’autre dans des bras étrangers. La tension est là, suspendue, comme si le souvenir avait du mal à mourir.
Ce que la chanson met au jour, c’est la façon dont les sentiments survivent même après la rupture, quand l’esprit refuse d’abandonner ce qu’il croyait durable. Le temps qui passe devient alors une sorte de théâtre intérieur où l’on réécrit la scène, encore et encore. Il y a une lucidité douloureuse : la prise de conscience que l’amour ne garantit pas la réciprocité, ni même la décence. Et pourtant, dans cette reprise, ce n’est pas une complainte. C’est une façon personnelle, résolue, de dire qu’on avance tout en saignant un peu. On n’embrasse pas la douleur, on l’apprivoise. Et dans ce processus, l’artiste touche quelque chose de profondément humain : la solitude à deux, l’ironie de l’intimité partagée… avec quelqu’un d’autre.
Somebody Else raconte le tourment intérieur après une rupture, quand l’esprit dit « je ne veux plus de toi » mais que le cœur imagine encore l’autre avec quelqu’un d’autre. C’est une chanson sur le déni, la jalousie et la difficulté à lâcher prise, même quand l’amour est fini. Elle exprime ce moment douloureux où l’on comprend que l’autre est passé à autre chose, mais qu’on reste coincé entre souvenirs et fantasmes, incapable d’oublier ce qu’on n’a pas su retenir.
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Bonus Back To Black
Dans Back to Black, Estella Dawn ne se contente pas d’interpréter un classique : elle le réincarne. Sa voix, grave et tremblante, épouse les fêlures du texte avec une intensité nue, presque brutale. Là où Amy Winehouse livrait un chant de deuil chic et désabusé, Estella choisit l’épuration : une version cinématographique, sombre, où chaque mot semble arraché à la mémoire. Elle met à nu la spirale d’une rupture, celle où l’on retourne vers le néant parce qu’on n’a plus rien d’autre. Une reprise habitée, qui dit l’abandon avec grâce, sans jamais trahir la douleur.
Parce qu’il fallait oser. Reprendre Back to Black sans tomber dans l’imitation est un pari risqué. Estella Dawn le relève avec une sincérité désarmante. Elle ne cherche pas à égaler Amy Winehouse : elle l’écoute, la ressent, puis s’efface pour laisser parler ses propres fantômes. Ce qui fait la force de cette version, c’est sa capacité à faire résonner les mots autrement, à ralentir la chute pour qu’on en sente chaque impact. Là où l’original évoquait une dépendance douce-amère, Estella y insuffle une forme de lucidité amère : aimer n’a pas suffi, mais il reste la voix, comme refuge. Une façon de dire « je vais mal », sans jamais baisser les yeux.
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