Avec Mexico 86, César Díaz ne se contente pas de raconter une histoire individuelle, il nous plonge dans un pan trop souvent occulté de l’Histoire : celui des dictatures militaires en Amérique centrale et des sacrifices humains qu’elles ont entraînés. Par le prisme du destin d’une militante guatémaltèque exilée, tiraillée entre son engagement politique et son rôle de mère, le réalisateur dresse un tableau bouleversant de cette époque marquée par la répression et la violence d’États autoritaires.
Une lecture critique de l’Histoire contemporaine
Le film se distingue par sa dimension didactique, offrant une lecture critique de l’histoire récente. Il met en lumière les conséquences humaines des luttes idéologiques et la manière dont les activistes ont payé de leur vie ou de leur exil leur quête de justice. Mexico 86 révèle ainsi des zones d’ombre que l’Histoire officielle préfère souvent taire : les disparitions forcées, les tortures et les exécutions arbitraires commises au nom de l’anticommunisme, parfois avec le soutien tacite de puissances étrangères.
Mais au-delà du contexte politique, le film frappe par son approche intime, humanisant les luttes révolutionnaires à travers les dilemmes de ses protagonistes. Il nous rappelle que les combats pour la liberté et la justice ont un coût personnel énorme, engendrant des traumatismes transgénérationnels que les sociétés peinent encore à reconnaître. Cette confrontation avec une réalité brutale nous pousse à réfléchir sur notre propre rapport à l’Histoire et à l’information : que savons-nous vraiment des combats qui ont façonné notre époque ?
Pour incarner la militante guatémaltèque, l’actrice française s’est appuyée sur sa propre histoire familiale d’exil, ses parents ayant fui l’Argentine pour la France. Ce rôle a résonné avec son vécu, nourrissant son interprétation d’une dimension intime et engagée. Elle a aussi travaillé en espagnol, renouant avec sa langue maternelle, et s’est imprégnée du contexte historique et politique pour donner corps à la résistance féminine face à l’oppression.
Un film plein de vérités inconfortables
En les révélant, le film nous rappelle que l’oppression et l’injustice ne disparaissent pas avec le temps, mais se perpétuent sous d’autres formes. Un film essentiel, qui force à ouvrir les yeux sur une Histoire que l’on préfère trop souvent ignorer.
Sans jamais céder au pathos, Mexico 86 agit comme un révélateur : il fait remonter à la surface les silences, les deuils invisibles et les résistances effacées. Un devoir de mémoire en creux, où chaque regard, chaque absence, résonne comme une archive sensible. Un film nécessaire, qui interroge les oublis collectifs et éclaire, en filigrane, les persistances d’un monde encore traversé par les mêmes fractures.
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23 avril 2025 en salle | 1h 33min | Drame
De César Díaz |
Par César Díaz
Avec Bérénice Bejo, Matheo Labbe, Leonardo Ortizgris
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Une réflexion sur “Mexico 86, Bérénice Bejo nous offre une prestation bouleversante et pleine de conviction”