Sauve qui peut : l’hôpital en crise, les soignants à nu


Et si le soin ne se mesurait pas en gestes techniques, mais en regards, en silences, en mots choisis ? Si l’hôpital, derrière ses murs en tension, était aussi une scène où se rejoue chaque jour le théâtre de la condition humaine ? Avec “Sauve qui peut”, Alexe Poukine nous invite à entrer dans les coulisses du soin – là où l’empathie s’apprend, se questionne, et parfois se brise. Entre simulation médicale et théâtre-forum, soignants et soignantes explorent ce qu’il reste de leur humanité face à un système devenu maltraitant.

Sauve qui peut © Singularis Films
Sauve qui peut © Singularis Films

Dans ce documentaire poignant, les soignants rejouent leurs gestes, réécoutent leurs mots et interrogent leur rôle. Un miroir sans fard sur une profession à bout de souffle, où la formation émotionnelle tente de compenser la violence institutionnelle.

Des soignants sous tension ne se soignant plus

Le film met dans plusieurs volets la vie à l’hôpital : la formation des soignants et aussi leur quotidien professionnel sous tension. Le soignant est souvent celui qu’on ignore derrière une fonction, l’investiture et le devoir d’aider, mais qui l’aide lui ? Le film soulève les problématiques de l’hôpital près du précipice du burn out. Celui où personne n’en sort indemne réellement.

Des jeux de rôles, des débats et des questionnements sur cette institution de plus en plus bouleversée par les lois administratives. Un soignant cela soigne, un soignant cela écoute, mais de plus en plus un soignant ça répond à des directives socio-économiques où le social est de plus en plus absent.

Un film témoignage et une alerte

“Sauve qui peut” ne nous prend pas à témoin, il nous fait acteurs. À travers le jeu, la mise en scène, la parole retrouvée, Alexe Poukine donne à voir ce que les statistiques ne diront jamais : la détresse intime des soignants, leur solitude, mais aussi leur courage à ne pas fuir, à se regarder en face, à s’inventer des échappatoires.

Ce film interroge : peut-on encore soigner quand on n’a plus les moyens d’être humain ? Et s’il ne restait plus que l’art, la parole et le collectif pour maintenir vivante l’éthique du soin ?
Une œuvre salutaire. Un électro-choc.


🧩 Genèse du projet : une blessure intime devenue film collectif

Le point de départ de Sauve qui peut est une phrase, brutale, prononcée lors d’une échographie : « Soit j’ai de la merde dans les yeux, soit il est mort. » Ce choc, vécu enceinte de trois mois, a laissé Alexe Poukine sidérée. De cette violence ordinaire est née une réflexion profonde sur la parole médicale, l’autorité hospitalière, et le silence des patients. Après Sans frapper, la cinéaste cherche cette fois à prévenir les blessures plutôt qu’à les constater. C’est une doctoresse, venue la voir après une projection, qui lui parle de la simulation médicale. De centre en centre, elle découvre un outil d’apprentissage puissant, mais aussi les limites d’un système à bout de souffle. Sauve qui peut s’écrit alors, entre lucidité et urgence, sur les marges d’un soin en souffrance.

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Note : 5 sur 5.

4 juin 2025 en salle | 1h 38min | Documentaire
De Alexe Poukine | 
Par Alexe Poukine


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