Sun Way Street nous propose un moment de douceur à la fois entrainant et prenant. Une forme de monde parallèle où le spleen, la nostalgie et le désir se confondent.

Dans Higher Ground, le groupe Sun Way Street façonne un territoire où les émotions sont filtrées par le prisme d’un passé presque irréel, entre nostalgie rêvée et lucidité crue. La chanson évoque une sorte de road trip intérieur, bordé par des souvenirs flous, des regrets murmurés, et un espoir têtu. On ressent une tension constante entre l’immobilisme affectif et le besoin irrépressible de s’élever — comme si l’on portait en soi le poids d’une mémoire altérée, mais encore vibrante, qu’on ne peut ni fuir, ni complètement étreindre. Il y a là ce mélange d’abandon et de volonté, typique des récits où l’émotion n’est pas dite frontalement mais s’infiltre dans les non-dits.

Ce qui touche, c’est cette manière de travailler les sentiments en les laissant respirer, sans surjeu ni mélodrame. La chanson offre un écrin presque vaporeux à des douleurs concrètes, un espace où le fantasme des souvenirs d’« avant » — ceux qu’on idéalise une fois qu’ils sont loin — devient terrain d’élévation. On ne parle pas ici de rédemption flamboyante, mais d’un mouvement plus discret, comme une ascension intérieure que seul l’écho des anciennes douleurs peut provoquer. Higher Ground transforme la mélancolie en moteur, et propose ainsi une forme d’intimité émotionnelle où chacun peut projeter ses fantômes — sans peur de les voir s’effondrer.

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