Mickey 17, le nouveau film de Bong Joon-ho, offre une critique acerbe des sociétés dominées par des mégalomanes stupides au pouvoir. Cette satire politique résonne parfaitement avec notre époque, prolongeant la critique sociale amorcée dans Parasite.

Une dystopie où la vie humaine n’a plus d’importance

Le film met en scène une mini-société de classes au sein d’un vaisseau spatial, où Robert Pattinson excelle dans le rôle d’un anti-héros traversant un monde en effondrement. Cette métaphore souligne les dangers d’un pouvoir concentré entre les mains de dirigeants égocentriques et déconnectés de la réalité.

La narration explore les conséquences d’être réplicable à volonté, questionnant notre unicité et notre singularité. Cette possibilité de reproduction infinie soulève des interrogations profondes sur la valeur de la vie humaine et la liberté de choix. Être réplicable signifie devenir remplaçable, perdant ainsi notre individualité et notre libre arbitre.

Bong Joon-ho fustige l’esprit étroit et capitaliste qui cherche à envahir une planète par la force et le divertissement, sans égard pour les conséquences. Le film aborde des thèmes comme la colonisation, le consumérisme et la corruption, offrant une réflexion percutante sur la responsabilité de chacun envers la société.

Un film qui reste audacieux malgré des maladresses.

Malgré quelques imperfections narratives, le film se révèle être une œuvre unique et audacieuse dans le paysage hollywoodien. Le film mêle habilement humour et gravité, passant de réflexions vertigineuses sur le sens de la mort à des situations absurdes, tout en maintenant un regard critique sur les dérives du pouvoir et les dangers de la mégalomanie.

On retrouve dans ce film, tout comme dans The Host, la passion du réalisateur pour les monstres « 괴물 » (gwoemul), – l’équivalent des kaijū au Japon –. Dans ce nouveau film, les créatures extra-terrestres ressemblent à un mélange de Pangolin, de Tatoo et de croissant au beurre. L’envahisseur les menaces d’extermination, rappelant encore l’éternel affrontement des hommes contre des créatures incomprises. En mettant en perspective le combat des Néo-terriens contre les autochtones de la planète, le film montre le mode opératoire des leaders peu scrupuleux, qui désignent un ennemi créé de toute pièce pour pousser son groupe à suivre un combat. Un combat, qui souvent n’a pas lieu d’être en l’absence de toute réelle menace. La seule vraie menace finalement sont ces autocrates avides de pouvoir.

Mickey 17 nous invite à réfléchir sur les conséquences d’un monde dans lequel l’individualité est menacée et où le pouvoir est concentré entre les mains de quelques-uns, nous rappelant l’importance de préserver notre unicité et notre liberté de choix face aux excès du capitalisme et de l’autoritarisme.

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Anamaria Vartolomei – Une française à l’affiche du film

Anamaria Vartolomei, l’étoile montante du cinéma français, continue son ascension fulgurante avec son rôle dans « Mickey 17 » de Bong Joon-ho. Après ses performances remarquables dans « Le Comte de Monte-Cristo » et « Maria », l’actrice franco-roumaine s’impose désormais sur la scène internationale. Dans « Mickey 17 », elle incarne Kai Katz, un personnage complexe qui conserve son humanité et sa compassion dans un monde dystopique.

Lors du débat du Club Allociné avec le réalisateur, nous avons pu apprendre le contexte de la rencontre entre le réalisateur coréen et l’actrice. Elle s’est faite de manière inattendue lorsqu’il était président du jury à la Mostra de Venise en 2021. Le réalisateur coréen, impressionné par la performance de l’actrice dans « L’Événement » d’Audrey Diwan, a personnellement demandé à la rencontrer lors d’un passage à Paris. Séduit par son charisme et sa capacité à incarner des personnages forts et nuancés, il n’a pas hésité à lui offrir le rôle de Kai Katz, un personnage clé de son adaptation du roman de science-fiction d’Edward Ashton.

Une performance convaincante dans la langue de Shakespeare

Dans Mickey 17, elle livre une prestation musclée, incarnant une humaine qui refuse de se laisser déshumaniser par un système oppressif. Son personnage, Kai Katz, se distingue par sa compassion envers Mickey 17, le clone « jetable » joué par Robert Pattinson. À travers son jeu subtil et intense, elle parvient à transmettre toute la complexité émotionnelle de Kai, naviguant entre la dureté nécessaire à sa survie et la tendresse qu’elle éprouve pour Mickey.

Sa performance dans ce film est d’autant plus remarquable qu’elle réussit à tenir tête à des acteurs chevronnés comme Robert Pattinson et Mark Ruffalo. Son interprétation en nuance et paradoxes colle parfaitement la vision de Bong Joon-ho, qui cherche à explorer les contradictions de la nature humaine face à un système déshumanisant. Le tout dans un rôle interprété entièrement en anglais et pleins d’exigences physiques pour ce tournage de SF. Avec ce nouveau rôle, l’actrice confirme son statut de talent international et laisse présager une carrière hollywoodienne prometteuse.

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5 mars 2025 en salle | 2h 17min | Action, Comédie, Science Fiction
De Bong Joon Ho | 
Par Bong Joon Ho
Avec Robert Pattinson, Naomi Ackie, Steven Yeun,
Toni Collette, Mark Ruffalo, Anamaria Vartolomei,