John Wax dévoile un film qui se veut bouleverser notre regard sur le handicape. En s’éloignant du pathos et en nous emmenant dans le quotidien d’une mère totalement larguée et épuisée, devant sans cesse courir après la montre pour trouver un logement, travailler et s’occuper de son fils.
Audrey Lamy incarne cette mère pommée et donne beaucoup de sa personne. Dans l’ensemble, le film traite très bien du sujet, mais fait parfois des raccourcis (Peut-être pour faciliter l’histoire et créer une presque HAPPY END?), notamment sur les procédures encadrant la scolarité des enfants atypiques.
Selon les professionnels de santé et l’administration interrogés, une commission se passe de manière plus longue et les dossiers sont étudiés par plusieurs personnes extérieures au quotidien de l’enfant et de la famille. À ce jour, Pupille et Hors Normes montre un peu mieux l’enfer administratif. Il y a l’excellent « T’en fais pas, j’suis là » (2020, Pierre Isoard) avec Samuel Le Bihan, qui reste encore à ce jour l’une des plus belles performances de l’acteur et un portrait sombre de l’incapacité des parents à devoir sans cesse jouer sur tous les tableaux pour s’occuper de leur enfant autiste.

Un film sur la rupture et non simplement l’autisme
Le réalisateur explique en interview avoir voulu parler de la rupture et non de l’autisme. « Ce n’est pas un film que sur l’autisme, c’est une histoire qui raconte comment on se reconstruit quand on est une femme de 40 ans, séparée avec un enfant.». Et on comprend bien qu’en regardant la manière de montrer le quotidien de l’héroïne combien ce film possède une part de lui.
L’épuisement des parents d’enfants autistes face à la complexité du quotidien
Ces parents d’enfants autistes se trouvent souvent dépassés par la multitude de rôles qu’ils doivent endosser. Jongler entre les soins spécialisés, l’éducation adaptée, la gestion émotionnelle et les tâches quotidiennes les pousse à leurs limites. Cette charge mentale et physique constante peut mener à un sentiment d’impuissance et d’épuisement. Et EN TONGS AU PIED DE L’HIMALAYA dit de manière poétique comment ces parents vont devoir porter leur enfant inadapté sur leurs épaules.
Un questionnement sur la place des parents, devant être aimant et aussi éducateur spé, leur impression de jamais faire bien, de ne pas être comme il faut. On comprend rapidement comment l’état abandonne ces parents par manque de place et structure adaptée. Le cauchemar est après 16 ans, où seule la Belgique a de quoi accueillir les adultes, mais il y a une distance, des coûts… Et tout le monde ne peut se le permettre.
Dans l’ensemble, le film propose un regard sur les parents devant faire le deuil de l’enfant imaginé et apprendre à se construire en étant équipé et en aidant au maximum cet enfant. Même si on se sent en tongs au pied de l’Himalaya, l’enfant, lui, malgré des outils de contournements, ne pourra pas faire face seul. Un récit sur un moment crucial, le passage au CP, mais aussi comprendre que chaque petite victoire sont des briques dans l’apprentissage différent du neuroatypique.
Ce film est aussi la performance d’un jeune acteur, Eden Lopes est âgé de 8 ans. Il a rencontré la coscénariste du film, Marie-Odile Weiss, pour déjeuner avec son fils autiste et a été coaché par une spécialiste pour comprendre et jouer la gestuelle et la diction.
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13 novembre 2024 en salle | 1h 33min | Comédie
De John Wax |
Par John Wax, Marie-Odile Weiss
Avec Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Eden Lopes
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Une réflexion sur “EN TONGS AU PIED DE L’HIMALAYA – La révolution d’une mère seule en pleine crise”