L’auteur de l’essai Les Damnés de la Terre à travers le regard de Jean-Claude Barny. Le film est un biopic remarquable et bouleversant sur une psychiatrie intégrative et transculturelle. Elle ne détruit pas l’être, mais l’encourage à s’exprimer.
Plongée bouleversante dans l’héritage de Frantz Fanon, psychiatre et penseur révolutionnaire, Fanon de Jean-Claude Barny nous transporte au cœur de son engagement. À travers son regard, la psychiatrie coloniale est déconstruite, laissant place à une approche humaine et intégrative. Comment guérir quand l’oppression enferme l’esprit ? Quelle place pour la révolte dans la quête de liberté ?
Avec Alexandre Bouyer, Déborah François, Stanislas Merhar, ce biopic coup de poing nous fait ressentir chaque lutte, chaque fracture, chaque espoir.
Frantz Fanon à la croisée de la psychanalyse et l’ethnopsychiatrie
Frantz Fanon explore l’impact du colonialisme sur la santé mentale, montrant qu’il provoque des traumatismes, de la dépression et des troubles paranoïaques, aussi bien chez les colonisés que chez les colonisateurs. Il s’appuie sur la psychanalyse pour expliquer comment le regard du colonisateur enferme le Noir dans une identité imposée, créant un profond mal-être et une quête de reconnaissance impossible. Il voit dans la violence révolutionnaire un moyen de briser cette aliénation et de reconstruire une identité libre. Le film dévoile avec intensité son combat en tant que Psychiatre en Algérie, il critique la psychiatrie coloniale et défend une approche plus humaine, prenant en compte les réalités sociales et politiques. Son travail mêle psychanalyse et engagement anticolonial.
Le réalisateur montre comment Fanon veut intégrer le malade dans le processus thérapeutique : l’activité physique socialise et régule. Son objectif est de changer le traitement psychiatrique des noirs africains qui exigeait un enfermement strict sans contact. Nous sommes dans une psychiatrie coloniale ressemblant à l’ère pré-Pinel.

Il veut redonner la liberté et mettre la place à l’égalité dans la prise en charge des patients, qu’importe sa couleur de peau ou son origine sociale.
Le film est percutant dans sa manière à mettre en image le combat de Frantz Fanon. Il cite plusieurs passages de son dernier ouvrage. Il montre combien le colon est fasciné par le colonisé et vice-versa. Chacun envie l’autre, mais le colonisé est sans cesse réduit à un racisme social, génétique et intellectuel, usant de terme du monde des animaux, afin d’induire progressivement un sentiment d’infériorité et de culpabilité.
L’autre force du film, son casting
Déborah François, Alexandre Bouyer, Arthur Dupont, Salomé Partouche ou encore Stanislas Merhar, offrent le meilleur de leur talent.
Deborah François incarne avec brio l’épouse de Frantz Fanon, Alexandre Bouyer possède une présence à l’écran qui emporte tout. Quant à Arthur Dupont, que l’on a pu découvrir dans Les petits meurtres d’Agatha Christie, il offre des instants plus légers dans un film où la tension est sans cesse en surrégime.

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2 avril 2025 en salle | 2h 13min | Biopic
De Jean-Claude Barny |
Par Philippe Bernard, Jean-Claude Barny
Avec Alexandre Bouyer, Déborah François, Stanislas Merhar
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2 réflexions sur “Fanon, la psychiatrie et le colonialisme”