Un amor, loin des yeux loin du cœur


Isabel Coixet dévoile l’adaptation du roman Un amor de Sara Mesa. À l’écran, Natalia est incarnée avec brio par Laia Costa. Nous suivons la fuite d’une jeune traductrice en mal-être dans la campagne espagnole. Nous découvrons la vie rurale dans un village où tout le monde se connait. Ici, le troc de biens et de services prime sur le reste. On peut tout échanger, des fruits, des légumes. Natalia va découvrir ses voisins aussi curieux qu’étranges, particulièrement les hommes, ils vont et viennent. Chacun rapportant des choses sur les autres. Une ambiance de proximité dans un petit village déconnecté du monde.

Un amor film © Arizona Distribution
Un amor film © Arizona Distribution

Natalie et les hommes

Un amor, c’est aussi l’histoire d’une relation transactionnelle entre Natalia et Andreas. La réalisatrice montre le corps de Natalia comme quelque chose sans cesse convoité par les hommes. Certains font des manières, mais d’autres n’en font pas. Comme l’Allemand, qui va proposer de payer des travaux en échange d’une nuit. Le choix de réalisation est particulier, on va montrer l’héroïne comme sidérée (elle se voit hors de son corps), puis progressivement, on voit les choses évoluer, comme si elle était dans un état dissociatif né à ce moment du film. Peut-on réduire tout à la psychologie ? La chute de cette femme va se faire lentement. Elle va passer de la jalousie et la paranoïa va naitre. Néanmoins, dans cet isolement destructeur, il y a un chien, symbolique de la résilience, mais les autres membres de la communauté ne pardonnent pas ou ne veulent pas croire au changement. Ce lieu semble figé sur lui-même, avec des codes et ses lois. Il refuse qu’on vienne apporter des modifications.

Un Amor, c’est aussi le tableau des femmes et de la sexualité dans un monde rural et hyper masculin. Les femmes sont ici représentées comme des mères ou des retraitées. Comme une aiguille dans une botte de paille, il y a cette caissière faisant tache dans ce lieu. Elle est cet opposé, d’hyper-féminité dans un monde masculin.

Un amor film © Arizona Distribution
Un amor film © Arizona Distribution

Un amor, comment passe-t-on d’une relation transactionnelle à une histoire d’amour ?

La relation entre Natalia et Andreas évolue de façon complexe. D’abord transactionnelle, cette relation se transforme peu à peu en un lien plus profond, illustrant la nature changeante des émotions humaines. L’isolement de l’héroïne dans un village rural renforce sa vulnérabilité, la rendant plus ouverte à des connexions inattendues avec Andreas.

À mesure qu’elle le découvre, sa perception d’Andreas change, passant d’un simple voisin à un partenaire potentiel. Une attirance inattendue naît entre eux, malgré les circonstances initiales peu romantiques, répondant à un besoin de connexion humaine chez elle. La dynamique de pouvoir entre eux évolue, passant d’une transaction à un partenariat plus équilibré. Le film aborde également la sexualité et l’intimité, en montrant comment les relations peuvent se redéfinir au fil du temps. La réalisatrice offre ainsi une vision nuancée et réaliste des relations humaines et de l’amour. Selon le contexte, le lieu et les circonstances, deux personnes que tout oppose peuvent finir par s’aimer.

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Note : 5 sur 5.

9 octobre 2024 en salle | 2h 09min | Drame, Romance
De Isabel Coixet | 
Par Isabel Coixet, Laura Ferrero
Avec Laia Costa, Hovik Keuchkerian, Luis Bermejo

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