Mémoires d’un escargot ou les saisons de la vie selon Adam Elliot


Mémoires d’un escargot d’Adam Elliot est une œuvre qui transcende les générations, offrant une exploration nuancée de la résilience à travers le prisme de l’animation en stop-motion. Ce film aborde des thèmes profonds tels que le deuil, la solitude et les traumatismes d’enfance, les rendant accessibles tant aux jeunes qu’aux adultes.

Le choc générationnel est subtilement illustré par le contraste entre la jeune Grace et son amie âgée Pinky. Cette relation intergénérationnelle sert de catalyseur pour la croissance personnelle de Grace, montrant comment la sagesse peut transcender l’âge. Le film utilise la métaphore de l’escargot de manière ingénieuse pour représenter la résilience : tout comme ces créatures portent leur maison sur leur dos, les personnages apprennent à avancer malgré leurs fardeaux émotionnels.

La résilience est également explorée à travers la séparation de Grace et son frère jumeau Gilbert. Leur correspondance devient un fil conducteur du récit, illustrant comment les liens familiaux peuvent persister malgré la distance et les circonstances difficiles. Cette narration permet aux spectateurs de tous âges de comprendre que la résilience peut prendre diverses formes, qu’il s’agisse de maintenir des connexions ou de trouver la force intérieure pour surmonter l’adversité.

Adam Elliot, réalisateur australien né en 1972, est spécialisé dans l’animation en volume. Sa carrière débute avec une trilogie de courts métrages : Uncle (1996), Cousin (1998) et Brother (1999). Il remporte l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 2004 pour Harvie Krumpet. Son premier long métrage, Mary et Max (2009), reçoit le Cristal du long métrage à Annecy. En 2024, il réalise Mémoires d’un escargot, également primé à Annecy.

L’humour et la dérision pour vaincre la fatalité

Le film ne se contente pas de montrer les aspects sombres de la vie. Il équilibre habilement l’humour et la tragédie, reflétant ainsi la complexité de l’existence humaine. Cette approche permet aux jeunes spectateurs de comprendre que la vie n’est pas toujours facile, tout en leur montrant qu’il est possible de trouver de la beauté et de l’espoir même dans les moments les plus difficiles.

La métaphore de la poterie brisée, introduite par le mari de Grace, offre une perspective puissante sur la résilience. L’idée que « tout peut être réparé, et nos fêlures célébrées » est une leçon précieuse pour les spectateurs de tous âges, encourageant l’acceptation de soi et la valorisation de nos expériences, même douloureuses.

Le film parvient à transmettre un message universel sur la résilience : nous ne pouvons pas changer notre passé, mais nous pouvons choisir comment nous portons nos expériences et comment nous avançons dans la vie. Cette leçon, présentée à travers une animation captivante et des personnages attachants, résonne auprès des spectateurs de tous âges, faisant de ce film un pont entre les générations dans la compréhension de la résilience humaine.

Un univers sombre et romantique

On a apprécié la musique d’Elena Kats-Chernin qui est sublime. L’univers goth à la Tim Burton, la narratrice et sa manière de voir tout avec une ironie et l’Art de toujours retomber sur ses pattes.
Il y a ces passages forts comme « L’enfant est la meilleure saison de la vie, mais elle ne dure pas. Et on mérite tous de la vivre ! ».

Le directeur de la photo Gerald Thompson livre une photographie remarquable, exploitant la technique du stop-motion pour créer une profondeur de champ saisissante. Les couleurs, subtilement travaillées, oscillent entre tons pastel et contrastes marqués, reflétant l’état émotionnel des personnages. Cette esthétique unique renforce l’atmosphère mélancolique et poétique du film, tout en soulignant la texture particulière de l’animation en pâte à modeler. On a un travail sur la profondeur de champs, sur les cadrages et l’alternance de portraits et plan d’ensemble. Tout cela arrive à traduire la richesse du langage cinématographique du réalisateur. Le tout sur une esthétique burtonnien et dans la seconde période de Victoria Francès, sans le côté fataliste et nihiliste. Ce film se focalise sur ces marginaux et tout comme Tim Burton, il insuffle de l’espoir et de la compassion dans l’ensemble du récit. Ici, l’humour noir et l’ironie permettent d’équilibrer la dureté de l’histoire.

Lutter contre l’enfermement idéologique et physique

Le film dévoile beaucoup de leçon sur la vie, comme les risques de s’enfermer chez soi dans une prison où nous sommes les seuls à avoir la clé. Il y a également cette notion que l’accumulation mène à l’appauvrissement. On achète des choses, on les accumule et on finit par ne plus voir clair. La dépression s’installe, on ne sort plus de chez soi, on n’ose plus inviter quiconque. Ce syndrome de Diogène parasite l’existence et cette manière d’accumuler et de dépenser pour répondre à un besoin compulsif vont peu à peu nous éloigner des autres aspirations de notre vie comme voyager, voir nos proches.

Un film touchant qui offre toute la beauté et la noirceur de la vie en 1h30. Les dérives sectaires, l’isolement, la séparation et le doute, le syndrome de Diogène, l’homophobie. Ce film enseigne l’Art de la résilience, ne jamais abandonner et apprendre de nos erreurs. Il faut toujours se battre pour ne jamais se laisser enfermer dans nos peurs et nos doutes, car nous sommes aptes à beaucoup de grandes choses, mais aussi prédisposer à nous enfermer dans notre propre isolement. La vie en somme est une tapisserie, mais chacun de nous la parcourt à sa manière. Un film qui plaira autant aux plus jeunes qu’aux plus grands !

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Note : 5 sur 5.

15 janvier 2025 en salle | 1h 34min | Animation, Drame
De Adam Elliot | 
Par Adam Elliot
Avec Jacki Weaver, Eric Bana, Sarah Snook
Titre original Memoir of a Snail


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