À deux pas des rames bondées de la gare du Nord, un autre Paris se dévoile. Little Jaffna, premier long-métrage de Lawrence Valin, nous embarque au cœur d’une communauté tamoule trop souvent reléguée à l’ombre. Entre polar nerveux et fresque intimiste, le film scrute l’exil, la mémoire et la survie avec une sincérité brute, loin des clichés et des regards furtifs. Un récit vibrant, tendu comme un fil, où chaque pas résonne du poids des traditions et du murmure d’une ville qui regarde sans voir.

Little Jaffna, c’est Paris vu autrement : un polar brut, vibrant et tendu, qui capte le souffle silencieux d’une communauté invisible.

Little Jaffna, ce n’est pas aussi paisible que l’on pourrait le croire

À l’image de Little Tokyo à Paris, Little Jaffna désigne ce quartier tamoul vibrant niché entre la gare du Nord et La Chapelle. Lawrence Valin y plante son décor pour son film, polar urbain nerveux porté par le regard d’un policier infiltré. Entre traditions séculaires, exil forcé et criminalité rampante, le film ausculte une communauté aussi discrète que méconnue. Inspiré de son vécu, le réalisateur nous offre ici une plongée saisissante dans un Paris rarement donné à voir : tendu, secret, profondément humain.

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Genèse du film singulier porté par un regard clipé

Né du besoin viscéral de donner une voix à une diaspora tamoule quasi absente des écrans, le film s’enracine dans l’histoire familiale et l’exil de Lawrence Valin. Le film épouse une esthétique tendue, brute, presque organique, empruntant aux clips de rap leur urgence et leur rythme.

Dans les rues du Xe arrondissement, saturées de néons et de beats, la caméra capture une communauté qui vit en apnée, sur la corde raide. Ce regard « clipé » traduit la dualité d’un quartier où l’énergie intérieure, palpable, se heurte à l’obligation de rester dans l’ombre, invisible pour survivre. Le film dévoile des familles vivant dans un silence et une discrétion totale. Il ne faut pas faire de vague, car le prix de leur combat est bien plus haut, nous sommes très loin d’une pensée libérale, mais face à une réalité plus complexe : une hybridation silencieuse entre communisme et libéralisme. Ici, l’économie de survie impose d’adopter les armes du capitalisme, non par adhésion, mais par nécessité. Gagner ici, pour soutenir là-bas. Travailler, commercer, parfois risquer, non pour s’élever individuellement, mais pour alimenter un idéal collectif, pour financer un espoir révolutionnaire. Une tension intérieure, presque invisible, entre l’impératif de réussite matérielle et la fidélité à une mémoire de lutte et d’exil.

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Autopsie d’une communauté entre gare du Nord et porte de La Chapelle

Entre la gare du Nord et la porte de La Chapelle, Little Jaffna déploie ses mille visages : épiceries épicées, temples discrets, échoppes d’or éclatant. Lawrence Valin en dresse une autopsie fine et sensible. Ici, la clandestinité et la fidélité aux traditions ancestrales s’entrelacent. Chaque année, le festival de Ganesh fait exploser cette discrétion en un déferlement de couleurs et de musiques, rappelant à la ville la vitalité de cette diaspora. Mais derrière les processions chamarrées, Little Jaffna révèle aussi la fragilité d’existences invisibles, tiraillées entre intégration rêvée et mémoire d’un ailleurs perdu.

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Little Jaffna n’est pas qu’un polar nerveux : c’est un battement de cœur dissimulé sous le bitume parisien, une ode aux sans-visages, aux sans-voix. En filmant cette communauté au plus près de sa peau, Lawrence Valin rappelle que Paris, sous ses lumières, est aussi fait de silences lourds et d’exils têtus. Avec pudeur mais sans fausse pudeur, il signe une œuvre précieuse : un film qui résonne longtemps après la dernière image, comme un écho que la ville aurait tenté d’étouffer… en vain.

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30 avril 2025 en salle | 1h 39min | Policier, Drame
De Lawrence Valin | 
Par Lawrence Valin, Marlène Poste
Avec Lawrence Valin, Puviraj Raveendran, Vela Ramamoorthy