LEURS ENFANTS APRES EUX – Un film touchant et poignant par sa vérité !


Le film Leurs enfants après eux est une jolie playlist de morceaux Rock, Grunge et le récit d’une jeunesse, celle des années 90. Malgré quelques anachronismes dans le choix de musique intradiégétique comme Californication des Red Hot Chilli Peppers sortie en 1999, mais diffusé à une fête se déroulant en 1992. Le reste des chansons sont contemporaines aux protagonistes, comme « Savoir Aimer » de Florent Pagny, qui est diffusée dans une fête se passant l’été 1998, sur un contexte de coupe du monde victorieuse pour la France et la mélodie au piano du cultissime « I will survive ».

Le film est aussi une série de réinterprétations des tubes comme Where Is My Mind des Pixies par Amaury Chabauty et Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Where Did You Sleep Last Night de Nirvana n’y échappe pas non plus, une version surprenante, car elle est paradoxale entre la douceur des voix et la noirceur des textes. L’ensemble est grunge, Rock et on a des t-shirts Nirvana, des patchs STAIND cousus directement sur des marcels.

Si la musique est Rock et Grunge, le quotidien est aussi celui des années 90 avec ces fameux « couvres sièges » de voiture en billes de bois, que l’on pouvait trouver dans de nombreuses automobiles.

La complexité des relations parent-enfant – Smells Like Teen Spirit

Au-delà d’un film musical et nostalgique, il y a aussi la mise en scène de la complexité des relations parent-enfant à l’age adolescent. Le film est aussi l’éternel désir d’entendre son père nous dire « ça va aller » quand nous sommes au plus difficile moment de notre vie. Le fil conducteur se fait par une histoire de fille, celle avec qui ç’aurait pu marcher, mais ça ne s’est jamais passé, car la vie ne l’a jamais vraiment permis. Le protagoniste attend toujours que l’occasion se présente, mais à chaque fois, il y a quelque chose qui tourne à l’échec.

Le film est à l’image de Smells Like Teen Spirit, l’illustration de la crise adolescence : c’est se sentir invisible et pourtant si fragile à la fois. C’est avoir des sentiments envahissants et la peur de l’avenir. Cet éternel ennui et envie de toujours plus. Le tout face à un quotidien compliqué.

Comprendre le cadre socio-économique du film

Dans la France industrielle des années 90, la peur de l’avenir s’installe comme un spectre omniprésent, alimentée par une crise économique qui frappe de plein fouet le pays. La désindustrialisation, amorcée dès le début de la décennie, provoque une chute brutale de 9,5% de la production manufacturière entre le premier trimestre 1990 et le quatrième trimestre 1993. Cette descente aux enfers économique engendre une angoisse palpable chez les parents, confrontés à un avenir incertain pour eux-mêmes et leurs enfants. La perte de compétitivité de l’industrie française, notamment face à l’Allemagne, et la fermeture de nombreuses usines créent un climat de tension et d’insécurité sociale.

Un peu comme dans Starmania où Johnny Rockfort criait « pas d’passé pas d’avenir », le film montre une jeunesse en mouvement dans un monde immobile et pleine d’un optimiste désabusé. Les adultes attendent beaucoup, mais n’ont plus rien, du moins la classe populaire peine face aux plus aisés.

Ce contexte de restructuration industrielle transforme le paysage français en une sorte de « western moderne ». Les villes autrefois prospères deviennent des territoires en friche, où les usines désaffectées remplacent les saloons abandonnés. Les parents, tels des pionniers désorientés, doivent naviguer dans ce nouveau monde hostile, cherchant à protéger leurs enfants d’un avenir qui semble de plus en plus précaire. Du moins, on les voit se battre et cherchent à toujours les éduquer de la meilleure manière qu’il soit, même si certaines sanctions peuvent être brutales. La hausse du chômage, qui explose avec 16,7% de la population active touchée, reflète une réalité en France, où les opportunités se font rares et la compétition pour les emplois s’intensifie.

La crise économique accentue les crises inter-familiales

Cette atmosphère de crise a des répercussions profondes sur la santé mentale des familles. Les tensions intrafamiliales, renforcées par l’insécurité sociale, alimentaire et énergétique, affectent le bien-être et la santé des enfants. La détérioration de la santé mentale lors de la période de récession économique semble davantage liée aux pertes de revenus et aux angoisses parentales sur l’insécurité de l’emploi qu’au taux de chômage lui-même. Dans ce « Far West » économique, les parents luttent pour maintenir l’espoir et la stabilité, tandis que leurs enfants grandissent dans l’ombre d’un avenir incertain, comme des héros malgré eux dans un récit de survie moderne.

Le film LEURS ENFANTS APRES EUX est un film touchant et poignant par sa vérité ! Le tout porté par un casting d’une justesse, Paul Kircher, Angelina Woreth, Christine Gautier et Sayyid El Alami incarnent la nouvelle génération, face à un Gilles Lellouche hanté et une Ludivine Sagnier mère-courage.

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Note : 5 sur 5.

4 décembre 2024 en salle | 2h 16min | Drame
De Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma | 
Par Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma
Avec Paul Kircher, Angelina Woreth, Sayyid El Alami

Track list des chansons du film

Run to the Hills » – Iron Maiden (1982)
« Pretend We’re Dead » – L7 (1992)
« Mr Loverman » – Shabba Ranks (1992)
« Non soumis à l’État » – IAM (1991)
« Where Did You Sleep Last Night » (Leadbelly) – repris par Amaury Chabauty et Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois
« My Lovin’ (You’re Never Gonna Get It) » – En Vogue (1992)
« Under the Bridge » – Red Hot Chili Peppers (1991)
« Je te donne » – Jean-Jacques Goldman, Michael Jones (1985)
« Bust a Move » – Young MC
« Feed My Frankenstein » – Alice Cooper (1991)
« Genius of Love » – Tom Tom Club (1981)
« Where Is My Mind » (Charles Thompson / Pixies) – repris par Amaury Chabauty et Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois
« I Don’t Want a Lover » – Texas (1989)
« Rivers of Babylon » – Boney M (1978)
« Samedi soir sur la terre » – Francis Cabrel (1994)
« Nothing Else Matters » – Metallica (1991)
« Que je t’aime » – Johnny Hallyday (2019)
« Savoir aimer » – Florent Pagny (1997)
« La Fièvre » – Suprême NTM (1995)
« You Can’t Hurry Love » – The Supremes (1966)
« I Will Survive » (Dino Fekaris, Frederick J. Perren / Gloria Gaynor) – repris par Amaury Chabauty
« Born to Run » – Bruce Springsteen (1975) – Générique de fin

Infos années de parution des chansons citées

Dream On – Aerosmith
Première sortie : 27 juin 19731
Deuxième sortie : 1975 (date précise non spécifiée)

Californication – Red Hot Chili Peppers
Sortie : 1999 (date précise non spécifiée)

Where Is My Mind? – Pixies
Sortie : 21 mars 19882

Nothing Else Matters – Metallica
Sortie : 20 avril 1992

Savoir aimer – de Florent Pagny
Sortie le 24 novembre 1997.


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