Young Hearts – rencontre avec Anthony Schatteman, réalisateur du film


Young Hearts sort dans quelques jours au cinéma, un film sur la découverte de soi et de l’orientation sexuelle sous un angle particulier car il exclut l’angle de la sexualité pour rester focalisé sur les émotions.


Dans cette interview, le réalisateur Anthony partage son parcours et les inspirations derrière son premier long métrage, Young Hearts. Le film traite de l’éducation positive et de la préadolescence, rappelle les teen-movies américains comme Love, Simon. Anthony révèle que son désir de réaliser un film sur cette période de la vie est né de manière inattendue. Il avait précédemment réalisé un court métrage, Kiss Me Softly, qui, bien que destiné à un public adulte, a trouvé un écho auprès des jeunes grâce à son absence de scènes sexuelles et à son traitement délicat des émotions. Ce succès l’a incité à explorer davantage ce genre, malgré ses réticences initiales.

Le déclic pour faire Young Hearts

Le déclic est venu d’une conversation avec le fils d’un ami, qui cherchait des recommandations de films abordant l’amour entre garçons de manière adaptée à son âge. Anthony a réalisé qu’il manquait de références cinématographiques pour les jeunes préadolescents, les films existants comme « Call Me by Your Name » ou « Brokeback Mountain » n’étant pas appropriés pour ce public. Il a donc décidé de créer « Young Hearts » pour combler ce vide, en se concentrant sur l’innocence et les émotions authentiques des jeunes protagonistes. Le film se distingue par son approche douce et son absence de scènes sexuelles, ce qui le rend accessible à un public plus jeune. Anthony a trouvé l’inspiration dans des films comme « Love, Simon » et « Heartstopper« , mais a choisi de se concentrer sur un âge encore plus jeune, celui de la préadolescence, pour montrer que « l’amour est universel » et que « c’est ok d’être soi-même ».

Le sous texte et les messages du film

Le film aborde également la peur de décevoir ses parents, un sentiment universel que beaucoup de jeunes ressentent. Anthony a puisé dans ses propres expériences pour écrire ces moments de doute, se souvenant de sa propre quête d’identité et de la difficulté de trouver sa place dans le monde. Il souligne l’importance des modèles et des exemples pour aider les jeunes à traverser cette période délicate. Le film a également été un moyen pour Anthony de renouer avec sa famille, notamment son père, avec qui il n’avait jamais discuté ouvertement de sa sexualité. Le tournage et les interviews autour du film ont permis de briser les non-dits et de créer des moments de complicité émouvants.

Un film d’espoir et de tolérance

En somme, « Young Hearts » est bien plus qu’un film ; c’est un message d’espoir et de tolérance, une invitation à accepter et à célébrer la diversité des expériences humaines dès le plus jeune âge. Anthony espère que son film servira de référence pour les jeunes générations, leur montrant qu’il est possible de vivre ses émotions librement et de trouver du soutien dans leur entourage. Vivre en gardant tout en soi, c’est prendre le risque d’être bloqué dans le passé avec de la haine, de la peine et ne jamais pouvoir s’en libérer pour devenir libre et un adulte équilibré. La meilleure version de soi-même.

A lire et voir

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La fiche allociné du film Young Heartsnotre review

Découvrez l’interview intégrale d’Anthony Schatteman

Merci beaucoup pour cet entretien pour parler de votre premier long métrage. La première chose qui m’a frappé, c’est la manière dont vous traitez le sujet d’une éducation très positive. Cela nous a beaucoup fait penser aux différents teen-movies très présents aux États-Unis. On peut citer « Love, Simon ». Dans vos différentes interviews, vous évoquez surtout des films plus adultes. Comment est né le désir de faire un film sur la préadolescence ? Quelles ont été les inspirations pour écrire ce film ?

