Avec Cecelia, Tea Eater trace son sillon dans un rock tourmenté et déjanté, où l’énergie brute se conjugue à une ironie mordante. Mené par Tarra Thiessen, le groupe new-yorkais insuffle à ses compositions une tension presque théâtrale, oscillant entre chaos contrôlé et mélodies entêtantes. Ce nouveau titre, extrait de leur album I Don’t Believe in Bad Luck, illustre parfaitement cette dualité : un riff nerveux, une rythmique explosive et une voix qui alterne entre fureur et détachement cynique. On y retrouve ce goût du storytelling acide, où le personnage de Cecelia devient le point focal d’une réflexion sur les projections et les non-dits des relations humaines.

Loin de se contenter d’une simple déferlante sonore, Tea Eater donne à Cecelia une dimension quasi-cinématographique, où le punk-rock se pare d’une urgence viscérale. Entre influences garage, no wave et punk arty, le morceau joue sur des ruptures de rythme et des variations d’intensité qui renforcent cette impression d’instabilité maîtrisée. La production, signée Vanessa Silberman et Jasno Swarez, préserve cette sensation d’immédiateté tout en sculptant un son abrasif et immersif. À travers Cecelia, le groupe démontre une fois de plus sa capacité à détourner des archétypes et à les recontextualiser dans un univers où l’absurde et le réel se percutent sans concession.

Avec I Don’t Believe in Bad Luck, Tea Eater brouille les pistes, explorant les méandres de l’identité et du hasard avec un humour noir assumé. Cecelia s’impose comme un hymne désinvolte à ceux qui deviennent les méchants malgré eux, que ce soit par choix ou par fatalité. En s’appuyant sur un rock sauvage et imprévisible, le groupe de Brooklyn maîtrise l’art du désordre aussi bien dans ses textes que dans son énergie scénique. Impossible de rester indifférent face à la tornade Tea Eater.