Noémie Merlant livre un film de genre coincé entre le féminisme et l’idéal du désir, un peu comme peut-être de nos jours les romantiques désabusés perdus entre l’Art de la séduction et la peur de la niaiserie adolescente.
En plein plan canicule, les femmes sont au balcon d’un carré d’immeubles bien animé, dans une ambiance méditerranéenne contrastant avec le glissement lent de la comédie au film de genre.
Denise, Nicole, Ruby et Elise, forment ces femmes fortes subissant quotidiennement les violences des hommes dans cette comédie déjantée et très creepy !
Ce trio de choc est l’élément central du film, qui au premier abord semble beau et ensoleillé, mais qui derrière cache de sombres choses glauques. Un peu comme dans notre quotidien, où il est primordiale de ne pas fermer les yeux sur les apparences parfois trompeuses.
Déconstruction de la féminité
Le film cherche également à parler de la Femme du 21e siècle, en déconstruisant la féminité et tenter de séparer le genre, de la sexualisation. Mais il est complexe de faire cela sans comprendre qu’être une femme féminine, ça n’existe pas, c’est une attitude et une essence… Même une femme en Jogging ou en Jean peut être féminine !
Ces trois femmes sont belles, mais les hommes imposent leurs conditions. La réalisatrice va réussir à faire un twist en montrant la perception des femmes sur l’Homme et celle des hommes qui n’est qu’un cocktail entre domination, sexualité et pouvoir obtenu par le métier. L’avocat plaide et brille de son statut social, le photographe impose son regard sur la beauté contaminée par ses pensées lubriques. Chacun des hommes du quartier semble n’être d’une caricature et déguisé comme le loup du petit chaperon rouge, afin d’arriver à ses fins. Lorsque cela ne fonctionne pas, la violence ressort.

Retomber dans la sexualisation de tout
Étrangement, le film va sexualiser des éléments comme de la terre, comme pour tenter de nous dire qu’il existe plusieurs sexualités : celle encadrée et bienveillante en opposition à celle de la domination. En somme, une forme de conflit entre le désir sublimé par l’esprit et celui du monde concret où la masculinité toxique a détruit l’essence d’un désir romantique à base de désirs pulsionnels. Cette dernière s’oppose à la liberté et le consentement, on ne veut pas le bien de l’autre, mais uniquement posséder l’autre et être le maître.
Dans ce cas, on ne cherche pas à écouter les besoins de l’autre, mais d’abord les siens, car ici tout n’est qu’une question de pulsion et d’éviter de connaitre la notion de frustration. Quand cela se présente, au lieu d’accepter un refus, le beau prince pas très charmant se transforme en monstre violent.

Notre avis en quelques mots : Ce film est visuellement beau et audacieux, flirtant entre les genres, mais l’écueil de retomber dans la sexualisation de tout revient à déconstruire ce qui a été entrepris durant tout le film. Le film permet de découvrir une palette d’actrices qui ont encore beaucoup de chose à montrer et surtout à dire ! Une leçon sur sororité et l’entraide pour sortir des violences commises sur les Femmes et envers elles.
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11 décembre 2024 en salle | 1h 43min | Comédie, Fantastique
De Noémie Merlant |
Par Noémie Merlant
Avec Souheila Yacoub, Sanda Codreanu, Noémie Merlant
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Une réflexion sur “Les Femmes au balcon – Creepy, sexy et féministe !”