Dans Les Tempêtes de Dania Reymond-Boughenou, en salles le 20 novembre 2024, le réel et le surnaturel s’entrelacent avec intensité. Le film suit Nacer (Khaled Benaissa), un journaliste confronté à d’étranges tempêtes de poussière jaune, semant chaos et confusion. Alors que ces phénomènes se multiplient, sa femme Fajar (Camélia Jordana) réapparaît mystérieusement. Mêlant drame personnel et fantastique, ce long-métrage explore mémoire, deuil et passé trouble, sur fond de menace environnementale.
Ce film nous a beaucoup fait penser à 440, Les Revenants ou encore Glitch. Ici, nous sommes moins dans le surnaturel, mais dans le questionnement de la foi et notre rapport à la mort. Le casting est surprenant, offrant une belle prestation de Khaled Benaissa, vu dans Barbès little Algérie, proposant un jeu nuancé. La vraie surprise du film avec Camélia Jordana, qui est dans un registre différent de celui déjà proposé dans ses différentes apparitions.

Un film de symboles : Le lion et la tempête
Dans la tradition marocaine, le lion est souvent associé aux saints et à leur pouvoir sur la vie et la mort. De nombreuses légendes racontent comment des saints musulmans domptaient ou commandaient des lions, prouvant ainsi leur charisme et leurs pouvoirs miraculeux. Le lion est parfois présenté comme l’exécuteur de la justice divine à la demande des saints.
Les tempêtes, dans la tradition islamique marocaine, sont souvent vues comme une expression puissante de la grandeur d’Allah, rappelant aux croyants l’immensité de la création divine et la petitesse de l’homme face aux forces de la nature. Le Coran évoque les vents et les tempêtes comme des signes de la puissance divine. Dans ce contexte, ces phénomènes sont perçus comme des épreuves visant à tester la foi et la patience des fidèles, ou encore comme des moyens de purification spirituelle, incitant au repentir et au rapprochement avec Dieu.
Symboles de changement, les tempêtes sont parfois associées à l’idée de transformation et de renouveau, pouvant annoncer la fin d’une période difficile et l’ouverture d’une nouvelle ère. Dans certaines croyances populaires, elles sont aussi vues comme des éléments capables de repousser les esprits maléfiques. Face à ces manifestations de la nature, les musulmans ont pour coutume d’adresse des prières pour demander la protection.

La symbolique qui nous intéresse dans ce film, c’est le côté annonciation de la fin. Certaines interprétations voient dans ce phénomène des signes eschatologiques, rappelant l’imminence du Jugement Dernier et l’importance de la préparation spirituelle. Ces interprétations varient selon les régions et traditions locales.
Le film va donc sans cesse essayer d’instaurer le doute chez le spectateur sur ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui vient du Divin ou ce qui peut s’apparenter à la folie. Ce retour étrange de personnes disparues est un signe ou simplement une chance ? Un paradoxe temporel ou un trou entre de monde ? Tout cela nous permet de nous redéfinir dans notre attente des autres et ce qu’on aimerait leur dire avant qu’il ne soit trop tard. On n’a pas tous la capacité de revoir quelqu’un… Les tempêtes ouvrant des portails sur l’au-delà ne sont pas courantes !
Les tempêtes, un film de genre qui ose et reste dans le style du cinéma d’auteur.
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20 novembre 2024 en salle | 1h 24min | Drame, Fantastique
De Dania Reymond |
Par Dania Reymond, Virginie Legeay
Avec Camélia Jordana, Khaled Benaissa, Shirine Boutella
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Une réflexion sur “Les tempêtes, on veut tous une seconde chance de dire au revoir”