Il n’y avait rien dans ma tête qui me prédestinait à faire un film pour des jeunes durant mes études. J’ai surtout écrit d’autres films de genres, mais j’ai fait un court métrage en 2012 qui est aussi très doux. Avec une histoire un peu comme Young Hearts. Un film très personnel sur l’histoire d’un jeune garçon et de son père. Il rencontre un garçon avec qui il tombe amoureux, mais il a peur de le dire à son père. Ce film est 100 % sans scènes sexuelles. Il a reçu un très grand succès dans des festivals pour les jeunes. En réalité, je n’avais jamais pensé au jeune public, mais parce que dans le court métrage, il n’y a pas de scènes sexuelles, cela a fait sens. C’est pour ça que le film a eu un vrai succès auprès des jeunes, parce qu’il montrait les choses comme ils les ressentaient. En soi, c’était un film pour tous les âges.

Et après, je pensais en avoir fini avec les films « Coming of Age » et tout ça, mais tout le monde m’a toujours dit, « Antony, pourquoi tu ne fais pas un long métrage de Kiss Me Softly, qui est le titre mon court métrage ? ». Cependant, je voulais faire d’autres choses parce que quand j’avais commencé à faire du cinéma en 2020, je pensais qu’on était prêt avec tout ça et que ce n’était pas nécessaire. Mais un jour, le fils de 9 ans d’un bon ami, m’a demandé : « Anthony, ne dis pas à maman, mais je pense que j’aime un garçon dans ma classe. Est-ce que tu as des recommandations pour voir un film qui est le même sujet ? ». C’était bien avant Love, Simon et je n’avais pas d’exemples. Est-ce qu’on peut montrer Call Me by Your Name à un enfant de 9 ans ? Je ne pense pas. Moi, j’ai vu Brokeback Mountain et ce n’était pas adapté à un jeune public.

Anthjony_Schatteman©Thomas_Nolf

Des films qui ne sont pas très adaptés à un jeune public, comment compares-tu Young Hearts avec la filmothèque déjà existante ?

Dans tous les films initiatiques LGBTQ, qui sont si très importants, il y a des scènes sexuelles. Mais, je voulais vraiment me concentrer uniquement sur un jeune âge. Et Love, Simon aussi, incroyable qu’il soit, je pense, a un propos destiné aux ados. D’ailleurs, le père parle de sexualité et même de fellation. Il y a Heartstopper aussi, c’est juste l’âge qui est trop vieux pour moi. Donc moi, je voulais vraiment faire un film avec des jeunes qui sont encore très très innocents parce que je pense maintenant les jeunes ont beaucoup d’options et peuvent être qui ils veulent. Il y a beaucoup de termes décrivant l’orientation sexuelle et c’est pour ça que je voulais vraiment avoir une histoire comme un Disney classique avec deux garçons pour dire à une jeune génération « c’est ok d’être toi-même et que l’amour est universel ». En soi je voulais rendre mon histoire plus accessible pour les jeunes.

Donc ça, c’était l’inspiration et bien sûr les films comme Love, Simon, Heartstopper. Love, Simon est un de mes films favoris, je l’ai énormément regardé, mais voilà il est déjà un ado qui va au lycée, un âge où la sexualité est omniprésente. C’était important pour moi de trouver l’âge où tu es authentique dans tes émotions sans l’influence sexuelle. Et j’ai eu du mal à trouver l’âge idéal jusqu’à ce que je rencontre mes deux comédiens. Lors de mes castings, les comédiens avaient entre 11 et 18 ans et dans le scénario, ils avaient initialement 15 ans. Mais je me rendais compte en rencontrant les candidats que les jeunes de 15 ans étaient déjà trop matures et on a trouvé l’innocence avec Marius et après chez Lou.

Ce qu’on remarque dans ce film, c’est le réalisme émotionnel, et la manière dont vous dévoilez la peur de décevoir ses parents. Ici, on prend conscience que tous nos choix sont dictés par notre peur de décevoir ses parents. Notre choix de petite copine est orienté par un fantasme de normalité. Avez-vous utilisé votre propre histoire pour écrire ces moments de doutes ?

