Sous le titre Faire impression, ce parcours savamment orchestré dévoile, à travers une cinquantaine de pièces rares, l’émergence de l’affiche comme forme d’art à part entière. De 1902 à nos jours, ce voyage visuel ressuscite les grandes heures d’un médium souvent relégué au simple rôle d’outil promotionnel.
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé consacre une exposition à l’affiche de cinéma. Une révélation, au sens fort du terme.
Faire impression | Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Exposition | Du 11 avril au 27 septembre 2025

Du spectacle à l’étoffe urbaine : naissance d’un langage visuel
Bien avant de s’imprimer dans nos imaginaires, l’affiche s’affichait déjà — spectaculaire, foisonnante, un rien théâtrale. C’est dans les foires et sur les façades des premiers cinémas qu’elle prend son envol, convoquant contes familiers, voyages fantastiques et rires francs pour happer le passant. Dès 1896, les frères Lumière ouvrent la voie, mais c’est Pathé qui, dès 1902, donne à l’affiche sa vraie vocation : faire du film une promesse visuelle. Autour de figures comme Cândido de Faria, Adrien Barrère ou Daniel de Losques, se déploie un Paris vibrant où se croisent caricaturistes, illustrateurs de mode, et même quelques pionnières discrètes, mais déterminantes, comme Berthe Faria ou Éleonore Marche. L’exposition nous entraîne ainsi dans une époque où l’image colle à la ville, épouse ses murs, et accompagne l’ascension des vedettes — de Max Linder à Mistinguett — jusqu’à faire de l’affiche, non plus un simple outil, mais un art à part entière. Une fabrique de rêves, en façade. L’affiche est partout, dans la rue, devant les cirques. Spectaculaire, illustrative et invitant au rêve.

Entre esthétique et stratégie : l’affiche, ce manifeste silencieux
Dès les débuts du cinématographe, l’affiche ne se contente pas d’annoncer : elle suggère, elle intrigue. Pathé, dès 1902, l’élève au rang d’icône urbaine. Dessins stylisés, typographies audacieuses, inspirations puisées dans l’Art nouveau, le cubisme ou la photographie… tout concourt à faire de ces images fixes des promesses d’émotion. Misti, Cândido de Faria, ou encore les anonymes des premiers ateliers y projettent un cinéma rêvé, presque onirique, où chaque regard, chaque décor, chaque ligne parle au cœur. Des croquis préparatoires et extraits de films viennent enrichir l’expérience, soulignant la porosité féconde entre art artisanal et industrie culturelle.
Benjamin Rabier : le dessinateur qui murmure à l’oreille du cinéma
L’exposition redonne également toute sa place à Benjamin Rabier, trop souvent cantonné à son bestiaire illustré. On découvre ici un pionnier au trait vif et expressif, dont les animaux anthropomorphes, pleins de malice, anticipent l’esthétique de la bande dessinée. À rebours du pathos dominant, son humour graphique apporte une fraîcheur inattendue. Face à Méliès ou aux productions plus théâtrales de l’époque, Benjamin Rabier installe une poésie du quotidien, à la fois populaire et novatrice.
🗓 Infos pratiques :
📍 Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, 73 avenue des Gobelins, Paris 13ᵉ
📅 Du 11 avril au 27 septembre 2025 (fermeture estivale partielle)
⏰ Mardi au vendredi de 14h à 19h – Samedi de 11h30 à 19h
🎟 5 € (plein tarif), 3 € (réduit)
🎬 Visites guidées les jeudis, ciné-concerts et micro-colloque le 26 septembre

En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

