Sandrine Kiberlain se métamorphose en Sarah Bernhardt dans le film de Guillaume Nicloux. Certains seront choqués par le jeu, mais n’est-ce pas ici tout le propos ? Montrer une femme qui est toujours dans l’excès et dans le jeu, quelqu’un qui est tellement dans cette posture qu’elle en vient à ne jamais vraiment dire le fond de ses désirs. Un film montrant une femme entourée, mais cruellement seule. On peut avoir tout, être désiré de toutes et tous, mais ne pas avoir l’essentiel, l’Amour.

Un film à la fois troublant et étrange sur une figure Nationale et reine du patrimoine du théâtre français. Il traite de l’amour de Sarah Bernhardt pour Lucien. On montre une femme dans la démesure ne quittant jamais son personnage. Son entourage finit par ne plus savoir où est la sincérité ou le jeu, la femme ou l’actrice.
Au-delà de sa vie et ses mondanités excessives, on la montre dans son combat dans l’Affaire Dreyfus en poussant Zola à faire sa lettre « J’accuse ». Sur le plan historique, plusieurs informations montrent en effet que la comédienne a surement joué un rôle dans ce combat. Du moins la plus belle des traces est la lettre pleine de gratitude que Sarah Bernhardt a envoyée à Zola.
Un film sur le théâtre ou l’Art de la vérité
Selon le personnage incarné par Sandrine Kiberlain, la vérité n’existe qu’au présent, le théâtre étant l’art de la représentation à un temps T, il est donc l’Art de la Vérité. Ses frasques, son talent et aussi sa personnalité ont fait d’elle un trésor national salué par Clemenceau et plusieurs contemporains. Tant aimée et pourtant si seule, c’est cela qui ressort de ce film.
La solitude des personnalités publique
Le film offre un aperçu poignant de la solitude qui peut habiter une personnalité publique, même au sommet de sa gloire. À travers le personnage de Sarah Bernhardt, nous découvrons une femme adulée par les foules, mais profondément seule dans sa vie intime. Il y a un culte de la personnalité qu’elle entretient et qui créait une barrière invisible.
Le film met en lumière les relations amoureuses tumultueuses de Sarah Bernhardt, notamment avec Lucien Guitry, joué par Laurent Lafitte. Malgré l’intensité de ses sentiments, Sarah semble incapable de vivre pleinement cet amour. Lorsque l’homme qu’elle aime la quitte, elle tente de combler le vide par une frénésie de fêtes, de dépenses et de voyages, mais rien ne parvient à apaiser sa solitude. Cette incapacité à aimer pleinement pourrait trouver ses racines dans son enfance difficile, marquée par l’abandon de sa mère et la maltraitance, des blessures dont on ne guérit jamais totalement.

Paradoxalement, c’est peut-être cette solitude qui nourrit la passion de Sarah Bernhardt pour son art. Le film suggère que seuls son métier et l’adoration du public parviennent à la consoler véritablement. Cette dualité entre la gloire publique et la solitude intime souligne la complexité du personnage de Sarah Bernhardt, une femme qui, malgré son audace et son indépendance, reste profondément marquée par ses blessures passées et sa quête inassouvie d’amour.
Parler sincèrement sans jouer un rôle, c’est ouvrir son âme à tout vent, mais vivre une vie sans amour véritable, peut être aussi violent qu’une vie sans lumière ! Sarah Bernhardt, celle de Guillaume Nicloux est à la fois touchante et détestable, mais elle est tellement Sarah Bernhardt, cette première grande star française !
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18 décembre 2024 en salle | 1h 38min | Drame, Romance
De Guillaume Nicloux |
Par Nathalie Leuthreau
Avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar
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Une réflexion sur “Sarah Bernhardt, La Divine | La solitude des sommets”