Wet Monday, réalisé par Anna Kowalska, est un drame psychologique poignant qui explore les cicatrices invisibles laissées par le viol à travers une symbolique riche et troublante. Ancré dans la tradition polonaise de Śmigus-Dyngus (Wet Monday en anglais), une fête printanière où l’eau symbolise purification et renouveau. Le film détourne cette coutume festive pour en faire un espace de confrontation avec le traumatisme. Porté par la performance troublante de Julia Polaczek, qui incarne Klara, une jeune femme hantée par son passé, le récit plonge dans les méandres de la dissociation psychologique et de la quête de résilience. À travers l’usage ambivalent de l’eau et un alter ego fantomatique révélant une scission intérieure, Wet Monday interroge avec intensité les liens entre mémoire collective, douleur individuelle et tentative de renaissance.
Comment le film utilise les symboliques pour dévoiler les traumatismes d’un viol ?
Le film Wet Monday utilise des symboliques puissantes pour explorer les traumatismes du viol. L’eau, omniprésente dans le récit, devient un symbole de purification et de renaissance, mais aussi une source d’angoisse pour Klara, l’héroïne. Sa phobie de l’eau, survenue après son agression lors de la fête traditionnelle de Wet Monday, reflète son incapacité à se libérer du traumatisme. Les rituels ésotériques qu’elle entreprend avec Diana traduisent une quête désespérée de guérison et d’empathie. L’eau, qui devrait laver et apaiser, devient ici un rappel constant de la violence subie, transformant une tradition festive en un espace de confrontation avec la douleur.

Une héroïne en proie à une dissociation
Le jeu de Julia Polaczek, interprétant Klara, est à la fois troublant et dérangeant. Son excès apparent dans certaines scènes traduit le malaise profond et la dissociation psychologique provoqués par le traumatisme. L’alter ego fantomatique qu’elle incarne évoque une scission intérieure entre la jeune fille qu’elle était avant l’agression et celle qu’elle est devenue. Cette performance met en lumière la difficulté d’exprimer des émotions complexes comme la honte et la peur tout en restant crédible. Ce choix artistique audacieux illustre comment le cinéma peut capturer les nuances psychologiques d’une victime en quête de résilience.
Le Wet Monday Polonais et la symbolique de l’eau dans le film
La fête traditionnelle de Wet Monday, ou Śmigus-Dyngus, est ancrée dans des rituels païens célébrant le printemps et la fertilité. L’eau y symbolise purification et renouveau, mais dans le film, elle devient ambivalente : à la fois vecteur de guérison et rappel brutal du traumatisme. Cette dualité reflète l’ironie tragique d’une tradition joyeuse transformée en déclencheur traumatique pour Klara. Comme dans beaucoup de film de genre, c’est le détournement d’une tradition qui permet de créer quelque chose de nouveau. Ici, cette coutume festive interroge les liens entre mémoire collective et souffrance individuelle. Passant d’une symbolique religieuse à un rappel des traumas de l’héroïne.
De nos jours, le Śmigus-Dyngus est une tradition polonaise célébrée le lundi de Pâques, où l’on asperge d’eau famille et amis, autrefois en signe de purification et de renouveau. Jadis associé à des rites printaniers et agricoles, il est devenu une fête joyeuse aux batailles d’eau généralisées, y compris dans certaines communautés polonaises aux États-Unis.

Notre avis en quelques mots :
Une bande son incroyable, la part fantastique est intéressante, mais ne mène nulle part et on sent les limites économiques du film, même si au-delà des scènes simples dans la technicité et pourtant pleines de symboles.
Un film sur l’adolescence et la rébellion. Le jeu de l’actrice séduit autant qu’il peut déranger. Globalement, Wet Monday séduit et agace en même temps. Les différentes symboliques utilisées sont fortes et parfois glaçantes, on n’a jamais aussi bien montré à l’écran les conséquences d’un traumatisme que par cette dissociation et cette phobie de l’eau. Wet Monday reste un film d’auteur qui gagnerait à assumer sa part de surnaturel, mais parfois, les blessures et les traumatismes suffisent amplement pour dévaster tout sur leur passage.
Wet Monday fascine autant qu’il dérange, transformant une tradition festive en un miroir des blessures invisibles. Entre symbolisme glaçant et jeu troublant de Julia Polaczek, le film capte l’essence du traumatisme avec une justesse troublante. Malgré ses limites, il marque par sa puissance évocatrice et sa profondeur psychologique.
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2 avril 2025 en salle | 1h 27min | Drame, Fantastique
De Justyna Mytnik |
Par Monika Dembinska, Rosanna Hall
Avec Nel Kaczmarek, Weronika Kozakowska, Julia Polaczek
Titre original Lany poniedzialek
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Une réflexion sur “Wet Monday – Au-delà des symboles et des cicatrices d’un viol.”