Quand j’étais jeune, c’était une autre époque et ce n’était pas facile de trouver sa place dans ce grand monde. Maintenant mon film parle de deux garçons qui tombent amoureux, mais beaucoup de jeunes que j’ai parlé, ils ont tous un petit problème. Il y a toujours un petit problème visible de l’extérieur, mais en réalité, les problèmes intérieurs sont bien plus grands. Quand tu es jeune, tu penses souvent ne pas être comme les autres. Beaucoup de jeunes disent, « Moi, je ne suis pas normal », parce qu’ils pensent qu’ils sont trop moches, trop grosses ou quelque chose d’autre. Il y a toujours quelque chose en eux à l’intérieur qui est tourmenté. Et ça, c’est le plus important, ce qui se passe dans leur esprit. Donc je voulais vraiment que mon film se concentre sur le conflit interne. Et beaucoup de gens m’ont dit en regardant mon histoire que l’on avait besoin de plus de conflits. Mais moi, j’ai refusé, car selon moi, parler des doutes et des conflits intérieurs était déjà ce qui est le plus important. En fait, moi-même, quand j’étais plus jeune, j’ai toujours pensé que j’étais anormal parce que je n’avais pas d’exemples autour de moi. Et j’ai donc voulu parler de la difficulté de la transition de l’enfance à l’âge adulte. C’est effrayant quand on n’a aucune comparaison possible, mais si tu as des exemples, tu peux te dire que c’est plus simple, tu peux tomber et te tromper, mais il y aura des modèles dans ton environnement. Il est très important selon moi de pouvoir trouver sa voie. Et avec Young Hearts, je voulais vraiment faire un film pour toutes les générations. 

Quand tu parles de ce film avec tes proches en dehors de tes parents, quelles sont leurs réactions ?

Par exemple, le jour où ma grand-mère m’a demandé de quoi parler mon film, j’ai essayé de lui parler avec des mots qu’elle comprendrait. En général, ensemble, on ne parle jamais de ma sexualité. Elle le sait, elle le savait, mais on n’en a jamais parlé. Je lui ai donc dit que c’était un film pour des jeunes qui sont seuls dans leur tête. C’était touchant, elle a évoqué sa propre expérience en me racontant que plus jeune, elle voulait être chanteuse, mais que son père lui a répondu que ce n’était pas un vrai boulot. En vrai, qu’elle était jeune et c’était un autre temps. Elle m’a donc dit que comme beaucoup de gens, elle s’est sentie seule. Et j’ai répondu, « voila, c’est le sujet de mon film ». La solitude et le sentiment de différence sont deux choses qui peuvent toucher toutes les générations.

Comment éviter cette peur ? Quels conseils donneriez-vous aux parents ayant peur pour leur enfant ? Même si actuellement les choses semblent changer et la norme aussi, les parents eux continuent d’avoir peur pour leurs enfants.

Moi aussi, j’avais peur, pas juste pour mes parents, mais aussi pour mes amis. J’avais peur que mon frère soit déçu ou que sa manière de me regarder change. À vrai dire, ma famille était connue, mon père était chanteur, donc je ne voulais pas avoir de conflit. Je voulais juste être normal. Et aussi, j’avais peur parce que mon père ne connaissait pas de gays dans sa vie personnelle, mais uniquement ceux du showbiz. Il avait beaucoup de gays et ils étaient toujours un peu outspoken ou flamboyants. J’avais peur qu’il me compare avec ces gays du show business et je voulais juste lui dire que je reste le même garçon. C’est juste ça qui est différent et c’est pour ça que j’ai vraiment attendu pour lui dire. En plus, quand j’avais parlé avec ma mère, elle a immédiatement dit « est-ce que ta vie va être plus dure et difficile que ton frère ? ». Donc, je pense que c’est quelque chose que beaucoup des parents pensent parce que quand ton enfant appartient à la minorité, c’est toujours difficile, car les enfants entre eux ne sont pas tendres. Voilà maintenant cette différence est mieux accepté, mais ça reste toujours compliqué pour les parents, cela crée toujours un petit choc.

Young Hearts © Polar Bear
Young Hearts © Polar Bear

Ce film est donc là pour essayer d’être un référentiel pour les plus jeunes ?

