Un film touchant sur la santé mentale, la famille et aussi la recherche d’un lieu qui serait à soi. Écrit avec subtilité, on apprécie ces différentes répliques montrant quelqu’un ayant peur de mourir qui développe un trouble obsessionnel de recherche de caméra et micro, car si on la surveille cela la sécuriserait ! L’ensemble est un moment de douceur, d’oubli du présent où ces gens sortant du normal, sont parfois ceux qui voient les choses sous le meilleur angle qu’il puisse être !

Un regard bienveillant sur les personnes hors normes !
C’est en effet un film qui aborde avec finesse et sensibilité des thèmes profonds comme la santé mentale, les relations familiales et la quête d’identité. Sophie Fillières réussit à traiter ces sujets délicats avec un mélange subtil d’humour et d’émotion. Le personnage de Barberie, magnifiquement interprété par Agnès Jaoui, nous touche par sa fragilité et sa quête existentielle. Ses troubles obsessionnels, notamment sa recherche compulsive de caméras et de micros, sont dépeints avec justesse, illustrant de manière poignante son besoin de se sentir en sécurité dans un monde qui lui échappe. Ce qui est drôle et pris à contre-pied, c’est qu’habituellement, les personnes ont peur d’être sur écoute, ici, elle est rassurée, elle se dit que rien ne peut lui arriver !
Le film brille également par sa capacité à montrer la beauté et la sagesse qui peuvent émerger de ceux que la société considère comme « hors norme ». À travers le regard décalé de l’héroïne et des personnages qui l’entourent, le spectateur est invité à reconsidérer sa perception du monde et à apprécier la richesse des perspectives alternatives. Ce roadmovie existentiel nous rappelle avec douceur que la normalité est un concept relatif, et que ceux qui s’en écartent ont souvent une vision unique et précieuse de la vie.
Ma vie ma gueule s’impose ainsi comme un moment de cinéma touchant et réflexif, offrant un espace de respiration et de contemplation dans notre quotidien souvent trop formaté.
La vie de famille et les pathologies psychiques
Dans ce film, Sophie Fillières offre un regard à la fois tendre et incisif sur la vie de famille confrontée aux troubles mentaux. À travers le personnage de Barberie Bichette, la réalisatrice explore les défis quotidiens et les moments de grâce d’une femme luttant contre ses démons intérieurs. Le film dépeint avec justesse les répercussions de la maladie sur l’entourage, notamment les enfants, oscillant entre incompréhension, frustration et amour inconditionnel.
Et de deux !
Cette thématique fait écho au film La vie de ma mère de Julien Carpentier, où Agnès Jaoui incarne également une mère aux prises avec des troubles psychiques. Dans les deux œuvres, l’actrice livre une performance nuancée, capturant la complexité émotionnelle de ces femmes fragiles, mais résilientes. La réalisatrice, comme Julien Carpentier, parvient à équilibrer humour et gravité, offrant un portrait touchant et authentique des dynamiques familiales face à la maladie mentale, tout en célébrant la force des liens qui unissent les êtres malgré les épreuves. Ces deux films rappellent combien quand une personne est malade, c’est tout le quotidien de la famille qui tourne autour de cela.
Le clap de fin le plus authentique
Ma vie ma gueule, occupe une place spéciale dans la carrière de Sophie Fillières, étant son dernier film, réalisé peu avant sa disparition en 2023. Il se présente comme un autoportrait à peine dissimulé, est profondément intime et personnel. Abordant des thèmes récurrents dans l’œuvre de la réalisatrice, tels que la crise existentielle et l’autodérision, tout en reflétant son style unique, mêlant avec subtilité comédie et drame. Achevé après sa mort par ses enfants, conformément à ses dernières volontés, ce film est un hommage à la sensibilité et au talent singulier de la réalisatrice.
Quinzaine des cinéastes / Cannes 2024 • Coup de cœur des auteurs de la SACD
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18 septembre 2024 en salle | 1h 39min | Comédie dramatique
De Sophie Fillières |
Par Sophie Fillières
Avec Agnès Jaoui, Angelina Woreth, Édouard Sulpice
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Une réflexion sur “Ma vie Ma gueule, on a tous quelqu’un voyant la vie autrement !”