Desert of Namibia, comment fait-on pour être heureux ?


L’itinéraire d’une jeune femme qui se cherche. Le film est plein de mélancolie et les scènes en intérieur offre une aperçue de ce spleen qui hante l’héroïne, en contraste avec les scènes en extérieur où lorsqu’elle est accompagnée semble jouer un rôle.

Dans Desert of Namibia, le réalisateur Yoko Yamanaka offre une représentation non conventionnelle et complexe de la femme japonaise contemporaine à travers le personnage de Kana, interprété par Yuumi Kawai.

Kana, portrait d’une femme japonaise complexe

Kana est dépeinte comme une jeune femme de 21 ans qui défie les attentes traditionnelles de la société japonaise envers les femmes. Elle est décrite comme égocentrique, cruelle envers ses petits amis, menteuse occasionnelle et parfois violente. Cette caractérisation va à l’encontre de l’image stéréotypée de la femme japonaise douce et soumise. Le film explore la façon dont Kana navigue dans ses relations avec les hommes, passant d’un petit ami à l’autre, manipulant et rejetant ceux qui l’entourent. Cette représentation souligne la complexité des relations homme-femme dans le Japon moderne et remet en question les rôles de genre traditionnels.

Le rapport de Kana aux hommes est marqué par une ambivalence et une insatisfaction constantes. Elle trompe son petit ami Honda avec Hayashi, puis une fois installée avec ce dernier, elle devient insatisfaite et le maltraite. Cette dynamique illustre une forme de rébellion contre les attentes sociétales et une quête d’identité difficile. Le film suggère que ce comportement pourrait être lié à des problèmes de santé mentale, évoquant un possible diagnostic bipolaire. Ainsi, Yoko Yamanaka dresse le portrait d’une jeune femme en lutte contre les normes sociales japonaises, utilisant ses relations avec les hommes comme un moyen d’expression de son mal-être et de sa recherche de sens dans une société conformiste.

Une héroïne mélancolique

Une héroïne seule, triste et en tension permanente, qui cherche comment être heureuse à travers l’autre… Mais comme le dit si bien la psychologue, on peut penser et vouloir tout ce qui est possible, tant que ça reste dans notre corps et silencieux avec nous-même… N’est-ce pas là la meilleure façon de cultiver ses idées noires et sa frustration ?

Mais ce jugement ne fonctionne pas entièrement, car le biais culturel a une incidence énorme, le Japon est un autre monde où l’on s’excuse sans cesse et où l’on prend une posture de respect et d’humilité (dogeza – 土下座). Donc ne pas dire complètement ce que l’on pense fait partie du modèle de pensée de l’archipel.

Kana veut mille choses et leurs contraires. Elle cherche à coller les morceaux dans son esprit, mais s’ennuie de tout. Le film est porté avec grandeur par Yumi Kawai. Au cinéma dès le 13 novembre 2024.

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Note : 3 sur 5.

13 novembre 2024 en salle | 2h 17min | Drame
De Yoko Yamanaka | 
Par Yoko Yamanaka
Avec Yumi Kawai, Daichi Kaneko, Kanichiro
Titre original Namibia no sabaku


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