Il y a quelques semaines nous sortions notre article sur Vingt Dieux. Et ce fut la grande surprise en termes de visites et vues (+8000 vues en 48h… habituellement ce score est celui des grosses news issues de Paramount ou Metropolitan).

Il manque quelque chose pour apporter plus de réalisme

Vingt Dieux, réalisé par Louise Courvoisier, est indéniablement un succès qui a su trouver son public. Ce film, ancré dans une atmosphère régionale authentique, explore des thèmes universels comme l’amitié, la résilience et les défis de l’enfance. Grâce à une réalisation soignée et à une direction d’acteurs remarquable, Vingt Dieux parvient à capturer des instants de vie touchants qui résonnent auprès de nombreux spectateurs. Pourtant, malgré ses nombreuses qualités, il manque un ingrédient essentiel pour transformer ce joli film en une véritable œuvre marquante.

Il faut reconnaître que Vingt Dieux surprend par son approche narrative et sa capacité à tisser un lien émotionnel avec le spectateur. Mais ce qui frappe en sortant de la salle, c’est l’absence d’un élément vraiment pétillant, d’une étincelle mémorable qui pourrait élever le film au-delà du statut de simple « comédie dramatique sympa ». On pense inévitablement à Amanda, ce chef-d’œuvre bouleversant qui laissait le spectateur littéralement sous le choc. Amanda brillait par son authenticité, sa profondeur et, surtout, par sa capacité à provoquer de grandes émotions, un effet qui manque à Vingt Dieux. Ici, on a plutôt affaire à une histoire plaisante, mais sans coup de théâtre majeur, un récit qui émeut sans transcender.

Un autre point de comparaison avec Amanda soulève une question troublante : où sont les services sociaux dans Vingt Dieux ? Le film s’intéresse aux relations entre ses jeunes protagonistes, notamment leur solidarité entre amis, mais il fait l’impasse sur des aspects essentiels de leur réalité. Le spectateur est laissé avec des interrogations qui restent sans réponse : qu’en est-il de la famille de ces enfants ?

Qu’en est-il de leur vie à l’école, ou des adultes censés les accompagner et les soutenir dans cette situation délicate ? Ce manque de réalisme dans la manière dont les institutions sociales sont présentées – ou plutôt ignorées – empêche le film de toucher une corde plus profonde et universelle. Dans Amanda, cette dimension était magnifiquement intégrée, ajoutant une crédibilité qui renforçait l’impact émotionnel du récit. Ici, son absence crée un vide qui finit par gêner l’immersion.

Et tout cela était calculé ?

Autre hypothèse, Amanda prend son récit dans un contexte d’attentat et donc l’ensemble des services de l’État était sur le qui-vive. Dans Vingt Dieux, ce n’est pas le cas, nous sommes dans un lieu coupé des services de l’État, un lieu où les habitants vivent de concert avec leur propre fonctionnement. En ce sens, le film dénonce une forme de mépris de la part des institutions du monde rural se tuant à la tâche.

Cela dit, il serait injuste de passer sous silence les qualités de Vingt Dieux. Le film réussit à capturer une atmosphère régionale unique, qui ajoute une belle touche d’authenticité à l’ensemble. La mise en scène délicate de Louise Courvoisier témoigne d’un véritable talent, et les jeunes acteurs livrent des performances sincères et attachantes. Malgré ses faiblesses, Vingt Dieux reste une comédie dramatique agréable, dotée de moments touchants et d’une énergie contagieuse.

Vingt Dieux est un bon film, mais il manque ce supplément d’âme qui aurait pu en faire une œuvre inoubliable. Il touche, il amuse, mais il ne bouleverse pas. Avec une approche plus approfondie de la réalité sociale et une étincelle d’émotion supplémentaire, il aurait pu se hisser au niveau des grands films comme Amanda. Pour l’heure, il reste une jolie comédie dramatique qui mérite d’être vue, mais qui ne marque pas autant qu’elle le pourrait.