The Return, le retour d’Ulysse – Uberto Pasolini s’attaque à un moment particulier de l’histoire gréco-romaine. Avec Ralph Fiennes et Juliette Binoche, on entre dans une réflexion sur l’Homme, la Guerre, le devoir et l’amour. La singularité de ce film réside dans sa manière d’illustrer l’attente, là où les récits habituels nous montrent l’action et le grandiose, portés par des envolés lyriques, ici ce n’est pas le cas. Nous attendons, nous regardons un royaume sur le déclin et des hommes qui veulent croquer dans la pomme du pouvoir. Tout devient prétexte à la confrontation pour troubler l’ennui, mais le poids d’un Ulysse absent rend plus lourd le mythe développé autour de ce chef de famille, de guerre et d’autorité.
The Return, le retour d’Ulysse d’Uberto Pasolini explore les non-dits du mythe fondateur. Porté par Ralph Fiennes et Juliette Binoche, ce drame contemplatif délaisse l’héroïsme flamboyant pour sonder le vide laissé par la guerre et l’absence. Entre dépouillement visuel et puissance intérieure, le film interroge la reconstruction, le pouvoir, et ce qu’il reste d’un homme lorsqu’il rentre chez lui.
Un film d’auteur sur l’après-guerre, le mythe d’Ulysse revisité avec Ralph Fiennes
Le film a quelque chose de percutant dans sa mise à nu du propos, les protagonistes sont souvent en tenue d’Adam, les corps sont constamment montrés dans leur beauté tout comme dans leur dégradation causée par la guerre.
Une photographie brute alternant les grands espaces lumineux et huis-clos sombres. Le rythme est lent et on suit le cheminement de la reconstruction d’un Roi absent. De plus, les décors minimalistes, sans surplus, offrant la confrontation du monde marin et terrien. On a les mers, une forteresse – deux choses infranchissables.

Une réflexion sur la guerre
Le film montre que la guerre est partout et qu’elle ne quitte jamais celui qui l’a vécu ou fait. Le soldat ne revient jamais indemne, il est changé à jamais. Le film propose une discussion sur la guerre dans une forme très théâtralisée. Le retour du héros – le mytheme commun à celui d’un homme revenant chez lui, mais tout a changé et il va chercher à remettre de l’ordre.
On retrouve cette même progression dans Batman Begins, Zorro, Klaus dans The Originals, Robin des bois, Monte-Cristo, Superman Returns. Le film montre que sans figure d’autorité, c’est l’anarchie dans le royaume, les gens changent ou oublient.
Un film d’auteur qui ne cherche pas le merveilleux ni l’émerveillement, il dévoile l’Homme dans ses noirceurs et ses espoirs.
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18 juin 2025 en salle | 1h 58min | Drame, Historique
De Uberto Pasolini |
Par John Collee, Edward Bond
Avec Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Charlie Plummer
Titre original The Return
Un trio qui porte le film – Ralph Fiennes, Juliette Binoche et Marwan Kenzari
Dans ce film, le trio d’acteurs principaux incarne avec une précision troublante la tension sourde qui traverse tout le film. Juliette Binoche, en Pénélope moderne, joue avec l’invisible. Elle parle peu, mais chaque regard, chaque silence devient une déclaration. Elle incarne cette attente usante, ce mélange de loyauté, de fatigue et de peur. Sa présence, tout en retenue, est d’une rare intensité.
Ralph Fiennes, lui, est habité. Son corps parle autant que ses mots. Dans ce rôle d’Ulysse vieilli, abîmé, il impose une aura brute, presque sacrée. Il évoque par moments la gravité d’un Sebastian Roché, avec ce magnétisme mystérieux, comme si le personnage portait une légende trop lourde pour ses épaules. Tout au long du film, on se surprend à douter : est-ce bien lui ? Ou un fantôme ? Un masque ? Cette ambiguïté nourrit la force de sa performance.
Enfin, Marwan Kenzari surprend dans le rôle d’Antinous, l’opposant souvent caricaturé dans les récits traditionnels. Ici, il prend une épaisseur inattendue. À la fois arrogant et vulnérable, il incarne un homme rongé par l’ambition, mais paradoxalement l’un des plus lucides sur l’état du royaume. C’est dans ses contradictions que réside la justesse de son interprétation : il est le méchant, certes, mais aussi celui qui dit tout haut ce que les autres taisent. Il finit par même donner l’impression d’aimer sincèrement, malgré la noirceur de ses ambitions politique.
Un trio intense, pour un drame qui préfère l’ombre à l’éclat, et la tension aux grandes envolées.
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Une réflexion sur “The Return, le retour d’Ulysse : une odyssée intérieure signée Uberto Pasolini”