Simon de la montaña, réalisé par Federico Luis, suit Simón, un jeune Argentin de 21 ans, qui cherche à s’intégrer à un groupe de jeunes en situation de handicap dans la Cordillère des Andes. Porté par l’acteur Lorenzo Ferro et une distribution composée majoritairement de personnes concernées, le film brouille les frontières entre normalité et différence. Entre chronique adolescente, drame familial et comédie existentielle, il interroge la notion de capacité humaine et la quête d’appartenance, sans jamais réduire ses personnages à leur handicap.

Le cinéma argentin et la question socio-économique
Simon de la montaña jette un regard frontal sur la manière dont notre société range, étiquette, marginalise les personnes en situation de handicap. En refusant le prisme compatissant ou condescendant, le film s’éloigne des clichés angéliques ou victimaires pour mieux explorer la complexité humaine, sans filtre ni fioritures. Il questionne la binarité confortable du “normal” face au “différent”, et s’attarde sur cette jeunesse à la lisière, en lutte pour exister dans un monde calibré, normé, excluant.
La parole est donnée à ceux qu’on n’entend jamais, et l’interprétation des acteurs concernés vient ancrer le récit dans une vérité brute, sans mise en scène démagogique. C’est aussi un cri discret, mais ferme contre l’état d’urgence culturel que traverse l’Argentine : entre démantèlement des politiques publiques et fragilité des structures artistiques, l’art devient un terrain de résistance.
À travers le parcours de Simón, c’est le droit d’être — tout simplement — qui s’affirme. Celui de vivre hors des cases, sans avoir à s’excuser d’exister.

Notre avis en quelques mots
Un film qui joue sur l’ambivalence et nous plonge dans le doute. On ne sait plus si Simon joue ou s’il est sincère. À force de vouloir profiter du système, de feindre les troubles, il finit par développer et adopter ces troubles. Est-ce une utile tentative ou un état induit par la drogue médicinale ? Une prestation remarquable de Lorenzo Ferro, qui brouille les frontières et sème le doute dans la tête du spectateur.
Simon De La montaña parle de la pauvreté et d’une jeunesse en manque d’opportunité. Voulant vivre, sortir et être heureux, même si cela implique des sacrifices ou des dommages collatéraux. La réalisation est soignée et montre un cadre social difficile où l’ascension n’existe pas sauf dans une montagne écrasante. Une œuvre autant tragique que fragile, car la jeunesse se tient debout face au vent et la chute est parfois violente.
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23 avril 2025 en salle | 1h 38min | Drame
De Federico Luis |
Par Federico Luis, Agustin Toscano
Avec Lorenzo Ferro, Kiara Supini, Pehuén Pedie
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Une réflexion sur “Simon de la montaña, quand le cinéma fait résilience”