Ce film est troublant, à la fois poétique et tellement sombre. Par la force des mots et des images, on montre l’une des périodes la plus sombre de l’Humanité.  Une histoire dans la Grande Histoire, une leçon sur l’importance de l’amour, celui que l’on donne à un enfant, reçu comme un cadeau tombé du ciel. 

Dans le film d’animation de Michel Hazanavicius, le thème de l’amour maternel se déploie comme un puissant contrepoint à l’horreur de la Shoah, offrant une réflexion profonde sur la résilience humaine face à l’indicible.

L’amour maternel comme acte de résistance

Au cœur de ce conte poignant, la figure de la bûcheronne incarne une maternité qui transcende les liens du sang. Son désir d’enfant, exprimé dans sa prière au « dieu du train », trouve une réponse inattendue lorsqu’un bébé est jeté d’un wagon de déportés. En recueillant cet enfant, la bûcheronne pose un acte d’amour qui défie la logique meurtrière de la guerre. Sa décision de sauver et d’élever cette « précieuse marchandise » devient un geste de résistance passive, mais puissante contre la déshumanisation orchestrée par les nazis.

La transformation par l’amour

Le film explore comment l’amour peut transformer, même les cœurs les plus endurcis. Le bûcheron, initialement hostile à l’idée d’accueillir l’enfant, voit son humanité renaître au contact de cette nouvelle présence. Cette évolution illustre comment l’amour peut agir comme un antidote au poison de la haine et de l’indifférence propagé par la guerre.

Ainsi, l’amour comme rempart contre l’absurdité permet, dans un contexte où la vie humaine est réduite à une « marchandise », l’amour inconditionnel de la bûcheronne pour l’enfant réaffirme la valeur inestimable de chaque être. Cet amour devient un acte de rébellion contre l’absurdité des crimes contre l’humanité, rappelant que chaque vie sauvée est une victoire contre la barbarie.

La transmission de l’espoir, une réflexion universelle

Le film suggère que l’amour donné aux autres, en particulier aux enfants, est un moyen de perpétuer l’espoir et la vie malgré les circonstances les plus sombres. La décision du père biologique de jeter son enfant du train, un acte d’amour désespéré, trouve son écho dans l’amour de la bûcheronne, créant ainsi une chaîne de compassion qui transcende les horreurs de la guerre.

En traitant la Shoah à travers le prisme d’un conte, le réalisateur parvient à aborder ce sujet difficile d’une manière accessible et profondément émouvante. L’utilisation de l’animation et d’une narration symbolique permet au film d’explorer des thèmes universels tels que l’empathie, la survie et la nature humaine, tout en restant respectueux de la gravité historique.

La plus précieuse des marchandises présente l’amour maternel et l’amour pour l’humanité comme des forces capables de s’opposer à la cruauté et à l’absurdité de la guerre. Le film suggère que c’est dans notre capacité à aimer et à prendre soin les uns des autres, même dans les circonstances les plus désespérées, que réside notre plus grande force contre la barbarie. Il nous rappelle que l’amour, dans sa forme la plus pure et désintéressée, reste le rempart le plus solide contre la déshumanisation et l’oubli, offrant une lueur d’espoir et de rédemption au milieu des ténèbres de l’Histoire.

Notre analyse en quelques lignes

Dans ce film, l’amour permet de survivre, de ne pas sombrer dans l’obscurantisme. La vie doit continue et perdurer, le reste n’est que résilience. Comment survivre au plus grand crime contre l’Humanité ? Le conte décide de renommer l’ennemie comme des sans-cœur, afin de les séparer de l’espèce humaine. Un moyen de les déshumaniser et de pouvoir expliquer comment on a pu faire cela, un moyen de retrouver du sens dans l’absurdité. Un film difficile à voir tant certaines images sont brutales et réveillent, mais ne rien dire et fermer les yeux n’est-il pas le risque de laisse libre voie à la répétition d’un crime ?

| Attention au jeune public, ce film contient des images sensibles |

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20 novembre 2024 en salle | 1h 21min | Animation, Drame, Historique
De Michel Hazanavicius | 
Par Michel Hazanavicius, Jean-Claude Grumberg
Avec Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc, Denis Podalydès