Né à Malmö entre biberons, pauses-café et confidences de jeunes pères, Egentid est bien plus qu’un simple projet musical : c’est une respiration, une parenthèse arrachée au quotidien, une « propre heure » offerte à la création. Leur folk-pop introspective mêle l’intime et l’universel, entre mélodies dépouillées et textes en clair-obscur. Avec Sail On, titre phare d’un premier album produit au mythique Tambourine Studios, le groupe dévoile une sensibilité pudique, presque suspendue, où les émotions voguent entre solitude et résilience. Porté par l’héritage de pères-musiciens lucides, Egentid transforme les instants volés en éclats d’humanité.

Sail On – L’Art des instants volés

Dans Sail On, Egentid explore une cartographie intérieure floue, presque liquide, où les identités se disloquent entre les chiffres et les silences, comme si l’être humain n’était qu’un reflet passager entre deux marées. La chanson épouse une forme de contemplation douce-amère, où les émotions ne cherchent ni éclat ni drame, mais se dessinent à demi-mots, dans une grisaille volontaire. Cette retenue, ce refus de trancher entre lumière et nuit, offre une sincérité rare : celle des jours flous, des pensées en marge, des âmes qui avancent sans trop savoir si elles fuient ou cherchent.

Ici, la mélancolie n’est pas une fin, mais un état. L’écriture, minimaliste et évocatrice, devient le miroir d’une époque en perte de repères, où le monde et les cœurs sont des pages non lues, brouillons de ce qui aurait pu être. La solitude n’est ni plainte ni gloire, elle est simplement là, “par défaut”, comme un calme familier. Egentid ne dramatise pas : il expose. Et dans cette posture désarmée, il touche au plus juste. “Sail On” devient ainsi une ode discrète à l’errance émotionnelle, à ces existences ni sombres ni lumineuses, mais profondément humaines.

On aime cette atmosphère rappelant la Folk, celle de Dylan ou de Joni Mitchell. Les envolées, les mélodies doudous, celles qui nous font du bien.