Morgan Simon dévoile un film intense et touchant sur la vie de ces mères courages. Celles qui donnent toujours tout, se privent et oublient un peu de rêver et de vivre leur vie. Ce film est né de la volonté de rendre hommage aux mères, mais aussi traiter du regard des enfants qui une fois adultes voient leurs parents différemment.

Une mère courage dans une société de consommation
Sur un fond de drame social, se profile une critique de comment la société de consommation nous incite constamment à vouloir davantage. Certains cherchent à offrir le meilleur à leur enfant, mais c’est là que les complications commencent. On y révèle la réalité de ces invisibles devant prendre deux RER D pour se rendre à Paris. Dévoilant ainsi que les difficultés à trouver un emploi en venant de banlieue, où le lieu de résidence peut entraîner des discriminations à l’embauche.
Le bonheur et les besoins
Le film arrive à mettre en application la pyramide des besoins selon Maslow. On a une mère qui vit seule avec son fils et qui voudrait reconstruire une relation avec lui. Mais les besoins de ce dernier ne collent plus à ce que sa mère lui offre. Il vit avec une certaine amertume la descente aux enfers, la perte de moyens. Quitter la résidence pavillonnaire pour aller dans un hlm, ne plus inviter personne, ne plus voir personne et l’isolement familial.
Dans ce film, on prend l’hypothèse qu’on peut trouver le bonheur indépendamment de la sécurité financière. Selon Maslow, on pourrait classer les besoins humains en cinq niveaux : besoins physiologiques (nourriture, eau), sécurité (abri, stabilité), appartenance (relations, amour), estime (reconnaissance, respect) et réalisation de soi (accomplissement personnel). Les besoins inférieurs doivent être satisfaits avant d’atteindre les niveaux supérieurs.
Par ce paradoxe, on peut comprendre autre chose de cette leçon de vie : le bonheur n’est pas une question d’argent, mais de la capacité à rebondir. Au cœur de cette quête du bonheur, il y a la question du dialogue entre les différents fantômes qui se croisent, où l’un devient la menace de l’autre et vis-versa. Les jeunes craignent ces personnes qui les ignorent et ces derniers vivent le même sentiment de crainte. Avant d’aller vers le vote de sanction contre la jeunesse des cités, il serait bon d’apprendre à communiquer et d’échanger. En réalité, la peur est la principale barrière à notre bonheur. On a peur du regard des autres, on a peur d’être jugé et on évite d’entreprendre les choses de peur de rater ou de se briser en passant au travers d’une illusion.
La relation mère-fils et comment se réinventer à 50 ans.
Les thèmes du film abordent principalement la relation mère-fils, avec un focus particulier sur la figure maternelle, qui devient le centre de l’intrigue. Le réalisateur arrive à mettre en image la complexité de prendre conscience des difficultés et des épreuves de nos parents. Rien ne peut changer sans cette prise de conscience sur leur parcours. Le réalisateur explique en interview que ce processus intime lui a permis d’interroger la société à travers le prisme de l’histoire de sa propre mère. Le film met en lumière des thèmes sociaux importants, tels que le déclassement et les difficultés économiques, en les liant à des aspects profondément personnels comme l’amour maternel et le sacrifice.
Les femmes matures sont souvent présentées à l’écran à travers des figures maternelles, des rôles profondément humains et complexes, illustrant leur capacité à se réinventer malgré les difficultés. Les récits cinématographiques les dépeignent comme des figures de résilience, confrontées à des défis sociaux et personnels, tout en mettant en lumière leur force, leur vulnérabilité et leur quête de renouveau. Ces personnages sont généralement entourés d’un mélange d’amour, de sacrifice, et de défis, révélant une nouvelle dimension de leur identité. À travers ces portraits, le cinéma explore les nuances de la féminité à un âge où l’on se redécouvre et où de nouvelles possibilités émergent. Ici, il faut surtout se rappeler qu’une mère est avant tout une femme. Elle a le droit de reconstruire sa vie, de vivre de nouvelles expériences.

Une mère, mais une femme aussi
À travers le portrait de Nicole, on explore la possibilité de se réinventer après 50 ans, de redécouvrir qui l’on est, même après des années de lutte et d’adversité. La mise en scène renforce ce thème de renaissance, en utilisant des contrastes visuels entre les espaces intérieurs colorés et l’environnement extérieur plus morne, reflétant le renouveau personnel du personnage central.
Après la pluie vient le beau temps, il faudra beaucoup d’épreuve à Nicole pour enfin vivre sa vie. Sa relation avec son environnement et sa rencontre avec d’autres personnages, comme celui interprété par Lubna Azabal, soulignent la sororité et la possibilité de trouver de la lumière même dans les moments les plus sombres. L’ensemble du film s’articule autour d’une dynamique émotionnelle forte, entre humour et gravité, ancrée dans une réalité sociale difficile, mais traitée avec une touche d’espoir et de magie.
Un film touchant et authentique
Valeria Bruni Tedeschi et Félix Lefebvre forment un duo à l’écran d’une grande authenticité. Leur alchimie et leur jeu sensible rendent leurs personnages profondément émouvants. Ils incarnent avec justesse les nuances de leurs rôles, capturant à la fois les moments de fragilité et de force, ce qui les rend touchants et terriblement vrais. Félix est l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération, il nous avait marqué dans Eté 85 par son jeu bouleversant.
Quant à la musique, il y a cette chanson Paroles, Paroles, qui illustre si bien cette recherche de bonheur au milieu de la tempête de nos milliers de vies.
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4 septembre 2024 en salle | 1h 37min | Comédie dramatique
De Morgan Simon |
Par Morgan Simon
Avec Valeria Bruni Tedeschi, Félix Lefebvre, Lubna Azabal
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Une réflexion sur “Une vie rêvée – ou comment être une femme heureuse après 52 ans”