Le film Driving Mum (Á ferð með mömmu), réalisé par Hilmar Oddsson et disponible sur UniversCiné à partir du 17 février 2025, offre une analyse sociale poignante de l’Islande des années 1980 à travers un road-movie à l’humour noir.

Un road-movie social

L’histoire se concentre sur Jon, un homme d’âge moyen vivant isolé avec sa mère dominatrice dans une ferme reculée du nord-ouest de l’Islande. Après le décès de celle-ci, Jon entreprend un voyage pour honorer ses dernières volontés, transportant son cadavre sur le siège arrière de sa vieille voiture.

Le film explore plusieurs thèmes sociaux importants :

Isolement rural : La vie recluse de Jon et sa mère dans une ferme si isolée que les bulletins météo sont livrés par bateau illustre la réalité de certaines régions rurales islandaises.

Relations familiales toxiques : La relation dysfonctionnelle entre Jon et sa mère, qui persiste même après sa mort, met en lumière les dynamiques familiales complexes et leurs effets à long terme.

Évolution personnelle tardive : Le voyage de Jon représente un coming-of-age tardif, montrant qu’il n’est jamais trop tard pour se découvrir et s’ouvrir au monde. C’est en soi aussi une qualité offrant aux spectateurs la thèse qu’il n’est jamais trop tard pour découvrir autre chose, ou pour s’affirmer.

Critique sociale : À travers les rencontres de Jon, le film offre un aperçu de la société islandaise de l’époque, mettant en contraste l’isolement rural et le monde extérieur.

Beauté de la photographie dévoilant plus que les mots

Quand on regarde ce film ou même sa bande-annonce, on ne peut nier la beauté du noir et blanc. La photographie d’Óttar Guðnason transforme les vastes étendues islandaises en toiles expressives, renforçant l’atmosphère unique du film et son exploration des thèmes sociaux et existentiels.

La photographie en noir et blanc est particulièrement remarquable, elle intensifie l’atmosphère mélancolique et surréaliste du film. Elle permet aussi de mettre en avant les paysages islandais, de capturer en niveaux de gris. Ainsi, ils deviennent un personnage à part entière, soulignant la beauté austère et l’indifférence majestueuse de la nature.

De même, cela a un intérêt, le contraste entre les tons sombres et clairs accentue l’isolement du protagoniste et la dualité de son voyage intérieur et physique. Certains plans sont dignes d’une exposition photographique, montrant beaucoup plus de l’épaisseur psychologique de ses personnages qu’un long dialogue.

Driving Mum utilise habilement l’humour noir, une narration originale et une photographie saisissante pour offrir une réflexion profonde sur la société islandaise, les relations familiales et le voyage personnel vers la découverte de soi.