Parfois, la modernité ose flirter avec le passé avec suffisamment d’élégance pour qu’on accepte volontiers l’invitation. C’est le pari, audacieux, mais plutôt prometteur, de Jay Roach, réalisateur à l’humour parfois potache (Austin Powers, Mon beau-père et moi), mais aussi fin stratège (Trumbo, Bombshell), qui s’attaque cette fois à un sacré monument : La Guerre des Rose. Oui, celui-là même, chef-d’œuvre d’ironie noire où l’amour glisse, savonne, et finit par s’effondrer dans les escaliers.

Le scénario, signé Tony McNamara (La Favorite, Pauvres Créatures), annonce la couleur : expectoration acide, dialogues au vitriol, et une danse macabre sous les dorures du quotidien. Le film s’offre un casting cinq étoiles, avec Olivia Colman et Benedict Cumberbatch en chefs de guerre domestique, entourés d’une troupe aussi éclectique que brillante – Andy Samberg, Allison Janney, Kate McKinnon et quelques visages qui n’ont pas l’habitude de faire tapisserie.

Le pitch ? Ivy et Theo, vitrines du bonheur bourgeois, collectionnent succès professionnel et harmonie familiale… en apparence. Mais dès que l’un trébuche et que l’autre s’envole, la machine à rancunes s’emballe. Et ce qui devait être une douce vie à deux vire bientôt à un duel sans merci. Un « Romeo et Juliette » sous acide, sans la poésie, mais avec un mobilier de luxe.

La bande-annonce annonce un bel équilibre entre respect de l’œuvre originale et modernité cinglante. Le genre de comédie dramatique où l’on rit jaune, tout en se disant que, peut-être, il faudrait vérifier l’état de ses propres fondations conjugales…

À surveiller de près, donc, parce que si Jay Roach maîtrise son sujet et que Tony McNamara cisèle ses dialogues comme on taille une pierre précieuse (ou une grenade, au choix), nous pourrions bien tenir là un grand cru de la satire domestique.

Et souvenez-vous : dans une guerre, il n’y a jamais de véritable vainqueur… Surtout quand les projectiles sont des souvenirs heureux.