Naylor Stone dévoile son premier projet solo avec The Game of They, un EP qui marque une prise de risque audacieuse et une exploration sincère de son univers musical. Puisant dans des influences variées allant du rock au jazz, en passant par le blues et la country, il sculpte un son à la fois brut et raffiné. Son timbre unique, empreint d’une énergie brute et d’une sensibilité authentique, porte des mélodies vocales captivantes qui résonnent avec force. Inspiré par l’attitude rebelle de la génération X, Naylor Stone navigue entre introspection et observation du monde, traduisant en musique les défis d’une vie forgée par le travail et les liens familiaux.

Une esthétique à cheval entre plusieurs mondes

L’esthétique sonore de The Game of They séduit par son équilibre parfait entre modernité et respect des racines musicales. Chaque titre semble conçu comme une pièce d’un puzzle, assemblant des textures organiques et des arrangements subtils qui renforcent l’intensité de son interprétation. Il y a une audace dans la simplicité, une richesse dans l’épure, une authenticité qui touche en plein cœur. Naylor Stone ne cherche pas à plaire à tout prix, il impose son style avec une évidence désarmante, et c’est précisément cette liberté qui rend son projet si marquant. Nous allons parler des titres qui nous ont les plus marqué parmi les 6 chansons composant cet EP.

Notre coup de coeur : If It Wasn’t for the trees

L’EP s’ouvre sur cette chanson, If It Wasn’t for the trees. Un phrasé proche de celui de David Bowie. A travers son texte, on exprime une détresse diffuse à travers des images surréalistes et une répétition hypnotique. L’eau, le thé, la poussière et la rouille évoquent une existence stagnante, marquée par la corrosion du temps et l’impuissance face à un poids invisible. L’obsession pour les arbres symbolise une barrière insurmontable entre l’individu et une liberté illusoire. La présence de voix extérieures, à travers des questions et des lamentations accentue un sentiment d’isolement et d’incompréhension. Malgré une élévation apparente dans le dernier couplet, le regard demeure prisonnier d’un horizon figé. On a même quelque chose de proche du théâtre tragique grec, avec un choeur qui s’écrit No No No, mais prenant aussi la place de la raison.

Elle vient contredire une illusion ou une tentative d’évasion. Alors que le protagoniste semble osciller entre rêve et réalité, entre désir de faire tomber des obstacles et contemplation impuissante, cette voix tranche net avec un refus abrupt. Elle symbolise un retour brutal à la réalité, une mise en garde contre une pensée erronée ou un espoir vain. C’est un contraste fort avec le refrain répétitif et presque incantatoire, renforçant l’idée d’une lutte intérieure entre l’illusion et la lucidité.

Cette chanson est vraiment celle qui possède un travail de réalisation beaucoup plus poussé. La chanson suivante The Game of They sonne beaucoup prises-studio en live. Cette chanson exprime une profonde détresse face à une oppression collective symbolisée par They. L’artiste rejette les injonctions d’un système imposé, marqué par la peur et la fatalité. L’alternance entre rejet et quête d’un refuge traduit un sentiment d’isolement, mais aussi une volonté farouche de se libérer. Le simple fait de formuler l’idée des autres sous la forme de They montre déjà acte de rébellion contre l’absurde !

In the Meantime : Une chanson existentialiste et réaliste !

Si on devait donner un autre coup de cœur, ce serait In The Meantime. Cette chanson exprime une profonde détresse face à l’ennui et au vide du quotidien. On y valorise le début et la fin des choses, mais dénonce « le temps entre-deux », perçu comme cruel et insignifiant. Le refrain, répétitif et insistant, traduit une quête existentielle : comment trouver du sens dans l’attente, dans l’instant présent ?

Pourtant, rien n’est perdu ! La solution réside dans l’acceptation du chemin plutôt que dans la simple attente du but. Naylor évoque des figures philosophiques comme Camus et Sartre, ainsi que Walden Pond et A Leaf of Grass, références à la contemplation et à la simplicité. La solution est donc d’embrasser pleinement le présent, de vivre avec ces pensées et de courir avec elles, plutôt que de rester piégé dans l’inaction ou l’ennui.

On conclura avec un autre titre marquant, With All My Friends. Une production plus pop rock, on a pensé à Seether, Oasis et beaucoup d’artiste de la scène Rock comme Radiohead.

Le choix de Radiohead n’est pas anodin, certes musicalement on un peu de Creep, mais aussi le sujet nous donne l’impression de revivre certaines chansons de live acoustique de Korn. Cette chanson dégage une profonde détresse mêlée à un sentiment d’aliénation. L’expression « riding high in prey » suggère une montée en puissance, mais teintée d’un danger imminent, comme si le succès ou l’excès menaient inévitablement à une chute.

La répétition obsessionnelle de « did him » traduit une sorte de spirale infernale, un acte répété sans échappatoire, évoquant une perte de contrôle ou un comportement destructeur partagé. L’interrogation « Where are you in and do you know I’ve been there? » trahit un isolement, une volonté de connexion qui semble vaine. Derrière cette apparente insouciance se cache une douleur refoulée.

Disponible sur Amazon en MP3 et streaming • 
D’autres sorties de l’artiste sont disponibles sur Bandcamp

Naylor Stone signe avec The Game of They un premier EP puissant et introspectif, où chaque morceau témoigne d’une quête de sens et d’émancipation. Entre mélancolie et révolte, il impose une signature sonore authentique, nourrie d’influences riches et variées. Un projet audacieux qui confirme son talent et invite à une écoute attentive.

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