Le film Le Panache de Jennifer Devoldère, s’inscrit dans la lignée des teen movies tout en apportant une touche de fraîcheur et de modernité au genre. Cette comédie familiale aborde avec tendresse et sensibilité les thèmes de la différence, de la quête identitaire et du dépassement de soi.
Un teen movie sur la quête identitaire
Le film suit Colin, un adolescent de 14 ans bègue, qui intègre un nouveau collège. Cette prémisse place d’emblée le protagoniste dans une situation de vulnérabilité et d’isolement, caractéristique des teen movies traitant de la recherche de sa place dans un monde conformiste. Le bégaiement de Colin symbolise la différence qui le marginalise, illustrant parfaitement les difficultés rencontrées par de nombreux adolescents pour s’intégrer et s’affirmer. Avoir l’impression de ne pas être apte à avoir une conversation dans l’instant, devoir toujours réfléchir plusieurs fois sur la manière de formuler ou dire un mot. La peur de parler, car parler ne reflète jamais le cours de la pensée. La réalisatrice arrive à montrer cette souffrance, ce quotidien d’isolement.
Le choix de Jennifer Devoldère de faire jouer Joachim Arseguel, un véritable bègue, dans le rôle principal apporte une authenticité et une profondeur supplémentaires au film. Cette décision audacieuse renforce le message de tolérance et d’acceptation de soi que le film cherche à transmettre.

Des influences cinématographiques marquantes
Le film puise son inspiration dans des classiques du genre tels que Le Cercle des Poètes Disparus et Stand By Me. On retrouve notamment la figure du professeur charismatique, incarné ici par Monsieur Devarseau, qui pousse Colin à affronter ses peurs et à sortir de son isolement. Cette dynamique rappelle celle entre Robin Williams et ses élèves dans Le Cercle des Poètes Disparus, tout en l’adaptant à un contexte plus contemporain.
Le film s’inscrit également dans la tradition des récits initiatiques, où un groupe d’adolescents se lie d’amitié et grandit ensemble à travers une expérience commune. Ici, c’est le projet de monter sur scène pour jouer Cyrano qui sert de catalyseur à l’évolution des personnages. On notera aussi le traitement de l’orientation et du genre, fait de manière simple et bienveillante. On ne juge personne, on donne même envie d’aller aider ces adolescents qui cherchent à exister et à ne plus être sans cesse brimés.
Seul contre le reste du monde : la différence comme force
Le personnage de Colin incarne parfaitement le concept de « panache » tel que défini par Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac. Malgré son bégaiement qui le distingue et le marginalise, il trouve la force de s’affirmer et de briller sur scène. Son parcours illustre l’idée que la différence, loin d’être un handicap, peut devenir une source de force et d’inspiration.
Le film traite avec justesse et sensibilité du thème de la recherche de soi à l’adolescence. Il montre comment Colin, en acceptant sa différence et en osant se mettre en avant, parvient à trouver sa place et à s’épanouir. Cette évolution personnelle est rendue possible grâce au soutien de ses amis et de son professeur, soulignant l’importance des relations humaines dans le développement personnel. On a tous rencontré dans notre scolarité un adulte ou un professeur qui a vu chez nous quelque chose, qui nous a fait aimer une matière ou une chose qu’on n’avait pas encore perçue en nous. Que ce soit Le remplaçant, L’instit‘ ou GTO, la figure du professeur aidant à l’éclosion est importante. Elle aide à concilier le divertissement et la sensibilisation sur des thèmes majeurs comme le harcèlement scolaire, la phobie scolaire ou encore la dépression.

Certes, ce film ne révolutionne en rien le gendre du drame et de la comédie ! C’est un film qui se regarde et qui propose quelque chose de bienveillant, livrant ainsi un message positif et inspirant sur la tolérance, l’acceptation de soi et le dépassement de ses limites. En mettant en scène un héros atypique qui trouve sa voie grâce au théâtre, le film offre une belle leçon d’humilité et d’humanité, tout en divertissant son public avec humour et émotion.
Le panache c’est quoi ? Dans Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand définit le panache comme une bravoure teintée de grâce et d’élégance, une manière d’affronter la vie avec dignité, grandeur, et une touche de flamboyance, même dans l’adversité. Plus qu’une simple bravoure, il symbolise une quête de beauté dans l’action, un éclat unique qui transcende les épreuves. Ce mot, plein de poésie, apparaît écrit au tableau dans une scène du film où un professeur évoque la pièce.
__________
20 novembre 2024 en salle | 1h 33min | Comédie dramatique
De Jennifer Devoldere |
Par Cécile Sellam
Avec Joachim Arseguel, José Garcia, Aure Atika
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


Une réflexion sur “On a vu pour vous Le Panache de Jennifer Devoldère”