Dans son film Rivière, Hugues Hariche arrive à montrer la souffrance d’une jeunesse tiraillée. Tous les protagonistes ont une vie brisée avec laquelle ils composent. Entre dépendance, déconnexion parentale, automutilation, chacun essaie de se sentir vivre par tous les moyens

Rivière : Le rapport au corps et construction de l’identité au moment de la crise adolescente
Ici, le rapport au corps est central et se concentre sur la manière dont les personnages, en particulier les adolescentes, explorent leur identité à travers leur corps en pleine évolution. Le réalisateur s’intéresse à la construction de l’identité à travers le corps, notamment pendant l’adolescence, une période marquée par le développement physique et la maladresse.
Manon et Karine (incarnée par Sarah Bramms, vue dans Kiss and Cry), les deux personnages principaux, repoussent les limites de leurs corps, prenant des risques et défiant le danger avec un sentiment d’invincibilité propre à l’adolescence. Leur relation se construit autour de leurs expériences corporelles, marquées par des blessures et une certaine solitude, qui finissent par les rapprocher. Cette exploration corporelle n’est pas seulement une question de découverte de la sexualité, mais plutôt un parcours d’émancipation où l’amitié et la connexion avec leur propre corps deviennent des éléments clés de la narration. « Je n’aime pas les filles, je n’aime que toi », elles se reconnaissent dans leurs solitudes et leurs blessures. Et aime voir en l’autre une réponse à leur propre quête identitaire.
Quant au sport, il tient une place importante. Le hockey, sport que pratique Manon, est également un élément clé du rapport au corps, reflétant sa personnalité et son combat pour s’affirmer. Ce sport d’équipe, qui implique des collisions, de la vitesse, et des actions brutales, devient un miroir de sa lutte intérieure et de son désir de repousser les limites, tout en cherchant sa place dans un univers souvent dominé par les hommes. Karine, elle va par le sport toujours se surpasser au point de ne plus être capable de suivre. La douleur, l’excès et l’alcool sont des stimulants réconfortant pour se sentir vivant à une période de la vie où nous sommes ni des adultes et plus des enfants.
Une quête en terrain miné, où chacun des ados vit dans une solitude, une incapacité de communiquer avec le monde des adultes. Pourtant, les différents coachs semblent avoir encore une emprise sur ces adolescents. On les admire, car ils ont les codes et les clés permettant d’aspirer une certaine liberté et notoriété dans le monde des sports. Ici, dans ce lieu sombre, tout le monde semble condamné à rester dans cette ville fermée sur elle-même, où les compétitions sportives et une carrière deviennent la seule occasion d’en sortir.
_____________
30 octobre 2024 en salle | 1h 44min | Drame
De Hugues Hariche |
Par Joanne Giger, Hugues Hariche
Avec Flavie Delangle, Sarah Bramms, Camille Rutherford
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


Une réflexion sur “Rivière – Si le spleen n’est plus à la mode, grandir ça fait souffrir.”