Gaumont nous livre une belle production du cinéma belge à mi-chemin entre le thriller et le film d’action, on passe un agréable moment. Réalisé par Michiel Blanchart, avec Jonathan Feltre, Romain Duris, Nathacha Krief, et Jonas Bloquet, La nuit se traîne s’ancre dans une réalité sombre et intense.

Un film où l’on n’a pas le temps de respirer !

L’histoire se déroule dans le cadre des émeutes ayant touché la capitale en 2020, suite à la mort d’une personne de couleur durant un contrôle de police. La peur de la police et l’insécurité sont au cœur de l’action, rendant les rues, les commissariats aussi dangereux que les planques des criminels. Le Bruxelles sombre, drogue, alcool et prostitution y sont omniprésents, ajoutant une couche supplémentaire de danger et de désespoir à ce décor urbain en décomposition.

Le pitch ressemble à une histoire hitchcockienne avec un héros se retrouvant pourchassé par des personnes qui lui en veulent. Son seul crime, avoir été là au mauvais endroit et au mauvais moment. Un peu comme dans Le Fugitif (Andrew Davis) ou La Mort aux trousses, on a un homme œuvrant pour sa survie. Ce soir-là, Mady, étudiant le jour et serrurier la nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d’une affaire de grand banditisme. Il n’a qu’une nuit pour se tirer d’affaires et retrouver la trace de Claire, celle qui a trahi sa confiance.

Le Bruxelles sombre drogue, alcool et prostitution. Le compte à rebours est lancé…

Perdu au cœur d’une longue nuit qui se traîne, les pulsions de survie vont pousser Mady à aller au-delà de ses capacités, mais cela change-t-il sa vraie personnalité ? Le réalisateur crée une ville dans la ville et laisse entrevoir dans la noirceur poisseuse de la nuit la brume opaque de la révolte. Les visages fatigués de ceux et celles qui évitent les rayons de soleil pour mieux se détacher de la banalité de la société disparaissent derrière les coups de bâtons.

Des scènes d’action explosive !

Question surprise, il y en a, comme quand le héros s’échappe. La séquence dans le métro est magnifiquement orchestrée, avec des mouvements de caméra synchronisés parfaitement. C’est fluide et dynamique.

On notera également la qualité des différentes cascades et aussi des scènes de voitures. Sur le plan réaliste, c’est étrange de voir une capitale se vider entre deux séquences, mais on va dire que pour les besoins pratiques, cela facilite le travail. Elles sont soignées et bien réalisées, ce qui donne encore plus de réalisme à ces moments d’action.

Jonathan Feltre, dans le rôle du serrurier, est captivant, sidérant de puissance. Il nous offre une performance titanesque, totalement imprégné de son personnage. Quel régal de vivre cette folle aventure en sa compagnie ! Sa justesse magnifique fait de lui l’acteur qui vole la vedette à Romain Duris.

Un premier long-métrage extrêmement prometteur autant par sa mise en scène solide que par l’histoire elle-même. Le choix du casting, le travail de la photographie, tout, absolument tout dans cette œuvre, prouve la volonté de toute une équipe d’offrir une expérience cinéma immersive au spectateur. L’ensemble est parfaitement équilibré, pour un résultat très réussi et audacieux pour un premier film. Le tout avec de bons acteurs comme ceux déjà cités ou encore Jonas Bloquet connu pour son rôle de frenchy dans La nonne

Chanson du film La nuit se traine interprétée par Petula Clark

Dans le film, le titre fait référence à une musique intradiégétique de Petula Clark, La Nuit n’en finit plus. Cette chanson trouve un réel écho avec le personnage du serrurier de nuit, errant de sa voiture à ce dépanneur* vendant des samoussas bon marché. (*terme québécois qui désigne ces petites épiceries ouvertes tard dans la nuit, ndlr).

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28 août 2024 en salle | 1h 31min | Action, Thriller
De Michiel Blanchart | 
Par Michiel Blanchart
Avec Jonathan Feltre, Natacha Krief, Jonas Bloquet