Maël Jones – Ça fait du bien : Une quête existentielle dans un monde surfait et conformiste


Noël est la période de consommation par excellence et c’est peut-être le bon moment de vous présenter le nouveau single de Maël Jones, « Ça fait du bien » sorti en novembre dernier. On a été surpris par la manière de cette chanson à décrire avec justesse le Mal être de notre époque très fausse. Il y a presque dix ans, sortait la chanson Moddadiction du groupe Pleymo dans l’album ROCK, qui analysait avec justesse et réalisme noir la perdition de notre génération « addict ou con ». Ici, Maël Jones composé de Maëlle Laduron et Jonathan Neefs refont une description du Mal suprême et l’insèrent dans leur univers Electro Pop. Et c’est vrai, toute dépendance n’est qu’un moyen de fuir la réalité qui nous gêne. On consomme pour oublier nos vrais problèmes, notre propre addiction à l’hyper-consommation compulsive va progressivement détruire notre vie, créer un problème sur une montagne de problèmes.

Dans un monde dans lequel l’hyper-consommation règne, cette chanson met en lumière une réalité troublante : l’achat compulsif comme échappatoire aux véritables problèmes. Chaque transaction devient un moment de répit, une illusion d’épanouissement. Les paroles jouent sur l’ambiguïté du plaisir instantané que procure la dépense, avec des refrains tels que « C’est fou comme ça fait du bien » qui traduisent un bonheur éphémère, vite dissipé.

Devenir l’esclave d’un acte et d’un désir

En psychanalyse et en neuroscience on parle de circuit de la récompense, c’est l’attente de l’achat, le moment où l’on espère, où l’on imagine acquérir qui est le mieux et plus plaisant. Une fois l’objet des désirs obtenu, nous retombons et pour revivre cela, il faut réitérer un achat. Plus on s’y soumet et plus l’acte pour obtenir le même plaisir devra être plus couteux ! Nous devenons esclaves d’une envie.

Après l’achat, il y a la gestion compliquée à prendre en compte. L’accumulation, symbolisée par un sac plein et un cœur léger, reflète un paradoxe : combler un vide intérieur par des objets matériels ne fait qu’ajouter des dettes et des désillusions. L’expression « danser avec le hasard et l’heure » illustre l’insouciance face aux conséquences, où l’élégance devient une justification fragile pour des choix destructeurs. Cette fuite en avant, sans lendemain ni plan tracé, évoque une addiction insidieuse, celle de la surconsommation, qui promet tout, mais n’apporte rien de durable.

Ainsi, les paroles de cette chanson, rappellent que le bonheur ne se trouve pas dans les tiroirs remplis ni dans les sacs chargés. Derrière les achats compulsifs, un gouffre se creuse, transformant une solution de façade en un problème majeur, au risque de noyer ses peines sous une montagne de dettes et de regrets.

La chanson ne se limite pas à cet angle sociétal. En plus de l’addiction à l’hyper-consommation, la chanson explore le rapport au temps et au conformisme. Elle oppose une vie insouciante, rythmée par l’instant présent (« je danse avec le hasard et l’heure ») à un monde structuré par des attentes sociales (« le monde attend des plans bien tracés »). Elle questionne aussi la quête de légèreté et d’élégance comme masque des insécurités profondes, tout en évoquant le déni face aux responsabilités (« les dettes, c’est pour ceux qui ont peur »), amplifiant le cycle d’évasion et de fuite.

Une chanson existentialiste contre le conformiste de la société

Peut-être que cette chanson offre une vision existentialiste contre les attentes sociales. Selon Princia Annie NSUMBU IKORE « La vie n’est pas une course de vitesse, mais plutôt un marathon où la réussite dépend de notre connaissance de soi et de notre alignement.« , mais cette idée de liste de course très organisée avec des obligations de répondre à un timing de convention sociale, nous fait penser à Heath Ledger, à qui l’on attribue cette citation. Dans une interview aurait dit que personne ne s’occupe de savoir si tu es heureux, pourtant tellement essentiel !

« Les gens te demandent toujours si tu as un boulot, si tu es marié, si tu as une maison. Comme si la vie était une liste de course. Personne ne te demande jamais si tu es juste heureux.« 

Moddadiction n’est finalement que le reflet d’une société en panne. Un peu comme celle de Métropolis de Starmania. Car « Le pire a toujours plus d’influence… dans la panique on consomme… » pour essayer d’oublier notre vie avec « des envies mal calibrées….C’est fou de croire qu’on peut tout avoir »

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