Après son incursion au Japon dans Sidonie au Japon, Isabelle Huppert, icône du cinéma français depuis la Nouvelle Vague, pose ses valises en Corée du Sud pour La Voyageuse, le dernier opus du réalisateur Hong Sang-soo. Ce film, prévu pour une sortie le 22 janvier 2025, s’annonce comme une méditation poétique sur l’instant présent, sublimée par une esthétique visuelle singulière.

Une philosophie de l’instant capturée sur pellicule

Dans La Voyageuse, Hong Sang-soo poursuit son exploration des relations humaines et de la temporalité, thèmes récurrents dans sa filmographie. Le personnage d’Iris, interprété par Isabelle Huppert, incarne une professeure de français aux méthodes pédagogiques peu orthodoxes. Sa présence à Séoul, énigmatique et fugace, semble être une allégorie de la poésie elle-même.

Le film se construit autour de moments apparemment anodins – conversations banales, interprétations musicales hésitantes, promenades contemplatives – qui se transforment soudainement en questionnements intimes et profonds. Cette approche reflète la philosophie de Hong Sang-soo, qui cherche à capturer la réalité dans ses interstices, laissant une grande liberté d’interprétation au spectateur. Son héroïne construit des cours de français usant des sentiments, comme on le dit souvent en psychologie cognitive, l’émotion permet d’apprendre beaucoup et de s’en souvenir mieux.

Isabelle Huppert : une affinité croissante avec l’Asie

La présence d’Isabelle Huppert dans La Voyageuse marque sa troisième collaboration avec Hong Sang-soo, après In Another Country (2012) et Claire’s Camera (2017). Cette récurrence témoigne d’une affinité grandissante entre l’actrice française et le cinéma asiatique.

Isabelle Huppert, dont la carrière est jalonnée de rôles audacieux et de collaborations internationales, trouve dans le cinéma asiatique un terrain d’expression particulièrement fécond. Son personnage d’Iris dans La Voyageuse apparaît comme une évolution naturelle de ses précédentes incarnations sous la direction de Hong Sang-soo, tout en conservant cette aura de mystère et d’étrangeté qui caractérise souvent ses rôles.

Une esthétique visuelle audacieuse

Ce film se démarque par une approche visuelle particulière, rappelant l’esthétique de la vidéo. La photographie du film se caractérise par une utilisation prononcée de hautes lumières « cramées » et des retouches en post-production volontairement brutes.

Cette esthétique singulière, qui tranche avec les canons habituels du cinéma, semble refléter la volonté de Hong Sang-soo de capturer l’instant présent dans toute sa spontanéité et son imperfection. Les plans-séquences, signature du réalisateur, sont ponctués de mouvements de caméra inattendus, créant une tension visuelle qui fait écho à l’instabilité des relations humaines explorées dans le film.

Un voyage introspectif

Au-delà de son exploration de Séoul, La Voyageuse propose un voyage introspectif. Le personnage d’Iris, tel un catalyseur, pousse ses interlocuteurs à plonger au plus profond d’eux-mêmes, à exprimer leurs sentiments les plus intimes. Cette quête de vérité intérieure, capturée par la caméra de Hong Sang-soo, transforme chaque rencontre en une expérience presque métaphysique.

Ce nouveau film en collaboration avec le réalisateur coréen propose quelque chose à la fois intime et universelle, où la sensibilité d’Isabelle Huppert rencontre la vision poétique de Hong Sang-soo. À travers une esthétique visuelle audacieuse et une narration centrée sur l’instant présent, le film offre une réflexion profonde sur la condition humaine, l’art et la poésie de l’éphémère. Tout en dressant une critique de la société coréenne avec des mères très envahissantes. Mais aussi des personnes avec énormément de moyens cherchant à se divertir ou encore une fibre artistique omniprésente à travers des constructions et des citations de poèmes inscrit dans la ville. Un film sur la ville et les rêveries d’une étrangère vivant au jour le jour.

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22 janvier 2025 en salle | 1h 30min | Drame
De Hong Sang-Soo | 
Par Hong Sang-Soo
Avec Isabelle Huppert, Hye-Young Lee, Hae-hyo Kwon
Titre original Yeohaengjaui pilyo