Un film sur la force de l’éducation et la question du devenir, avoir le choix d’être comme son père ou choisir le métier que l’on veut. Cette éducation décrite comme la voie des possibles.

On saluera la performance d’Alexandra Lamy, qui incarne Louise Violet, un personnage totalement créé pour les besoins du film pour représenter les institutrices de la Troisième République. Elles ont contribué à établir l’école gratuite, obligatoire et laïque dans les campagnes françaises à la fin du 19e siècle, dans une France encore très déconnectées des institutions et de la Capitale.

On est surpris de voir la condition de travail de ces nouveaux fonctionnaires, devant se battre avec des parents ne voulant pas perdre des travailleurs pour leur besogne. On découvre aussi par ce film l’établissement du calendrier scolaire où Juillet, Aout, septembre était deux grosses périodes dédiées aux récoltes, afin de ne pas priver les familles des bras de leurs enfants. Les professeurs devaient cumuler plusieurs emplois à côté de l’enseignement, du moins ceux envoyés dans les zones rurales.

On est surpris dans le film par la représentation des conditions de vies des enfants, des adultes miniatures devant travailler des heures aux champs, dans les chantiers.

Le film offre une représentation saisissante des conditions de vie difficiles des enfants à la fin du XIXe siècle en France rurale. Ces jeunes sont dépeints comme des « adultes miniatures », contraints de travailler de longues heures dans les champs et sur les chantiers au lieu d’aller à l’école.

Il met en lumière le conflit entre le besoin de main-d’œuvre des familles paysannes et l’idéal républicain d’éducation pour tous. Les parents, méfiants envers l’école, préfèrent garder leurs enfants pour travailler, craignant que l’instruction ne les pousse à quitter la campagne. Louise Violet, l’institutrice, se heurte à cette réalité en tentant d’imposer l’école obligatoire. Sa mission est de sortir ces enfants de l’ignorance et de leur offrir une chance d’avenir différent. Le film souligne le contraste frappant entre l’innocence de l’enfance et la dure réalité du travail précoce, illustrant les défis de l’époque pour mettre en place une éducation universelle.

Le droit à l’éducation et la réalité

Le film est bien construit, permettant au spectateur de découvrir le passé de Louis en même temps que les villageois. Il illustre aussi les valeurs des bons éducateurs passeurs de savoir devant avoir un droit de réserve sur leurs opinions personnelles en offrant des connaissances respectant les valeurs de la République et ceux de la Science Académique. Et n’oublions pas une chose, ce n’est pas parce qu’une chose est obligatoire que tout le monde a les moyens de se plier aux exigences. De nombreuses communes encore de nos jours n’ont pas les moyens de répondre aux obligations et aux droits de citoyens comme le droit de connexion à internet, le droit d’antennes. Pour l’éducation, il en est de même, de nombreux foyers au moment des études secondaires et universitaires devront faire des sacrifices pour aider leur enfant à faire des études ; quand cela n’est pas possible, des crédits vont devoir être souscrits. De plus en plus de petites communes isolées voient leur école fermer, ce film permet d’utiliser un idéal de l’éducation et le mettre en perspective de notre société. Le droit à l’éducation est un privilège, une richesse et un droit qui ne doit jamais être abandonné, car l’éducation est la voie des possibles.

En quelques mots, Louise Violet d’Eric Besnard est un film globalement beau dans son esthétique et la performance d’Alexandra Lamy est peut-être la seule chose qui captivera le spectateur. Le film laisse un sentiment étrange entre admiration pour ces femmes lettrées et l’envie plus que jamais de défendre le droit à l’éducation.

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6 novembre 2024 en salle | 1h 48min | Drame, Historique
De Eric Besnard | 
Par Eric Besnard
Avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Jérôme Kircher