LILJA INGOLFSDOTTIR arrive à nous emporter dans une histoire ordinaire et universelle. Loveable est le délitement d’une relation, où chacun plante les graines qui mènent à la rupture.
Et si la fin d’une histoire était le début d’un face-à-face avec soi-même ?
Avec Loveable, Lilja Ingolfsdottir sculpte la fragilité ordinaire des sentiments. Derrière la routine conjugale, elle ausculte les fantômes de l’enfance, les silences qui pèsent, et les colères longtemps tues. Un drame doux-amer où l’amour devient un miroir, parfois cassé, mais toujours révélateur.

Un film sur l’amour, le manque, et l’introspection
Loveable ne cherche pas à montrer les choses habituelles de l’amour et des comédies romantiques. On les connait déjà, on les a déjà trop vues. Et c’est peut-être ce choix qui offre une perspective nouvelle à ce drame. En effet, il va traiter de l’ambivalence de l’inconscient : On veut des choses, mais on fait le contraire pour s’autosaboter au quotidien. En soi, nous sommes enfermés dans des schémas répétitifs hérités de nos peurs de l’enfance et celles de l’abandon.
Pourtant, dans le meilleur des mondes, on aimerait tous trouver une histoire où tout irait bien. Mais on ne supporte pas le calme plat dans une relation et cela peut nous conduire inconsciemment à faire mal à l’autre, pour qu’il souffre autant que nous le faisons silencieusement.
Ce film montre le plus difficile, celui d’un travail sur soi : rassurer cet enfant en nous, qui est effrayé et nous pousse à sans cesse rester avec lui, dans le mal.
Deux personnages résumés à deux prénoms symboliques
HELGA GUREN et ODDGEIR THUNE incarne respectivement Maria et Sigmund, des prénoms avec un gros écho symbolique – L’un celui de la mère et l’autre le père de l’étude de l’inconscient, des lapsus. Des personnages incarnant des forces en action, deux pôles qui s’affrontent après s’être trop aimé.
Cette opposition n’a rien d’anodin. Maria porte en elle le poids de la transmission, du soin, du sacrifice – figure mariale, archétype maternel. Sigmund, lui, convoque l’analyse, le refoulement, la rupture froide, presque clinique. Entre les deux, un espace flou où l’intimité devient terrain de projection. En choisissant ces prénoms, volontairement ou non, le film tisse un inconscient collectif qui agit en silence. Cette lecture psychanalytique s’impose comme une seconde bande-son du récit : discrète, mais essentielle.
En quelques mots, Loveable est un film touchant sur l’amour, sur notre peur de l’abandon et aussi le désir de se reconstruire.
Loveable n’est pas un film de rupture : c’est un film sur les cicatrices, sur le choix de panser plutôt que d’oublier, sur le courage de regarder en soi. Helga Guren y brille d’une intensité rare, dans un rôle aussi nu que juste. Lilja Ingolfsdottir signe un premier long métrage profondément humain, qui laisse des traces — comme un miroir qu’on ne referme pas tout à fait.
_______
18 juin 2025 en salle | 1h 41min | Drame
De Lilja Ingolfsdottir |
Par Lilja Ingolfsdottir
Avec Helga Guren, Oddgeir Thune, Marte Magnusdotter Solem
Titre original Elskling
Pour aller plus loin avec Loveable
Comment est née l’idée du film ?
Lilja Ingolfsdottir confie que Loveable est né d’un besoin personnel de compréhension. Pour elle, le cinéma est un moyen de sonder ce qui en nous reste non résolu, de mettre en lumière les douleurs muettes. L’histoire de Maria lui a été inspirée par cette envie de décortiquer la mécanique des relations, au-delà des contes de fées usés par la pop culture. Dès l’écriture, elle voulait que cette rupture devienne une traversée intérieure, une quête de sens plutôt qu’un règlement de comptes.
Le choix du casting ?
Le rôle de Maria a d’abord trouvé sa voix dans un court métrage. Lilja découvre Helga Guren, la contacte, puis travaille avec elle sur un pilote du film. Plusieurs années plus tard, après un nouveau casting, la réalisatrice comprend que Maria, ce sera elle, et personne d’autre. Pour Sigmund, c’est Oddgeir Thune qui s’impose, au terme d’un casting où sa justesse et son absence de célébrité permettent d’incarner un homme réel, sans surjeu ni filtre. La magie du couple à l’écran repose sur leur authenticité.
Comprendre le titre Loveable
Le titre Loveable joue sur l’ambiguïté : être aimable au sens littéral — digne d’être aimé — mais aussi au sens psychologique, comme une question lancinante. Maria doute, s’effondre, se reconstruit, et au fil du récit, se demande si elle peut encore être aimée… ou s’aimer elle-même. Le titre devient alors un miroir, tendre et cruel à la fois. Le film montre combien on veut aimer et être aimé, sans jamais essayer de réparer nos failles intérieures. On cherche dans un autre la complétude, sans jamais y parvenir !
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


Une réflexion sur “Loveable, ou comment naissent les ruptures”