The Brutalist de Brady Corbet se présente comme une œuvre très attachée au code du théâtre avec une ouverture, 2 actes, un entracte et un final. La durée est peut-être ce qui rend le film le plus difficile à suivre. Certes, l’entracte permet de ne pas sentir le poids des heures qui, on peut le penser, est justifié pour faire ressentir le poids des années sur les épaules du protagoniste incarné par Adrien Brody.
Deux révélations dans ce film
La révélation est Felicity Jones dans le rôle d’Erzsébet qui est plus que convaincante, et on finit par ne voir qu’elle au milieu de la noirceur de ce film. Stacy Martin et Raffey Cassidy apportent également toute la nuance dans ce monde qui s’est éloigné des nuances de gris, plongé dans les restes d’une Seconde Guerre mondiale aliénante. Guy Pearce dans le rôle d’Harrison arrive à devenir antipathique à souhait, tout comme Joe Alwyn dans le rôle d’Harry Lee.

Comment The Brutalist révèle le racisme nord américain envers les juifs et personnes de couleurs par le destin de son protagoniste
The Brutalist, le film de Brady Corbet, aborde le racisme envers les Juifs aux États-Unis à travers le destin de László Toth, un architecte juif hongrois rescapé de la Shoah, interprété par Adrien Brody. Le film, d’une durée de 215 minutes, explore les défis et les désillusions auxquels László est confronté en tentant de réaliser le « rêve américain » dans un pays où l’antisémitisme persiste. Dans le film, plusieurs comportements odieux sont montrés envers les personnes n’appartenant pas aux WASP et Old Stock Americans, qu’ils soient juifs ou d’origine afro-américaines ces personnes n’appartenant pas à l’élite blanches sont souvent montrés comme des sous-hommes.
Il y a cette scène du viol du protagoniste par son « ami », qui montre très bien comment les personnes ayant le pouvoir considéraient les personnes en dehors de leur clan comme des simples pions et objets sans valeur.
A travers ce film et le parcours du protagoniste, on illustre les difficultés d’intégration des survivants de l’Holocauste dans la société américaine d’après-guerre. Son expérience du totalitarisme génocidaire influence profondément son approche architecturale, passant de maisons blanches lumineuses à des structures en béton brut évoquant des bunkers. Cette évolution esthétique reflète la transformation intérieure du personnage face à la réalité américaine.
Le film met en lumière les formes subtiles de discrimination auxquelles László est confronté. Son cousin Attila, qui a renoncé à ses racines juives et hongroises pour s’intégrer, symbolise les compromis parfois nécessaires pour être accepté. La relation de László avec le magnat industriel Harrison Lee Van Buren (Guy Pearce) révèle comment l’art et l’identité juive peuvent être perçus comme des commodités commerciales plutôt que respectés pour leur valeur intrinsèque.
Brady Corbet utilise des techniques cinématographiques pour souligner l’isolement et la marginalisation de László. Par exemple, Attila est filmé dans l’ombre lorsqu’il rejette son cousin, illustrant la perte d’identité liée à l’assimilation forcée. Le contraste entre l’optimisme initial de László et son désenchantement progressif est rendu palpable par la performance nuancée d’Adrien Brody.
Le film explore également l’impact du racisme sur la famille de László. Sa femme Erzsébet, interprétée par Felicity Jones, incarne la douleur persistante des survivants de l’Holocauste, exacerbée par les difficultés rencontrées aux États-Unis. Sa souffrance physique et émotionnelle souligne les séquelles durables du génocide et les défis d’adaptation dans un nouveau pays.
En dépeignant le parcours de László sur plusieurs décennies, The Brutalist offre une réflexion profonde sur la persistance de l’antisémitisme dans la société américaine, tout en questionnant la notion même de « rêve américain » pour les immigrants juifs. Le film suggère que malgré les promesses d’égalité et d’opportunités, les préjugés et la discrimination continuent d’entraver la pleine intégration et l’épanouissement des survivants de l’Holocauste et de leurs descendants.
Anecdote :
Qui était le vrai László ?
Adrien Brody a remporté le Golden Globe du meilleur acteur pour Le Brutaliste, qui a aussi été sacré Meilleur Film. Ce drame épique suit un architecte hongrois reconstruisant sa vie après l’Holocauste. Inspiré par des figures comme Marcel Breuer et Ernő Goldfinger, il explore le brutalisme et l’immigration. (Source).
Le choix du titre The Brutalist
Le titre « The Brutalist » fait référence au brutalisme, un style architectural des années 50 caractérisé par des formes géométriques brutes et l’utilisation du béton apparent. Brady Corbet a choisi ce titre pour son double sens : il évoque à la fois le courant architectural que le protagoniste László Toth incarne, et la brutalité sous-jacente du capitalisme américain que le film explore. Ce titre reflète ainsi la dualité entre l’art et la violence qui traverse l’œuvre.
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12 février 2025 en salle | 3h 34min | Drame, Romance
De Brady Corbet |
Par Brady Corbet, Mona Fastvold
Avec Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce
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2 réflexions sur “The Brutalist : Brady Corbet explore le racisme envers les Juifs dans l’Amérique d’après-guerre”