Avec Songe, le réalisateur palestinien Rashid Masharawi nous offre un film à la fois poétique et profondément ancré dans la réalité du peuple palestinien. À travers le regard d’un enfant en quête de son pigeon disparu, le film explore des thèmes universels tels que l’espoir, la mémoire et la résilience.
Un voyage initiatique à travers la Palestine – Une quête dépassant la simple recherche d’un pigeon
L’histoire suit Sami, un adolescent de 12 ans vivant dans un camp de réfugiés près du mur de séparation. Lorsque son pigeon voyageur disparaît, il est persuadé que l’oiseau a retrouvé son lieu d’origine et décide de partir à sa recherche. Ce périple l’amène à franchir la ligne « verte », à traverser Jérusalem et Haïfa, et à rencontrer d’autres Palestiniens, chacun porteur d’une histoire de lutte et d’exil.
Ce qui commence comme une aventure enfantine devient rapidement une odyssée initiatique, où chaque rencontre et chaque paysage dévoilent une nouvelle facette de la condition palestinienne. Songe adopte un ton métaphorique et contemplatif, où le pigeon symbolise à la fois la liberté, la mémoire et l’espoir.

Un film ancré dans l’engagement de Rashid Masharawi
Né en 1962 dans un camp de réfugiés à Gaza, le réalisateur consacre sa carrière à donner une voix aux Palestiniens à travers le cinéma. Depuis plus de 30 ans, il forme de jeunes réalisateurs et documente la réalité de son peuple sous occupation militaire. Avec Songe, il poursuit cette mission en racontant une histoire où l’intime rejoint le politique, où la poésie des images se heurte à la dureté du quotidien.
Le film s’inscrit dans la continuité de ses précédentes œuvres, qui abordent des thèmes récurrents : l’identité palestinienne, la vie dans les camps et la quête de liberté.
Le film s’inscrit dans la lignée des films précédents du réalisateur, qui a toujours cherché à témoigner de la réalité palestinienne sous occupation. Depuis Haïfa (1996) jusqu’à Lettres de Palestine (2011), son cinéma est marqué par une volonté de montrer les blessures d’un peuple privé de souveraineté. Mettant en lumière un pays traumatisé par l’apartheid, où les Palestiniens sont soumis à des lois et des restrictions qui les isolent et limitent leur liberté. À travers le regard de Sami, Songe poursuit cette exploration de l’identité palestinienne, du quotidien dans les camps de réfugiés, et du combat permanent pour un meilleur avenir.
Masharawi ne se contente pas de documenter l’oppression, il cherche aussi à montrer l’espoir et la résilience de son peuple. L’errance de Sami devient ainsi une métaphore du parcours de tout un peuple en quête de dignité et de reconnaissance, où l’envol du pigeon symbolise un rêve de liberté qui transcende les murs et les frontières.

La métaphore du pigeon : un symbole fort de liberté et d’enfermement
Dans Songe, le pigeon voyageur devient une métaphore puissante. Libre de traverser les frontières, il incarne l’espoir d’un peuple confiné, contraint à l’enfermement et à l’exil. Son vol contraste avec le destin des personnages, et particulièrement avec celui de Sami, dont le désir de retrouver son oiseau cache une aspiration plus profonde : celle de la liberté et du lien avec un être cher en prison.
Le film joue sur les paradoxes :
🔹 Un enfant cherchant son pigeon dans un pays où les déplacements sont entravés.
🔹 Un oiseau qui voyage sans entrave, alors que les hommes sont enfermés derrière des murs.
🔹 Un espoir fragile, symbolisé par un simple animal, dans un contexte de violence et de séparation forcée.
🔹 On a une séquence illustrant réellement la force de l’imagerie du réalisateur, celle où l’on voit des personnes boire un café/thé en terrasse, puis retourner dans un monde de contrôle et de privation des libertés. À ce moment précis, on a l’impression qu’on a changé de pays, mais en réalité non. Nous sommes en Palestine, un pays de ségrégation et de guerre. Où tout semble constamment instable et conflictuel.
Bien que le film souligne à quel point la communication est un enjeu essentiel pour les Palestiniens, privés du droit de circuler librement. Ils vivent dans un espoir de liberté, un simple moment d’évasion n’a pas de prix.
Songe sera projeté en avant-première dans plusieurs lieux en France comme la Bretagne le 30 Mars 2025... Rashid Masharawi nous offre avec Songe un conte moderne, à la fois doux et bouleversant, où l’innocence de l’enfance croise la brutalité du monde adulte. Un film à découvrir absolument, pour son poids symbolique et sa poésie visuelle.
SONGE : Un voyage poétique au cœur de la Palestine. Un enfant, un pigeon disparu, une quête qui dépasse les frontières. Avec Songe, Rashid Masharawi nous plonge dans un récit poignant où l’innocence de l’enfance rencontre la dure réalité d’un peuple en exil. Un film à la fois intime et universel porté par une mise en scène forte et symbolique.Une métaphore de la liberté et de l’enfermement.
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2 avril 2025 en salle | 1h 19min | Drame
De Rashid Masharawi |
Par Rashid Masharawi
Avec Ashraf Barhom, Aseel Abu Ayyash, Emilia Al Massou
Titre original Passing Dreams
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Une réflexion sur “Songe : Une belle fable ou parabole sur la liberté”