J’entends aussi beaucoup des histoires et vraiment, la mienne est celle d’un autre temps, et mon film l’est aussi. Il est vrai que ce qui s’y passe n’est pas la réalité de tous. En fait, j’aime penser que quand tu as un exemple comme ça, peut-être que cela peut donner un rêve d’espoir à des enfants. Une fois à Paris, il y avait un garçon dans une avant-première à Chéries-Chéris et il était au premier rang. Durant le Q&A, il pleurait énormément, j’ai demandé si je pouvais parler avec lui quelques minutes. Il était originaire d’Algérie et il vivait maintenant dans une maison pour les réfugiés queer pendant jusqu’à deux, trois semaines. Il nous a parlé de son parcours et comment ses parents ont réagi quand il leur a annoncé qu’il était gay. Rejeté par eux, il était à Paris seul, avec beaucoup de peur. Et c’était la première fois qu’il voyait un film avec autant de bonheur malgré ce thème. Il m’a dit merci de l’avoir apaisé dans sa tristesse. C’était vraiment un joli moment et cela lui a donné un exemple de film avec un vrai bonheur, un peu comme dans les Disney Classique.

C’est donc l’influence des films de Disney qui vous a donné envie de travailler avec une photographie avec des dominances chaudes ?

Oui, parce que, initialement, c’était pensé comme un film pour le jeune public. J’ai voulu que ce soit lumineux, chaud et pas noir. Je voulais retranscrire l’ambiance de mes vacances, celles de ma jeunesse et ces deux mois de vacances d’été. C’était très solaire, ces deux mois de liberté où je me sentais bien. Donc c’était sincèrement quelque chose que je voulais retranscrire dans le film, cette idée d’un été libre. C’est pour cela que l’on a choisi de mettre beaucoup de couleurs et du soleil. Mais en réalité durant le tournage, ce fut un été horrible avec beaucoup de pluie et c’était très gris, mais ça on ne le voit pas dans le film.

La scène dans la voiture est certainement la plus touchante du film, même si nous ne sommes pas directement concernés par le sujet, on aimerait tous entendre ces mots de notre mère au sujet de nos erreurs ou nos craintes. C’est avec ce passage qu’on comprend le sujet du film : L’amour universel. Comment avez-vous fait sur le plan technique pour faire cela dans une espace aussi étroite ?

Ce n’était pas facile, car nous étions quatre dans une voiture, donc il y a eu beaucoup de prises, et on n’a pas fait de répétitions, aucune. Ils ont lu le scénario, ils connaissaient donc la scène. Mais il faisait aussi très chaud, 40 degrés, vraiment dans la voiture, c’était chaud. J’étais dans le coffre avec mon moniteur et on a commencé avec un close-up de Lou. Parfaite idée parce qu’avant, il m’a demandé « Est-ce que je dois pleurer ? » et j’ai dit « On verra let’s see what happens ». Emilie (de Roo) qui jouait la mère m’a également demandé ce qu’elle devait faire, j’ai dit, après un moment, tu dois le prendre dans tes bras. Avec ces intentions, ils ont composé avec ces intentions. J’ai dit « action », avec les caméras déjà enclenchées. Et Lou a fait la scène que l’on peut voir dans le film. En fait, on avait juste besoin d’une prise et c’est tout. Je pense, si on avait fait des répétitions, la magie comme celle-là n’aurait jamais pu se créer. Et aussi pour Emilie, c’était pas vraiment wow, Oui, elle n’a pas besoin de pleurer, mais c’était juste quelque chose qui était là parce que Lou a donné beaucoup d’énergie. Et wow, c’était l’une des meilleures expériences que j’avais eu sur un plateau. Après le tournage de cette séquence, j’étais complètement épuisé et j’ai même vomi. C’était sincèrement la scène que je voulais et que j’aurais aimé la vivre plus jeune. Puis, surtout, je réalise avec le recule qu’Émilie est une copie de ma mère et tout comme le frère du film. Par contre, je n’ai jamais parlé avec mon frère de ça, même s’il était là. Et c’était très joli comme instant, voir ma famille dans la voiture. Et si j’ai choisi pour faire cette scène dans une voiture, c’est parce que personne ne peut s’échapper… Je savais au moment de l’écriture que ce passage allait être important. Mais je n’ai jamais imaginé trouver un talent comme Lou.

Young Hearts © Polar Bear
Young Hearts © Polar Bear

Le dialogue a-t-il été écrit ou simplement, vous avez décrit la scène à vos acteurs ?

