Aïtone signe ici une prose sincère, sans fard, sublimée par des guitares planantes comme des souvenirs qui refusent de s’éteindre. Une chanson au bord du vide, mais qui choisit encore l’élan. On y sent la fatigue d’un cœur qui a trop marché, trop tôt. Il parle de fragilité, de cet âge mature arrivé avant l’heure, comme un poids porté sur les épaules d’un enfant qui a compris trop vite. Ce n’est pas qu’il se plaint. Non. Il constate. Il raconte.

Une chanson sur les douleurs de l’existence

À travers cette chanson, Aïtone déroule le fil de ses existences passées — au théâtre, dans la réalisation, dans la musique aussi — comme autant de chapitres d’un journal de bord écrit à la lumière d’un plafonnier d’artiste. Il fait le récit de ses vies, sans chercher à les enjoliver. Il y a dans ses mots une mélancolie élégante, une forme de résilience poétique.

Par instants, on sent monter une envie de dire merde à ceux qui abusent. Ceux qui exploitent, qui méprisent, qui jugent sans connaître. Mais le combat n’est pas crié, il est murmuré, car dans sa tête, un brouillard reste vivace. Un de ces brouillards épais qui ne se dissipent pas au lever du soleil. Il se bat, pourtant, Aïtone. Il avance dans les sentiers cabossés de son existence, là où l’on finit parfois par se parler à soi-même pour ne pas devenir fou.

La maturité précoce n’est pas être grand

Il y a, en creux, une dédicace. Aux amis intimes. À la famille. À ceux qui tiennent la main même quand on ne la tend plus. Car au fond, cette chanson parle aussi de ça : de ce lien fragile qui fait qu’on tient encore debout. C’est une chanson sur la différence entre maturité et grandir. Deux notions qu’on confond souvent, mais que lui dissèque avec pudeur. Grandir, c’est biologique. Mûrir, c’est autre chose. C’est souvent douloureux. Et parfois, on mûrit d’un coup, comme un fruit tombé trop tôt.

Aïtone ne cherche pas le tube. Il cherche la vérité. Et ici, il la touche du doigt.