Le film Reine mère de Manele Labidi puise son inspiration dans les souvenirs personnels de la réalisatrice, tout en allant au-delà de la simple autobiographie. Elle décrit son œuvre comme une « réinvention poétique » de son enfance, s’inspirant du concept de « biomythographie » d’Audre Lorde.
Rendre vivant le passé à travers une figure historique, Charles Martel
Un élément central du film est l’apparition de Charles Martel en tant que personnage imaginaire. Né d’un souvenir d’enfance lié à une leçon d’histoire sur la bataille de Poitiers, cette figure historique, initialement perçue comme un ennemi, se transforme en ami imaginaire. Cette transformation illustre la complexité des mythes historiques et leur impact sur notre identité.
Pour mieux comprendre Charles Martel, la réalisatrice a consulté l’historien William Blanc, spécialiste de cette figure. Leurs échanges ont révélé la nature complexe et mythique de Charles Martel, enrichissant ainsi la trame narrative du film. La réalisatrice établit également un lien thématique avec son précédent film Un divan à Tunis, expliquant que si ce dernier plaçait la France hors champ, Reine mère met en scène une famille cherchant sa place dans une France au premier plan. La France qui accueille des personnes de plusieurs culture et qui a écrit l’Histoire en prenant soin de la faire coïncider avec ses valeurs et orientation politique. On dit souvent que l’Histoire est écrite par les vainqueurs.

Notre avis sur Reine Mère de Manele Labidi
Ce film est une comédie dramatique franco-belge se déroulant au début des années 90. Le film suit Amel, une mère de famille haute en couleur, et sa famille alors qu’ils font face à la menace de perdre leur appartement. L’intrigue se complique lorsque Mouna, la fille aînée, commence à avoir des visions de Charles Martel après une leçon d’histoire. Avec Camélia Jordana dans le rôle principal, le film mêle habilement comédie sociale et satire, abordant des thèmes tels que l’identité, l’héritage culturel et les inégalités sociales.
Le film traite avec humour et aussi tendresse les questions que peuvent se poser un enfant/ado face à la découverte du passé de son pays d’adoption et de ses ancêtres.
L’humour est bien dosé, les acteurs sont excellents tant dans le rôle des parents que de la jeune héroïne.
Comprendre son histoire et celle d’un Pays
La question des arabes à Poitiers arrêtés par Charles Martel sonne paradoxale comme le souligne la mère, expliquant que c’était principalement des soldats musulmans originaires du Maroc qui participèrent à cette bataille, en somme des berbères. Avec cette simple scène, le film souligne l’importance de raisonner en histoire et de ne pas répéter simplement des faits sans essayer de les comprendre en les recontextualisant.

Même si on a trouvé mignon ce film, on trouve qu’il manque quelque chose dans le récit qui le rendrait plus solide, on ne sait pas vraiment ce que c’est. À réfléchir, à moindre que ce soit volontaire, pour montrer combien notre histoire peut se construire sur des manques d’informations dont on finit par s’accommoder pour broder au mieux le récit.
Manele Labidi offre un regard neuf et fantasque sur le cinéma social, remettant en question les stéréotypes et explorant la complexité de l’identité dans la France contemporaine. Le film, bien que léger et amusant, invite à réfléchir sur la manière dont notre histoire personnelle et collective se construit, souvent à partir de fragments d’informations que nous apprenons à accepter et à intégrer dans notre récit.
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12 mars 2025 en salle | 1h 33min | Drame
De Manele Labidi |
Par Manele Labidi
Avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard
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Une réflexion sur “Reine Mère – une satire sociale sur l’identité et les inégalités en France”