Avignon : quand la comédie de boulevard s’invite sur grand écran


Entre rires et faux-semblants, Avignon de Johann Dionnet ne se contente pas de suivre les rails balisés de la romcom : il s’y engouffre avec tendresse, tout en jouant la carte du théâtre dans ce qu’il a de plus populaire, de plus débrouillard, de plus vivant. Sur les pavés brûlants du Off, le film célèbre l’art du mensonge sincère, les troupes de fortune, les amitiés durables et les petits ratés qui font les grandes émotions. Le tout porté par une distribution en état de grâce et une mise en scène à hauteur de planches.

Avignon – du théâtre aux sentiments, une comédie qui tombe le masque

Dans Avignon, Johann Dionnet réussit un pari audacieux : transposer l’esprit d’une comédie de boulevard sur pellicule, sans en trahir l’âme. Avec Baptiste Lecaplain en tête d’affiche, le film jongle avec les codes de la romcom, du vaudeville, et même du théâtre de troupe, dans une valse de quiproquos délicieusement absurdes. L’écriture, enlevée sans être bavarde, mêle le geste théâtral au tempo cinématographique, et nous offre un regard tendre — mais jamais mièvre — sur les coulisses du spectacle vivant, qu’il soit subventionné ou privé. Le tout, évidemment, se déroule au cœur d’un Avignon en ébullition, entre festivaliers exaltés et répétitions sous tension.

Le charme opère aussi grâce à la troupe réunie autour de Lecaplain : Alison Wheeler, Lyes Salem et consorts composent une galerie de personnages savoureusement bancals, toujours humains, jamais caricaturaux. Leur jeu, généreux et précis, donne à chaque scène cette petite complicité qui transforme une bonne comédie en vraie réussite populaire. On rit, on sourit, et surtout, on y croit. Parce qu’au fond, Avignon, c’est aussi une déclaration d’amour au théâtre — celui des planches et celui du cœur. Et franchement, on passe un vrai bon moment. Un de ceux qui réconcilient avec la comédie française quand elle ose célébrer ses traditions sans les figer.

✨ Mention spéciale à Élisa Erka, révélation inattendue : présence lumineuse, humour ciselé, elle insuffle à chaque scène une fraîcheur irrésistible. Une vraie surprise, à suivre de très près.

Avignon © 2024 Nolita Cinema Marine Danaux
Avignon © 2024 Nolita Cinema Marine Danaux

Du format court au long métrage : une troupe qui grandit sans perdre l’âme

Tout commence avec un court-métrage. Je joue Rodrigue, écrit par Johann Dionnet en 2019, inspiré de ses souvenirs de festivals d’Avignon vécus comme des « mille vies en un mois ». Déjà fort de 40 minutes à sa première version, ce court a connu un beau succès en festival, notamment à l’Alpe d’Huez. De quoi amorcer la transposition au format long sans renier l’esprit initial. Mais ici, il ne s’agissait pas d’étirer artificiellement un scénario : Le réalisateur avait gardé sous le coude des scènes, des personnages, des dialogues — et surtout une envie farouche de rendre hommage au spectacle vivant.

L’adaptation s’est faite avec soin, épaulée par Benoît Graffin et Francis Magnin au scénario, pour développer les ressorts de comédie romantique et renforcer l’équilibre entre satire douce et émotion vraie. La troupe, elle aussi, a grandi sans se dénaturer : Johann s’est battu pour conserver les acteurs du court, notamment Élisa Erka, et a fédéré de nouveaux talents dans un esprit de camaraderie palpable. Répétitions, soirées jeux, dynamiques de groupe… tout a été mis en place pour que les liens à l’écran soient crédibles, vivants, et profondément humains. C’est cette alchimie, patiemment façonnée, qui donne au film sa chaleur. Un film de troupe, au sens noble, où chacun existe — et où l’on sent que derrière la comédie, il y a du vécu, du vrai, du collectif.

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Note : 5 sur 5.

18 juin 2025 en salle | 1h 43min | Comédie
De Johann Dionnet | 
Par Johann Dionnet, Benoît Graffin
Avec Baptiste Lecaplain, Alison Wheeler, Lyes Salem

📸 Voir nos photos de l’avant-première :
👉 Photo 1 – Baptiste Lecaplain & l’équipe du film
👉 Photo 2 – Elisa Erka et le cast réuni

🎶 À écouter dans le film :
La chanson La mère à boire d’Élisa Erka, moment suspendu au cœur de Avignon.


🎭 Autour du film Avignon

🎬 Le film est-il inspiré d’une histoire vraie ?

Oui, en partie. Johann Dionnet s’est directement inspiré de ses propres expériences au Festival d’Avignon. Certains moments, comme la scène du danseur ou les quiproquos liés au théâtre Off, sont tirés de souvenirs vécus — retravaillés, bien sûr, à la sauce comédie romantique.

👥 Pourquoi parle-t-on d’un film de troupe ?

Parce qu’au-delà des têtes d’affiche, Avignon repose sur un esprit collectif très fort. Le réalisateur a tenu à réunir les comédiens du court-métrage original, tout en fédérant de nouveaux venus dans une ambiance de troupe soudée, dès les répétitions. Cette alchimie se ressent dans chaque scène.

🎭 Quel regard le film porte-t-il sur le théâtre populaire ?

Le film assume pleinement son amour du théâtre de boulevard, souvent méprisé à tort. Il montre avec tendresse et autodérision la vitalité du théâtre Off, les contraintes financières, les sacrifices personnels… et l’énergie folle qu’il faut pour faire exister une pièce, même légère.

🎥 Où a été tourné le film ?

Principalement dans les rues d’Avignon pendant l’été, avec quelques scènes captées en conditions réelles lors du festival. Certaines séquences-clés — comme celle du Palais des Papes ou celle du danseur sur la place — ont été tournées sur les lieux mêmes où Johann Dionnet les avait vécues.

🎵 Quelle place tient la musique dans le film ?

Très importante. Le réalisateur souhaitait que certaines chansons résonnent dans l’inconscient collectif du public. La bande originale, signée Sébastien Torregrossa, utilise des cordes pour évoquer le sud. Et une chanson d’Élisa Erka, La mère à boire, ponctue les génériques comme un clin d’œil personnel et poétique.


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