Je donnais toujours les grandes lignes aux jeunes acteurs et je leur demandais de jouer les choses comme ils les sentaient. Je pense que quand on fait l’expérience du jeu avec les jeunes, le fait d’apprendre un dialogue et de l’étudier, on n’y croit pas. En casting, ils entrent stressés, disent les lignes et on n’y croit pas. Je pense que c’est quelque chose qu’on doit faire vraiment de manière différente avec les jeunes acteurs. On a aussi beaucoup travaillé avec Oliver Roels qui est le thérapeute psychologue pour les enfants. Il était toujours là pour discuter des émotions avec les jeunes acteurs pendant et avant le tournage. Donc, voila, on leur donnait des indications « qu’est-ce que la joie, la tristesse, le bonheur, la colère ».… Le film, c’est mon histoire, mais aussi celle de Lou. Il nous a raconté la sienne et c’est quelque chose de très jolie. Il nous a avoué qu’il avait peur car l’année prochaine son frère entrait à l’université et craignait de perdre son meilleur ami. Il a utilisé cette émotion pour le film et c’est celle que l’on peut voir. Pour réussir à obtenir cela, il fallait aussi que Lou se sente en sécurité. On a discuté de tout cela avant le tournage dans un early stage, des sessions que l’on a réalisées avec les deux comédiens pour parler de nos émotions. C’est plus simple de faire cela en petit commité que quand nous sommes sur un plateau de 50 personnes. C’était juste entre nous. Puis je pense que Lou et Marius ce sont un peu les mêmes comme Elias et Alexandre. En fait, on n’a jamais parlé d’amour pour des garçons ou des filles, ce n’était pas important pour nous, vraiment, car le cœur était le même. Et en travaillant sur ces émotions, je pense que c’était facile pour Lou de nous montrer ses peurs à l’écran.

Ce film a quelque chose de l’ordre de la catharsis, c’est un travail sur soi pour renouer avec votre père ou votre famille ?

Bien sûr, c’était vraiment une utopie, le film dévoile comment j’aurais aimé que cela se passe avec mon père. C’est aussi un miroir pour mes parents pour voir le film à Berlinale. Je sais que ce n’est pas évident pour tout le monde de réagir comme cela. Bien sûr, que maintenant, c’est différent, avec mon père. On fait beaucoup d’interviews ensemble en Belgique. C’était la première fois de ma vie que l’on a parlée de ma sexualité et c’était toujours avec des journalistes. Les journalistes demandaient souvent s’il regrettait sa réaction de l’époque lorsqu’il a découvert mon orientation. Lui, il répond toujours que cela s’est passé à 100% comme dans le film, j’aime répondre « Papa, ça, c’est pas la vérité. Tu peux vraiment dire que c’était dur au début, parce que si tu ne parles pas de ça, on ne peut pas avoir la bonne histoire. » Mais ce n’était pas facile pour lui puisqu’il se sentait coupable. Et ce n’était pas simple de dire devant moi que c’était difficile. Mais avec la cinquième interview, c’était plus simple pour lui pour dire. Oui, c’était dur au début parce que j’avais peur et tout ça. Mais maintenant je ressens vraiment la différence depuis la Berlinale. Après l’interview, j’ai fait un hug, – Un câlin. On n’a pas de terme équivalent en français… Mais avec ce geste, on a exprimé beaucoup de non-dits. C’était un très joli moment avec mon père, mon frère et ma mère. Mon frère qui était là aussi a pleuré durant le film. Et après, j’ai dit, « Nicolas, tu as pleuré ? » « Non, j’ai pas pleuré ». C’est toujours encore difficile de parler de nos émotions, mais mon frère a dit que grâce à ce film qu’il allait apprendre à montrer les siennes. Parce que c’est important et je souhaite sincèrement dire à tous les générations l’importance de montrer ses émotions, car quand tu gardes trop de choses dans la tête, la vie est plus dure.

C’est vraiment avec ce film que vous avez pu parler avec votre père ?

L’autre réalité est que j’ai fait un film avec un père qui était négatif. Mais est-ce que je veux faire un film comme ça ? Je ne pense pas. Et c’est pour ça que je pense. Quand on est enfant, on ne peut pas forcément tout oublier, mais on peut pardonner. Et ça, c’est important, je pense que les enfants ne doivent pas rester en colère toute sa vie pour apprendre à devenir de meilleurs hommes.



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