Toubib, 12 ans d’étude et une vie d’apprentissage


« Toubib », réalisé par Antoine Page, raconte une histoire profondément humaine et touchante. Le film suit le parcours d’Angel Page, le frère du réalisateur, à travers douze années d’études médicales et de formation intensive. Ce long voyage commence à 18 ans, lorsque Angel décide de devenir médecin, un choix qui puise ses racines dans la volonté de faire un peu comme son père. Progressivement, on comprend qu’inconsciemment ce jeune étudiant est motivé par le désir de rendre hommage à un père décédé lorsqu’il n’avait que 11 ans.

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Toubib ou comment devenir un bon médecin

Le film capture avec une rare authenticité les défis écrasants et les moments de doute auxquels Angel est confronté. Dès la première année, marquée par le concours classant, Angel doit apprendre à surpasser ses pairs dans une compétition impitoyable. Le parcours ne s’arrête pas là : chaque étape, des examens marathon aux stages en hôpital, révèle une réalité souvent brutale qui pousse Angel à se questionner sur lui-même et sur le médecin qu’il souhaite devenir. Petit à petit, il apprend à ne plus avoir peur, ne plus être tétanisé par une prise de sang ratée. Conscient de ses capacités, il voit les déserts médicaux comme quelque chose à combler, mais non comme une obligation, mais un défi de créer une médecine de proximité différente.

Et la proximité, il n’en a pas peur, très tôt dans ses études, il fait le choix de devenir médecin généraliste pour être au contact de ces personnes, ces vies. À travers cette immersion, on découvre l’évolution d’Angel, qui passe d’un étudiant pressé par la compétition à un jeune médecin animé par des idéaux de justice sociale.

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Au-delà de la technique et des connaissances, Angel forge une vision humaniste de la médecine, influencée par ses expériences de vie et le souvenir de son père. Et peut-être aussi par son année Erasmus à Sofia ou encore cette année en Suisse en tant que Berger. Il veut devenir un médecin nomade, un médecin de proximité.
En choisissant la médecine générale, il incarne une vocation profondément altruiste, visant à reconnecter le soin avec l’humain dans toute sa complexité. Ce médecin considéré comme un non spécialiste est pourtant celui qui est au plus près des patients, celui qui écoute, celui qui doit savoir comprendre les besoins et éviter le pire. Ici, représenté comme le poids de l’incertitude. Il doit rassurer et assurer en gardant la confiance du patient.

En France, nous sommes une médecine technique, mais il manque cruellement d’investissement social. C’est-à-dire que beaucoup de personnes dans le besoin s’exposent à des lourdes pathologies car elles vivent de manière non équilibrée. Le manque de moyen les exposes au fast-food ou à toujours attendre avant de consulter. Étrangement, en tant que médecin de terrain, il va progressivement prendre une position politique dans sa manière de voir son métier. « Toubib » est ainsi un voyage intime et universel, un miroir de notre rapport à la vie et à la mort.

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Note : 5 sur 5.

28 août 2024 en salle | 1h 53min | Documentaire
De Antoine Page | 
Par Antoine Page
Avec Angel Page

Comment devient-on médecin en France, par quel cursus ?

Beaucoup de techniciens et universitaires espèrent changer la machine à broyer de l’accès aux études de médecines. La formation débute par six années d’études théoriques et pratiques, avec une première année très sélective marquée par le concours de la PACES (Première Année Commune aux Études de Santé : Médecine, Pharmacie, Dentaire etc…), maintenant remplacé par le PARCOURSUP Médecine (PCM). Après avoir réussi ce concours, les étudiants poursuivent leur cursus avec des stages et des enseignements cliniques. Ensuite, l’Examen Classant National (ECN) détermine l’accès à l’internat, une spécialisation de trois à cinq ans. La formation se termine par la soutenance d’une thèse de doctorat en médecine. Après l’obtention de leur doctorat et avoir prêté serment, Certains médecins vont pousser jusqu’à la Thèse de science, prenant l’aspect d’une thèse avec une recherche approfondie et moins orientée sur l’aspect pratique-théorique. Ainsi, leur ouvrant la voie à une carrière académique, de recherche ou à des postes de leadership dans le domaine médical.

Et le modèle américain ?

Toubib’ rappelle aussi ce besoin d’avoir des médecins altruistes, au lieu de petits robots ayant parfaitement appris une leçon. Le modèle américain de formation médicale valorise fortement le bénévolat et l’implication humanitaire, en les intégrant dans les critères de sélection des futurs médecins. Contrairement à la France, où la sélection repose principalement sur des concours académiques dès la première année, les États-Unis privilégient une approche plus holistique. Après avoir obtenu un diplôme de premier cycle, les étudiants sont évalués non seulement sur leurs résultats académiques, mais aussi sur leur engagement communautaire et leurs expériences de bénévolat. Cette approche reflète une vision du métier de médecin qui va au-delà des compétences techniques, en mettant l’accent sur les qualités humaines et la vocation sociale. Cela permet de former des médecins non seulement compétents, mais également empathiques et engagés, capables de comprendre et de répondre aux besoins diversifiés des communautés qu’ils serviront. En valorisant l’engagement humanitaire, le modèle américain cherche à forger des professionnels de santé à la fois compétents et profondément connectés à leur rôle social.


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