Un film sur des passionnés de cinéma et pour les passionnés. On ressort heureux et compris. Une chance de découvrir ou redécouvrir Stanley Cavell à travers ce documentaire-fiction, à la Wes Anderson. En regardant ce film entrecoupé de plusieurs extraits de classiques du cinéma, on pense au spot des cinémas Pathé avec un jeune homme qui tombe amoureux d’une spectatrice et vit son histoire à travers des répliques cultes.
On aime l’idée défendue par Arnaud Desplechin, montrant en quoi le cinéma doit questionner notre monde avant même de donner des réponses. Bien souvent ce cinéma populaire défendu par Stanley Cavell offre le meilleur et l’espoir de l’humanité, un peu comme les grands classiques des tragédies, le cinéma fait vibrer et cherche à dévoiler la pensée d’un créateur. Notre action d’aller au cinéma revient à donner sa voie à un auteur.
Du droit citoyen à la liberté. De la tragédie à l’Art Populaire
Un film qui replace le spectateur dans sa position et sa fonction. Nous sommes loin du sacré de la tragédie Grecque, mais le cinéma est l’Art Populaire le plus apprécié avec la bande dessiné et les séries télés. Ses héros permettent à l’homme de se sentir moins seul et comme compris. On aime voir au cinéma des gens qui nous ressemblent, qui nous montrent la voie et en qui on peut trouver des réponses à nos problèmes du quotidien. Le cinéma bouleverse celui qui le regarde et le considère pour ce qu’il est : précurseur de questions sur la sociétés et aussi des réponses à nos quêtes existentielles.

Stanley Cavell et sa relecture du cinéma
Stanley Cavell, philosophe américain, a développé des théories novatrices sur le cinéma, le distinguant des autres théoriciens. Il explore le lien entre le cinéma et le scepticisme philosophique, considérant cet art comme une manière d’exprimer notre « rêve sceptique » : voir le monde avec une transparence totale, tout en révélant notre séparation irrémédiable avec lui. Cette perspective métaphysique confère au cinéma une profondeur existentielle unique. Par ailleurs, il valorise l’ordinaire, qu’il perçoit non comme un donné, mais comme une conquête. En s’intéressant à la vie quotidienne, le cinéma devient un espace privilégié pour interroger l’importance de ce qui semble banal.
Il introduit également une dimension éthique à travers sa théorie du perfectionnisme moral, inspirée d’Emerson et Thoreau. Il voit dans les comédies hollywoodiennes et les films populaires des œuvres dignes d’une analyse philosophique, rompant avec la tendance à privilégier le cinéma d’art et d’essai. Pour lui, le cinéma hollywoodien constitue un lieu essentiel de réflexion et de conversation philosophique, profondément enraciné dans la culture américaine. En mêlant philosophie, cinéma et vie ordinaire, Il dépasse les approches esthétiques classiques, proposant une lecture originale et accessible de cet art.
Spectateurs d’Arnaud Desplechin est bouleversant et réconfortant. Ce film est ce condensé de toutes ces réflexions, le spectateur a un pouvoir et il peut l’utiliser pour changer sa vision du monde ou simplement retrouver sa place dans la société. Souvenez-vous de vos chocs et expériences au contact d’un chef œuvre, c’est transcendant et cela marque l’existence. On se sent compris, on a l’impression que ce film redonne un sens à nos questionnements intimes. Le cinéma n’est pas uniquement un divertissement, c’est un Art essentiel, celui de la vie des gens ordinaires.
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15 janvier 2025 en salle | 1h 28min | Drame
De Arnaud Desplechin |
Par Arnaud Desplechin
Avec Mathieu Amalric, Dominique Païni, Clément Hervieu-Léger
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Une réflexion sur “Spectateurs, le plus bel hommage à l’amour du cinéma”