Morningless un artiste suisse que l’on avait déjà présenté plusieurs fois est de retour avec un nouveau titre At The End Of The Day. Un peu différent des autres, moins acoustique, moins minimaliste, mais on aime l’émotion et la manière de l’artiste de dévoiler une réalité, la sienne et un peu la vôtre !

Cette chanson explore avec une désarmante lucidité ce moment où l’esprit fatigué tourne en rond, enfermé dans ses propres interrogations. Elle peint le quotidien de ceux qui, avant même d’avoir posé un pied hors du lit, se retrouvent déjà engloutis par le poids de leurs pensées. En personnifiant l’incertitude sous les traits d’un enfant, l’auteur illustre cette idée que nos plus grandes vérités résonnent parfois avec l’innocence cruelle de l’évidence. Ici, l’émotion n’est pas explosive, elle est sourde, rampante, cette lassitude existentielle qui finit par anesthésier l’envie d’agir.

Ce qui frappe, c’est la manière dont la chanson ne cherche jamais à apporter de solution. Elle préfère dévoiler l’absurde beauté de ce combat intérieur : ce besoin viscéral de croire que nos actes comptent, face à cette voix implacable qui murmure que tout est déjà écrit. Les émotions sont ici traitées comme des échos lointains, résonnant dans une pièce vide. La tristesse, la peur, l’espoir même, tout semble se diluer dans une fatalité douce-amère. C’est un portrait subtil de ces journées où l’on avance mécaniquement, à la recherche d’un sens qui ne vient jamais.

Comme dit lors de notre ouverture, notre réalité est importante et cette chanson nous tend un miroir : elle expose ce réflexe quasi obsessionnel de questionner sans relâche, jusqu’à se perdre dans des labyrinthes mentaux. En posant l’idée d’un destin figé, elle révèle surtout la paralysie qu’engendre cette quête de sens permanente. Ce n’est pas tant la fatalité qui enferme le narrateur, mais bien sa propre incapacité à accepter l’incertitude. Et c’est là que réside la force du morceau : il ne dénonce pas, il expose. Avec pudeur et une pointe de résignation poétique, il capture l’essence même des jours sans relief, quand le poids des pourquoi finit par éteindre la lumière des comment.