Le Quatrième Mur, réalisé par David Oelhoffen, est une adaptation cinématographique du roman éponyme de Sorj Chalandon. Le film se déroule au Liban en 1982, en pleine guerre civile. Il suit Georges, un Français qui se rend à Beyrouth pour honorer la promesse faite à un ami mourant : mettre en scène la pièce Antigone avec des acteurs issus des différents camps du conflit. Cette œuvre explore les thèmes de l’art face à la guerre, de l’utopie confrontée à la réalité brutale, et de la quête de paix dans un contexte de violence extrême.

Le film bénéficie d’un casting au service de l’histoire et de l’œuvre. Au cœur de cette production, nous retrouvons Laurent Lafitte, qui interprète le rôle principal de Georges, un homme idéaliste en quête de paix dans un contexte de guerre. À ses côtés, Manal Issa incarne Imane, l’amour naissant de Georges, tandis que Simon Abkarian joue Marwan, un personnage clé qui guide Georges à travers les complexités du conflit libanais. Le casting est complété par des acteurs tels que Bernard Bloch, Tarek Yaacoub, et Nasri Sayeg, chacun apportant une profondeur et une authenticité à cette adaptation poignante de la pièce Antigone, mais aussi à leur personnage. Ce choix d’interprètes, issus de divers horizons, renforce le message universel du film sur la quête de compréhension et d’humanité en temps de crise.

L’absurde et l’humanisme, l’éternel combat

Liban, 1982 – Le 4e Mur révèle le Liban meurtri, la guerre et une forme d’absurdité, la même que celle décrite par Camus et Sartre dans leurs œuvres. Ici, on joue Antigone d’Anouilh, la pièce la plus poignante révélant le courage d’une jeune femme voulant rendre un dernier hommage à son frère mort et ainsi lui administrer les derniers rites lui offrant le repos éternel.

Le film va chercher à comprendre les nuances du drame et de la tragédie, le drame : on pleure et prie, mais l’espoir gâche tout. La tragédie est sans espoir et se destine aux Rois.

La guerre détruit tout idéal et rêve d’avenir. Il faut apprendre à sortir du quotidien avec son esprit, car la réalité est trop brutale et consume toute humanité. Comme dans une analogie parfaite, le film révèle la vie d’un homme idéaliste voulant rendre un dernier hommage à son mentor. Il se bat pour offrir une représentation qui se fout des règles établies, dans l’unique espoir de l’Hommage à un homme, un digne symbole à l’humanité en pérille en temps de guerre.

Cette analogie saisissante entre la tragédie antique et la réalité contemporaine permet rappeler ce qui fut. Georges s’efforce de rendre hommage à son mentor en orchestrant une représentation qui transcende les clivages politiques et religieux. Sa démarche, qui défie les conventions et les lignes de front, symbolise l’espoir d’unir l’humanité par l’art, même au cœur du chaos. Cette quête désespérée d’un moment de paix à travers le théâtre devient un acte de résistance contre l’absurdité de la guerre.

L’art Gardien de la mémoire collective

Le Quatrième Mur joue un rôle crucial dans la préservation de la mémoire collective. En confrontant le spectateur à la réalité crue du conflit libanais, le film lutte contre l’oubli et l’indifférence. L’art, ici représenté par le théâtre et le cinéma, devient un vecteur essentiel pour transmettre l’expérience de la guerre aux générations futures. Il permet de maintenir vivace le souvenir des atrocités passées, servant ainsi de rempart contre la répétition de l’histoire. En mettant en scène la collision entre l’idéalisme et la brutalité de la guerre, le film nous rappelle l’importance de rester vigilants face à l’absurdité des conflits humains.

_________

15 janvier 2025 en salle | 1h 56min | Drame
De David Oelhoffen | 
Par David Oelhoffen
Avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa