Aleks Grey sort l’album Boys get sad too | full Review


Aleks Grey sort un premier album après avoir conquis plusieurs radios norvégiennes, BBC et quelques radios UK ainsi que l’Allemagne. Ce qui nous a surpris en découvrant ce projet, c’est la maturité et aussi l’audace de proposer autant de titre fort dans un long format. Cela demande un travail émotionnel et beaucoup de temps. Si vous aimez la Folk, celle de Brett Dennen, The Passenger ou encore Bon Iver, Boys Get Sad Too est le disque à posséder !

01| You Broke Me Angel
02| 28
03| Miss You Anyway
04| Peter Parker
05| Five Minutes
06| Please Come Home
07| Someone Else
08| Sunset Cigarette
09| Hurte Me
10| Five Minutes (Acoustic)

You Broke Me Angel, une chanson sur un amour toxique et le combat pour s’en détacher

You Broke Me Angel ouvre l’album. La chanson se détache des suivantes par sa production un peu plus pop. La chanson exprime la douleur et la confusion émotionnelle d’une personne qui tente de gérer la fin d’une relation destructrice. Vous avez déjà vécu ce type de relation où vous savez combien elle est néfaste, mais vous mettez du temps à prendre vos distances, car une partie de vous est encore attachée à cette histoire et l’échec fait toujours mal. Prendre conscience du temps que l’on a perdu, quant aux sacrifices liés à cette histoire, ils deviennent pesants.

Le refrain répétitif souligne la blessure profonde causée par cette personne aimée. Alors, on utilise des distractions, comme sortir avec des amis ou fumer des cigarettes, pour échapper à l’impact émotionnel de cette rencontre imprévue. Les « yeux bleu-vert » de l’ex-partenaire rappellent à quel point l’attirance est forte, mais aussi dangereuse. L’idée conductrice de cette chanson est cette lutte entre l’attirance persistante et le besoin de guérison, où l’évitement devient une méthode de survie émotionnelle. Le sentiment d’épuisement et de vulnérabilité imprègne l’ensemble du texte.

Le second titre 28, l’un de nos préférés.

Avec une production entrainante, douce et apaisante, c’est notre coup de cœur. On a décidé d’y consacrer du temps, de laisser grandir en nous cette sensation de connexion. La chanson évoque la distance émotionnelle qui s’installe entre les amis et les proches, tout en exprimant un regret face à l’impossibilité de revenir en arrière.

Cette chanson explore les sentiments complexes de nostalgie et de perte liés au passage à l’âge adulte, particulièrement à l’approche de 28 ans. Elle exprime une prise de conscience mélancolique des changements dans les relations et les attentes de la vie. C’est un moment qu’on voit souvent charnière dans notre vie. Il y a la fin du lycée, l’entrée à la fac et 28 cette période où vous êtes adultes malgré vous. On parle parfois du syndrome Ted Mosby tant 30 ans est parfois très mal vécu. La force du narrateur est d’ici mettre en place une forme de spleen non destructeur. On se questionne sur cette époque où tout semblait plus simple, en questionnant si l’amour et les espoirs étaient authentiques ou simplement une illusion. En fait, cette chanson dévoile ce décalage entre les rêves de jeunesse et la réalité des compromis à l’âge adulte. Quoi qu’il en soit, ne soyez pas trop dur, la vie n’est pas une liste de courses !

Miss You Anyway – Un semblant de Rock dans un album qui se veut pluriel

On a beaucoup pensé à Coldplay dans la construction et la production de ce titre. Une chanson dans l’ère des ballades pop sur la rupture. Un peu comme Better Than Me du groupe Hinder ou encore le cultissime Someone Like You d’Adele.

L’émotion dominante est un mélange de mélancolie et de résignation, capturant la dualité du fait de « mieux aller » tout en ressentant un vide émotionnel.

Son intérêt est de réussir à proposer un son très entraînant et malgré tout explorer les émotions complexes après une rupture. Un peu comme la chanson Le grand jour de Cali où l’on chante la joie de voir sa copine partir, car elle n’était qu’une succession de frustration et de compromis. Ici, dans cette chanson, Aleks exprime un sentiment persistant de nostalgie et de manque, malgré la reconnaissance que la relation était vouée à l’échec dès le départ. Oui, car même si nous aimons, nous sommes parfois pris dans un sentiment ambigu et étrange entre libération et désespoir de cette fin de relation. En réalité, nous sommes surtout effrayés de ne jamais retomber amoureux, on a peur de revivre des choses en solitaire !

Les images du « chaos » et de la « désorganisation » reflètent la nature tumultueuse de la relation, comparée à une cuisine en désordre. En fait, bien que le protagoniste ait conscience que la séparation était nécessaire et qu’il est « mieux ainsi », il ne peut s’empêcher de regretter les bons moments et d’éprouver une tristesse profonde.

Une petite toile et puis s’en va Peter Parker

Cette chanson explore des émotions de regret, de solitude et de désespoir face à une relation brisée. On y exprime sa fatigue émotionnelle en admettant qu’il soit responsable, tout comme l’autre personne, des échecs répétés.

Le refrain évoque une nostalgie pour une époque où ils étaient plus heureux, malgré les erreurs. L’idée centrale est la difficulté de lâcher prise sur un amour passé, malgré les souffrances qu’il cause. La référence à Peter Parker souligne l’idée que même les plus forts, comme le célèbre super-héros, ont besoin d’aide. Cela traduit un sentiment de vulnérabilité, le narrateur se sentant dépassé par ses propres émotions, comme Peter Parker face à ses défis personnels et héroïques.

On a beaucoup pensé à la chanson It’s not Easy to be Superman. On prend l’être le plus puissant au monde, mais on montre le revers de la médaille et sa solitude. En général, les chansons prenant un super-héros permettent parler des défis, de la pression et de la solitude liés au fait d’être perçu comme fort et invulnérable. De plus, ils incarnent un modèle de vertu et de valeurs.

Five Minutes, un duo plein d’émotion en duo avec Iselin (connue pour son hit Faded avec Alan Walker)

Cette chanson exprime un profond besoin d’évasion face au tumulte et à l’anxiété du monde extérieur. On a écouté cette chanson en pensant à dernier duo de LinkinPark, Heavy. On a quelque chose de très intense dans le mélange des deux voix. Iselin apporte quelque chose d’unique et la production incluant des violons donne une dimension très mélancolique à l’ensemble de ce single.

Le protagoniste cherche un moment de répit, loin des distractions et des mauvaises nouvelles, pour se reconnecter à l’essentiel, représenté ici par la musique et les moments intimes partagés avec un être cher. La musique devient un moyen de trouver un refuge et d’oublier les bruits et les pressions de la vie quotidienne.

Please Come Home, un titre qui ne laisse personne indifférent !

Une production à la fois délicate et épurée, cette chanson s’annonce comme l’équivalent de Somewhere Only We Know du groupe Keane.

On explore des émotions profondes de solitude, de regret et de désir de réconciliation après une dispute. On est tourmenté par l’absence de l’être aimé et on désire tant rétablir la connexion pour retrouver la chaleur et la sécurité que l’autre apportait. Une maison vide, sans cette personne qui rayonne et faisait tourner la roue de la vie.

Les paroles regorgent d’images fortes comme la métaphore du feu qui brûle, mais qui finit par les laisser « froids ». Cela souligne à la fois la passion et les conséquences destructrices de leurs disputes, créant une ambiance de vide et de perte. On se sent incomplet, sans énergie et dans un quotidien absurde. Malgré les erreurs et les blessures accumulées, on reconnaît que la maison, bien qu’endommagée, est toujours « chez eux », symbolisant l’espoir d’une possible réconciliation.

Cette chanson, Someone Else est particulière, elle sort vraiment du lot. Malgré beaucoup de points positifs, on a trouvé qu’elle venait briser le rythme de l’album. Elle aurait trouvé une meilleure place en tant que seconde piste ?! Elle explore la douleur d’un amour non réciproque, teinté de désespoir. Tout en exprimant un attachement profond pour une personne instable, se perdant dans des fêtes et des regrets. L’idée centrale tourne autour de la difficulté de lâcher prise malgré la souffrance. Cette chanson est un peu comme une redite des différentes autres chansons sur la rupture. Cependant, il y a quelque chose de poignant dans la voix lorsqu’elle n’est accompagnée que du piano.

Sunset Cigarette un peu de spleen et une production captivante à la Snow Patrol

Cette chanson exprime des émotions de nostalgie, de perte et de regret. On se souvient des moments passés avec une personne chère, marqués par un éloignement progressif. La métaphore de la « sunset cigarette » reflète l’impermanence de ces souvenirs et de la relation. On a aimé cette idée un peu solaire de la cigarette du couché de soleil. Pourtant, malgré le côté très poétique, on a beaucoup de tristesse dans cette chanson marquée par la solitude et le désir d’évasion.

Hurte Me, mettre fin à l’illusion. Pour connaitre la fin de l’histoire, il faut tourner la page !

Hurte Me est la dernière chanson avant la reprise acoustique de Five Minutes. Un titre Rock, qui rappelle beaucoup Coldplay et The Killers. La chanson exprime la douleur d’une personne qui anticipe la fin inévitable d’une relation. Les émotions oscillent entre résignation, frustration et désespoir. Le refrain, répétant « Hurt me », montre une demande directe pour mettre fin à la souffrance en déclarant la vérité.

On a pensé à la chanson Tue-Moi de Cox, dans laquelle le protagoniste demande à son amour de le tuer, du moins de mettre fin à sa souffrance sans fin, pour « qu’il ne ressente plus rien ». Dans toutes chansons où l’on demande à autrui de venir nous abbattre, il y a une forme de résiliation. On désir mettre fin à une illusion, des attentes et un douleur sans fin conduisant à l’épuisement émotionnel. On veut faire face à la réalité, celle où l’on est seul, celle où l’on peut reconstruire pour de vrai quelque chose de nouveau. Comme le dit si bien Fabien Cahen sur l’avant dernière pas du livret de son album « Pour connaitre la fin de l’histoire, il faut tourner la page », Hurte Me en fait partie !

L’album Boys Get Sad Too reflète ce constat que même les garçons sont dotés d’émotions et ont le droit d’être triste. Même si les stéréotypes de genre leur imposent souvent de cacher ou de minimiser ces sentiments. Dans cet album on remet en question l’idée que les hommes doivent toujours être forts, insensibles ou stoïques. En affirmant que les garçons aussi peuvent être tristes, le titre brise le tabou autour de la vulnérabilité masculine et ouvre la voie à une discussion plus ouverte sur les émotions des hommes et l’importance d’accepter leur fragilité émotionnelle. Ne soyez pas des Super-Man car Superman est aussi un Clark avec des vulnérabilités !


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