The Grill d’Alonso Ruizpalacios est un vrai drame qui dévoile avec intelligence et subtilité les aspects socio-économiques des métiers de la restauration. Un secteur sous tension à l’image de ces métropoles. Pour Manhattan, Paris et ses banlieues, on estime environ qu’il y aurait environ 23% des travailleurs issus de l’immigration.

Un film sur les contrastes entre ce qui est montré et ce qui se passe dans les coulisses d’un restaurant

Un film qui joue sur les contrats et restituant le quotidien d’un restaurant en se focalisant sur la cuisine, ce lieu où tout s’opère pour offrir à chaque service quelque chose d’intense au service du client. On découvre les petites mains, la précarité et tous ces travailleurs immigrés, bien souvent ayant triché pour obtenir un faux numéro de sécurité social.

Les contrastes du film sont principalement sur les différences entre la cuisine et la salle. L’une en ébullition et l’autre dans le calme, rien ne doit paraitre et montrer ce qui se cache derrière les portes. Au sein des différentes brigades, on voit beaucoup de tension entre les différents employés, souligné par les différentes langues parlées, montrant l’aspect cosmopolite de Manhattan. Le film montre aussi comment les états-uniens pensent être les vrais américains, oubliant que ce terme désigne un continent, voir un sous-continent, oubliant que les personnes venant d’Amérique latine ont également le droit de se revendiquer américain. Une forme d’Ethnocentrisme qui reste très ambiguë durant tout le film, car de séquence en séquence les rapports entre les natifs états-uniens et les latinos changent tantôt amicale, tantôt agressif.

Les contrastes entre les pauses et le rush

Durant la pause, tout le monde est calme, reprend une seconde vie et la laisse au moment de revêtir son tablier, entrer dans une cuisine consiste à entrer dans un monde à cent à l’heure, régit par la pression. En entrant dans ce film choral qui permet de découvrir la vie après le rush, on découvre la précarité et le quotidien sombre de ces employés.

La part de la fiction est pourtant bien réel, en véritable écho avec notre actualité mondiale. Plusieurs politiques de réduction du taux d’immigration non intellectuelle émergent. Tout en oubliant que derrière cela une grande partie des métiers de la restauration, de la livraison ou encore du bâtiment fonctionne grâce à ces employés venus trouver la survivance dans un autre pays. Ces derniers jours en France, les différents responsables des conventions inter branches ont lancé le signal d’alarme, pointant plusieurs métiers en perte de vitesse pour le recrutement : les couvreurs en Ile-de-France, les géomètres en Bretagne et Normandie… Bien souvent des métiers manuels ou avec des conditions de travail difficiles. La restauration en fait partie et depuis la pandémie de la Covid-19, nombreux professionnels ont changé le regard sur la profession imposant d’avoir plus de journée de repos et des horaires moins tendus.

L’origine du projet du film THE GRILL

Le projet du film trouve son origine dans la volonté du réalisateur Alonso Ruizpalacios d’explorer l’univers frénétique et intense des cuisines de restaurant. S’inspirant probablement de son expérience personnelle ou de ses observations, le cinéaste a choisi de situer son récit dans un établissement animé de Manhattan, le Grill, qui devient le microcosme d’une société en ébullition.

Ce choix de cadre n’est pas anodin, car il permet au réalisateur de créer un huis clos propice à l’exploration des tensions sociales et des relations humaines sous pression. En focalisant l’action sur le « coup de feu » dans la cuisine, le réalisateur met en scène un moment de vérité où les personnalités se révèlent et les conflits éclatent. L’intrigue du vol d’argent dans la caisse ajoute une couche de suspense et de tension, transformant ce qui aurait pu être un simple drame culinaire en un thriller psychologique captivant.

Un film multilingue

THE GRILL a une réelle dimension internationale, reflétant la réalité cosmopolite de nombreuses cuisines de restaurants, en particulier à New York, où des personnes de diverses origines se côtoient quotidiennement.

La diversité linguistique souligne les différences culturelles et les défis de communication au sein de l’équipe du restaurant. Elle ajoute une couche de complexité aux interactions entre les personnages, renforçant l’authenticité de l’environnement représenté. De plus, cette approche multilingue permet au film de toucher un public international plus large, en résonnant avec les expériences de spectateurs de différentes origines. Du moins, si on accepte de regarder ce film pour ce qu’il cherche à montrer.

Un casting royal

Le casting est indéniablement prestigieux, avec Rooney Mara en tête d’affiche. Connue pour ses performances intenses et nuancées dans des films comme « Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes » et « Carol », Mara apporte sans doute une profondeur considérable à son personnage de Julia, la serveuse. Son talent pour exprimer des émotions complexes avec subtilité sera probablement mis à profit dans ce rôle qui semble mêler séduction et suspicion.

Face à elle, Raúl Briones, dans le rôle de Pedro, le cuisinier rebelle, promet une performance tout aussi captivante. Bien que moins connu internationalement que Rooney Mara, Raúl Briones est un acteur mexicain talentueux qui arrive à insuffler beaucoup dans ce personnage passionné et rebelle. La dynamique entre les deux comédiens offre belle une alchimie à l’écran, permettant de montrer qu’il peut naitre de l’amour au milieu du chaos de la cuisine.

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2 avril 2025 en salle | 2h 20min | Drame
De Alonso Ruizpalacios | 
Par Alonso Ruizpalacios
Avec Raúl Briones, Rooney Mara, Anna Diaz
Titre original La Cocina