Avec Ma p’tite montagne, Yann livre une complainte douce-amère, une lettre d’amour blessée à ce coin de nature qui l’a vu grandir. Autrefois refuge paisible et sauvage, sa montagne s’est muée en produit marketing, sacrifiée sur l’autel du tourisme de masse et du progrès sans âme.

À travers des images teintées de nostalgie – le saucisson « made in China », le roquefort « sans gluten » – il dépeint l’absurdité d’un monde où le terroir se déguise pour plaire aux standards mondialisés. La liberté d’hier a laissé place au luxe d’aujourd’hui, stérile et éphémère. Et comme souvent, lorsque les investisseurs ont fini d’exploiter, ils s’en vont ailleurs, laissant derrière eux usines, friches et cicatrices.

Sa montagne, Yann ne la reconnaît plus. Elle meurt lentement, sous les coups répétés de l’aménagement, du béton, et du mépris écologique. Les saisons elles-mêmes semblent perdre leur logique : « Quand vient l’automne les arbres tombent, quand vient l’hiver la neige vient plus. »

Ce refrain, doux mais implacable, souligne un dérèglement profond, autant climatique qu’humain. L’artiste, loin de juger, demande pardon. À sa montagne. À la nature. À ce monde qu’on croyait éternel, et qu’on abîme à force d’en vouloir toujours plus.

Un morceau engagé, sincère, et terriblement actuel.

Un texte et une mélodie qui rappellent l’esprit de Mickey 3D et leur cri d’alerte dans Respire, chanson phare sur l’urgence écologique. Comme eux, Yann dénonce avec finesse et mélancolie la dégradation de notre planète. Dans le même sillage, Les Cowboys Fringants (Rien) ou AqME (La Fin des Temps) ont aussi chanté la fin d’un monde qu’on assassine à petit feu.

Parler de Nature et de l’urgence à la préserver n’a rien de futile : c’est un acte nécessaire. Car parfois, l’Art se fait sentinelle, boussole morale ou électrochoc salutaire. Il éclaire, émeut, secoue. Il tend un miroir au public, l’invitant à regarder ce qu’il ne veut plus voir : les cicatrices laissées sur une Terre qu’on croyait inépuisable.